Dans une décision d’importance stratégique pour la résilience économique du Mali, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé, le mercredi 16 avril 2025, un décaissement immédiat de 129 millions de dollars américains, soit environ 74,44 milliards de francs CFA, au titre du guichet « choc exogène » de la Facilité de Crédit Rapide (FCR).
Bamada.net-Cette approbation intervient à un moment critique pour l’économie malienne, sévèrement ébranlée par une série de chocs successifs : des inondations exceptionnelles, une insécurité persistante, des restrictions financières croissantes, ainsi qu’un climat international de plus en plus incertain. Ce financement constitue un appui d’urgence pour répondre aux besoins immédiats liés à la balance des paiements, notamment l’importation de biens essentiels et la reconstruction des infrastructures affectées.
Une économie sous pression : le poids cumulé des crises
Le Mali traverse actuellement une conjoncture économique et humanitaire particulièrement difficile. L’hivernage 2024, marqué par des inondations sans précédent – comparables à un événement centennal selon les experts – a engendré des dégâts massifs sur les infrastructures, détruit des cultures vivrières, affecté la fourniture d’électricité et perturbé les services publics. À cela s’ajoute la montée de l’insécurité alimentaire, alimentée par des déplacements internes croissants et une baisse de la production agricole.
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Dans ce contexte tendu, le financement accordé par le FMI représente plus qu’un simple soutien financier : il s’agit d’un véritable levier pour stabiliser l’économie nationale et renforcer la protection sociale.
Un programme de référence pour guider les réformes
Ce décaissement est accompagné d’un programme de référence d’une durée de 11 mois, négocié entre les autorités maliennes et les services du FMI. Ce programme vise à :
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Renforcer la gouvernance et la transparence budgétaire ;
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Améliorer la gestion des finances publiques ;
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Protéger les couches vulnérables de la population, notamment via un renforcement des mécanismes de protection sociale ;
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Stabiliser le cadre macroéconomique pour restaurer la confiance des partenaires techniques et financiers.
Le gouvernement de la Transition s’est engagé à réduire les arriérés intérieurs et extérieurs, améliorer la rentabilité des entreprises publiques – notamment Énergie du Mali (EDM-SA) – et accroître les recettes fiscales via une réforme de l’administration des impôts et des douanes.
Une gouvernance renforcée, une souveraineté préservée
Dans une déclaration faite à l’issue de l’approbation, M. Kenji Okamura, Directeur général adjoint du FMI, a salué les efforts des autorités maliennes face aux multiples défis : « Le Mali a subi plusieurs chocs économiques en 2024. L’aggravation des risques sécuritaires, les coupures d’électricité, la baisse des recettes d’exportation et les inondations extrêmes ont pesé lourdement sur la croissance. Ce financement d’urgence aidera à couvrir les besoins les plus urgents tout en soutenant un programme de réformes cohérent. »
Le gouvernement malien, par la voix de son Premier ministre, a toutefois rappelé l’importance du respect de la souveraineté nationale dans la conduite des réformes, en insistant sur l’appropriation locale des politiques économiques.
La Banque mondiale également au rendez-vous
Parallèlement à l’appui du FMI, la Banque mondiale a réitéré son engagement auprès du Mali. Au 31 mars 2025, le portefeuille actif de l’institution s’élève à 1,796 milliard de dollars, répartis sur 19 projets structurants dans les domaines des infrastructures, de la santé, de l’éducation, de la gouvernance et du développement rural.
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Lors d’une rencontre récente entre le Directeur Général de la Banque mondiale, Wencai Zhang, et le Premier ministre malien, il a été question de renforcer le partenariat stratégique, notamment à travers la reprogrammation du projet routier Sévaré-Gao et la reprise de l’appui budgétaire général. Une démarche conditionnée par la mise en œuvre effective des réformes prioritaires, notamment en matière de gouvernance et de redevabilité.
Des attentes fortes, une responsabilité partagée
Si ce soutien massif des institutions financières internationales constitue un signal positif, la balle est désormais dans le camp du gouvernement malien. La réussite du programme repose sur une application rigoureuse des engagements pris, une lutte sans relâche contre la corruption, et une communication transparente vis-à-vis des citoyens.
Les organisations de la société civile et les acteurs politiques suivent de près l’évolution de la situation. Beaucoup appellent à la création d’un mécanisme indépendant de suivi de l’utilisation des fonds issus de la FCR, afin d’éviter les erreurs du passé et d’assurer que chaque franc serve effectivement les priorités de développement.
Conclusion : entre crise et espoir
Le soutien du FMI, conjugué à l’engagement renouvelé de la Banque mondiale, offre au Mali une opportunité rare de reconstruire sur des bases plus solides. La résilience de l’économie malienne dépendra cependant de la capacité du pays à transformer cette aide en actions concrètes et durables.
Dans un contexte régional marqué par de multiples défis, le Mali doit plus que jamais faire preuve de leadership, de transparence et de détermination pour garantir un avenir meilleur à ses citoyens.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net