L’enracinement de la corruption de grande envergure a, en clair, des implications particulièrement pernicieuses sur le taux exponentiel de la délinquance juvénile. Et pour cause, le phénomène découle de moult facteurs parmi lesquels l’exode rural des jeunes campagnards, elle-même causée en grande partie par la gestion catastrophique d’un secteur agricole assez affecté par la corruption pour entraîner la jeunesse rurale dans la délinquance des grandes agglomérations urbaines. On peut citer également l’amer désenchantement qu’offre le système corrompu de l’éducation nationale, singulièrement aux élèves-étudiants provenant de la basse extraction sociale – et qui génère des frustrations muettes faisant de l’espace estudiantin le nid d’une délinquance scolaire inouïe. Le scandaleux népotisme qui règne sur le secteur de l’emploi n’est pas en reste, avec la transformation des concours de la fonction publique en honteux théâtres où les méritants moins nantis embrassent l’échec en cultivant la délinquance idéologique. Et que dire des pots de vin et autres petits arrangements judiciaires – malheureusement inhérents au fonctionnement convulsif et frustrant du monde judiciaire malien – qui font de l’univers carcéral une école de radicalisation pour des jeunes victimaires d’une société devenue trop inégalitaire.
Somme toute, nul besoin d’être exhaustif sur les implications juvéniles de la grande corruption au Mali pour prouver la nécessité impérieuse pour les pouvoirs publics d’accorder à chaque citoyen malien son droit de naitre et de vivre dans une société plus juste faite de probité, d’équité et d’égalité. Faute de quoi, la corruption à ciel ouvert fera davantage plus de frustrés dans tous les secteurs d’activité, en dépit des efforts déployés pour la vaincre.
Seydou Diakité
Source : Le Témoin