Alors que beaucoup pensent que le pays est à la croisée des chemins et qu’il fait face à un péril dont la résolution rendra meilleure la situation globale, il est plus que probable qu’il ne s’agit là que d’une énième mise en scène orchestrée en coulisses par des hommes et des femmes motivés par des intérêts sordides. Aujourd’hui encore, l’histoire semble se répéter ; la monotonie règne. Depuis plus de trente ans, les ingrédients sont les mêmes : consensualisme à outrance, gabegie à ciel ouvert, impunité en religion….
Sauf rebondissement, se tiendra aujourd’hui un autre rassemblement du front anti-IBK, nommé M5 RFP. Un front qui entend résoudre la difficile situation du pays en un changement radical des tenants du pouvoir. Sauf que, de part et d’autres, « tenants du pouvoir » et anti-IBK, sont pour beaucoup les mêmes oiseaux d’un même plumage. Au gré des intérêts, et ce depuis l’avènement de la démocratie, ce sont les mêmes acteurs qui animent la scène politique. Pour les nommer, il s’agit de ceux qui sont considérés comme les principaux acteurs du mouvement démocratique. Beaucoup d’entre eux ont occupé différents portefeuilles ministériels, d’AOK à IBK. Et le constat rapide que l’on peut dresser, c’est que leur combat pour la démocratie est plus proche d’être un échec qu’une réussite. Pour résumer la situation en quelques mots, le Mali a jouit d’une démocratie de toutes les libertés individuelles, bien souvent dans l’excès, et a superbement méprisé la démocratie de la Loi et de la concorde privilégiant la justice sociale.
Sur le plan de l’exercice démocratique, après le coup d’Etat du 22 mars 2012, les nouvelles autorités auraient voulu appliquer la démocratie dans les règles de l’art. D’où le bannissement de la démocratie consensuelle, si souvent louangée par le président ATT, et la prise du chemin d’une démocratie où chacun défendra son idéologie politique, bec et ongle. Le statut de chef de file de l’opposition fut créé à cet effet, et durant plusieurs mois, le paysage politique malien semblait avoir enfin pris la démocratie à sa sauce, avec TiébiléDramé comme le véritable numéro 10 de l’opposition malienne.
Une fois le premier mandat d’IBK terminé, le même opposant en or, se retrouva dans le gouvernement, comme ministre en charge des Affaires Etrangères. Sous d’autres cieux, un tel acte, serait qualifié de sacrilège politique. Dans le sens inverse, d’autres qui étaient dans le gouvernement se retrouve dans une pseudo-opposition. Me MountagaTallet ChoguelKokallaMaiga, entre autres. Et voilà que, avec la crise politique actuelle, le concept de gouvernement d’union nationale resurgit. Le président IBK voudrait d’une telle solution pour apaiser le mercure social. Un partage de gâteau qui ressemble fort à la démocratie consensuel sous ATT. De plus, l’on parle aussi de Premier ministre de pleins pouvoirs. Ce qui rappelle un épisode peu glorieux de la transition de 2012.
En somme, la situation globale du pays ne semble guère s’améliorer. Certains prônent un changement radical de génération au sein de ce que l’on peut qualifier d’élite gouvernante du pays et placer la jeunesse en lieu et place. Cependant, peu importe, la tranche d’âge des Maliens qui prendront les rênes du pouvoir, l’essentiel est qu’ils soient motivés par l’amour de la patrie et doter de la matière grise nécessaire.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosept