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Sophie Pétronin : le déni de soi

Plus fort que le syndrome de Stockholm .Depuis son rapatriement en France, la désormais dernière ex-otage française se languit du Mali. Et si Sophie Pétronin était vouée à rester une captive ? Retour sur l’histoire d’une aliénation. 

 

« Une humanitaire portée par la foi » : sous ce titre on a pu lire une évocation du parcours de Sophie Pétronin. On peut se demander ce que recouvrent dans ce cas le mot humanitaire et le mot foi. Ils désignent bien les deux pôles d’une existence que l’on a vue, non sans surprise, apparaître et prendre corps, après des années de détention, sous la figure d’une vieille dame heureuse de l’expérience vécue : on avait pris soin d’elle, elle avait toujours été respectée… Qui plus est, son internement, elle l’avait vécu comme une « retraite spirituelle » la conduisant à se convertir à l’islam, à porter le voile et à demander qu’on l’appelle désormais Mariam.

Du catholicisme à l’islam

Médecin nutritionniste, Sophie Pétronin a pris en charge depuis vingt ans des enfants mal nourris de Gao. Sa passion pour le Mali l’a aussi conduite à adopter et à héberger chez elle plusieurs petites filles. Mais le rêve à la fois exotique et fusionnel qui l’inspire a buté sur les conflits et entreprises de domination déchirant son pays d’élection : des islamistes en quête de rançon l’ont enlevée. En 2012 elle leur a échappé, en 2016 ils se sont emparés d’elle et l’ont gardée. Ce qu’elle a subi aurait pu la conduire à reconnaître que, malgré ses efforts, elle n’était pas vraiment intégrée, encore moins assimilée, au peuple auquel elle se vouait. Elle a refusé ce réalisme désillusionné, choisissant de se conduire comme si entre ses ravisseurs et elle, il n’y avait qu’un malentendu : ils l’avaient considérée comme une étrangère, ce qu’elle ne voulait pas être. S’ils ne l’avaient pas crue, c’est qu’elle n’en avait pas fait assez pour les persuader de sa bonne volonté. Elle a donc entrepris de la leur montrer, reconnaissant l’échec antérieur, se l’imputant à elle-même et prenant appui sur cette « reconnaissance d’échec » pour relancer sa transformation. Cette relance, qu’elle a présentée comme une démarche spirituelle, l’a conduite à se convertir, à changer de nom, à oublier la catholique pratiquante qui était arrivée au Mali et qu’elle était restée jusqu’à son enlèvement.

La logique de l’humanitarisme poussée à son extrémité

De l’extérieur, on peut estimer qu’elle a simplement cédé à une menace de mort plus ou moins directe. « Retraite spirituelle » suggère tout autre chose : un approfondissement, et non une rupture,

Source : Causeur.fr
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