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Sonko : L’homme qui fait trembler Macky

Depuis un certain temps le Sénégal traverse une crise politique sans précédent. De l’affaire dite de « viols et menaces de mort », en passant par celle pour « diffamation » et « injures publiques et faux et usage de faux », décidément l’opposant farouche, Ousmane Sonko, semble être un homme qui dérange le pouvoir en place. Qui est cet homme qui menace le fauteuil présidentiel de Macky Sall ? 

Âgé de 48 ans, ancien député à l’Assemblée nationale du Sénégal de 2017 à 2022 et actuel maire de Ziguinchor (sud du pays), Sonko a officiellement créé son parti politique, Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF) en 2014 alors qu’il était toujours fonctionnaire. Mais, c’est sa radiation, en 2016, qui a contribué à le propulser sur la scène politique.

En 2017, le président du parti PASTEF prend part aux élections législatives et il est élu député à l’Assemblée nationale à Dakar.

Deux ans plus tard, en 2019, il présente sa candidature à la magistrature suprême où il arrive à la troisième place avec 15,76 % de voix. Ousmane Sonko est devancé par Macky Sall, le président sortant qui est réélu pour un second mandat.

En janvier 2022, le président du PASTEF est élu maire de Ziguinchor, ville située au Sud du Sénégal.

Pour financer les activités de son parti, M. Sonko opte pour le financement participatif. Sa dernière campagne de levée de fonds lancée mi-janvier, a mobilisé plus de 300 millions de francs CFA en 24 h, une première pour un parti politique au Sénégal.

Depuis, il demeure un farouche opposant au pouvoir en place. Aussi, Sonko s’est façonné une image d’homme incorruptible. Connu pour ses prises de position souverainiste, panafricaniste et social, attaque les élites et la corruption. Surtout, il s’en prend à l’emprise économique et politique exercée selon lui par la France, ancienne puissance coloniale. « Nous n’avons rien contre la France, ni aucun autre pays. Nous avons un discours qui peut gêner parce que c’est un discours qui appelle à une rupture dans les relations. Il y a des traditions séculaires entre le Sénégal et la France mais ces traditions sont assises également sur des relations qui ne sont pas totalement roses pour le Sénégal. Nous sommes au XXIè siècle, le monde est en train de changer », déclare-t-il en janvier dernier.

Précision : Ousmane Sonko a commencé sa carrière comme inspecteur principal des impôts et des domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il était auditeur interne à la Direction du contrôle interne (DCI) et de la Direction générale des impôts et domaines (DGID), chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la DGID.

Trois ans après son entrée dans l’administration, il crée le Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (SAID), dont il est le premier secrétaire général d’avril 2005 à juin 2012, avant de devenir secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2016. À cette période, il commence à critiquer le gouvernement et accuse l’État d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause le président Macky Sall. À la suite de cela, il est radié par le décret n°2016-1239 de l’Inspection générale des impôts et domaines en août 2016 pour manquement au devoir de réserve. Cet épisode, largement relayé par la presse sénégalaise, permet de révéler Ousmane Sonko au grand public.

 

 

Un Sonko qui dérange le pouvoir

Depuis mars 2021, l’homme politique est inculpé pour viols et menaces de mort, à la suite d’une plainte d’une employée d’un salon de massage, Adji Raby Sarr. Il réfute toute accusation de viol et crie au complot.

L’opposant se dit « victime » d’une tentative de liquidation politique, organisée par le régime en place, pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024.

Mais des membres du parti au pouvoir rejettent catégoriquement cette accusation.

L’affaire dite «Adji Sarr-Sonko» lui a valu la levée de son immunité parlementaire pour les besoins de l’enquête.

Convoqué et sur le chemin du tribunal son convoi est bloqué par les forces de l’ordre. Son arrestation et son placement sous garde à vue, a d’ailleurs déclenché plusieurs jours d’émeutes meurtrières, de pillages et de destructions et saccages de plusieurs enseignes françaises, ainsi que plus d’une dizaine de victimes. Ousmane Sonko est relâché par la suite, puis mis sous contrôle judiciaire…

L’épilogue de cette affaire pourra être connu cette semaine, avec l’ouverture du procès le mardi dernier, tenu en absence de Sonko, où la présumée victime a été entendue par les juges…

Et de son côté, Ousmane Sonko (candidat à l’élection présidentielle) et menacé d’inéligibilité, a annoncé, le mercredi 24 mai dernier, son prochain retour à Dakar à la tête d’un convoi populaire à travers le pays. « Je vous donne rendez-vous à Dakar, soit [le président] Macky Sall recule, soit on lui fera face pour en finir. Le combat final, ça se passera où ? Ça se passera à Dakar », a-t-il déclaré. « Si vous êtes 2 000, que 1 500 rallient Dakar pour continuer le combat », lança-t-il à l’adresse des Sénégalais.

Une autre affaire judicaire oppose l’homme politique à Mame Mbaye Niang, ministre sénégalais du Tourisme, qui a porté plainte contre M. Sonko pour diffamation.

En effet, Ousmane Sonko avait déclaré au cours d’une conférence de presse que l’ex-ministre de la Jeunesse et de l’emploi a été épinglé par un rapport de l’IGE (l’Inspection générale d’Etat) pour détournement de fonds dans l’affaire dites des 29 milliards de Francs CFA du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC).

Un rapport dont le ministre de tutelle conteste l’existence.

Entre temps, M. Sonko est revenu sur ses propos en précisant que le rapport dont il est question est issu de l’inspection Générale des Finances (IGF) plutôt que de l’Inspection Générale d’État (IGE).

Deux autres motifs d’inculpation se sont ajoutés à celle de la diffamation par le parquet : injures publiques et faux et usage de faux.

Après plusieurs renvois, le verdict est tombé, le 30 mars 2023, en l’absence du prévenu.

Ousmane Sonko est condamné en première instance à 2 mois de prison avec sursis et 200 millions FCFA de dommages et intérêts à payer à Mame Mbaye Niang.

Le juge l’a relaxé pour les délits de faux et usage de faux, ainsi que d’injures publiques.

Cette peine est infirmée en appel et Ousmane Sonko est de nouveau condamné à six mois de prison avec sursis et 200 millions FCFA de dommages et intérêts.

Suite à cela le  parquet et le ministre Mame Mbaye Niang ont annoncé leur décision de faire appel.

Si ce verdict est maintenu, il pourrait rendre le principal opposant inéligible à la prochaine élection présidentielle prévue en février 2024 à laquelle il a déjà annoncé sa candidature.

Ces différentes fortes tensions interviennent dans le contexte de la succession du président Macky Sall, élu, en 2012, pour 7 ans, puis pour un second mandat de 5 ans en 2019. Pour le moment, l’article 27 de la Constitution l’écarte normalement d’un troisième mandat. Mais, le président Macky laisse jusqu’à présent planer le doute : « Je traiterai ce débat en temps voulu, mais je ne poserai jamais un acte qui soit antidémocratique ou anticonstitutionnel », laissait-il entendre, en décembre 2021.

Enfin, il faut préciser que Ousmane Sonko se veut l’incarnation d’une alternance générationnelle de la classe politique sénégalaise et nouveau modèle d’homme politique.

Mohamed Sylla

Source : L’Aube

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