La guerre fratricide entre les Imghads et les Ifoghas dans la région de Kidal consacre, si besoin en était, une preuve éclatante de la difficile mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Les manœuvres dilatoires de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour faire échouer le processus de paix à travers des velléités féodales et antidémocratiques menacent la République et la coexistence pacifique des communautés. Aujourd’hui plus qu’hier, la cohabitation entre Imghads et Ifoghas devient difficile voire impossible. Ils ne s’aiment pas et la CMA en veut à mort au Général Elhadji Gamou, considéré comme sa bête noire. Au cours des récents évènements survenus à Kidal, avec un bilan jusqu’ici non connu parce que chaque partie refuse de communiquer les vrais chiffres en termes de morts et de blessés. Les morts sont vite enterrés, sans protocole même si les blessés sont acheminés dans les différents centres de santé de la région et de Gao.
Cette nouvelle donne a conduit Bamako à revoir le calendrier de la mise en place des autorités intérimaires, en faveur de Kidal puisqu’au lieu de commencer par là, le processus terminera par la région de l’Adrar des Ifoghas. Résultat : une forte tension est perceptible à Bamako aussi bien que dans les régions du nord du Mali. Dans ce contexte conflictuel, voir explosif, comment les frères ennemis (Imghads et Ifoghas) pourraient travailler ensemble ? Ne faudrait-il pas prendre encore un peu de temps pour taire les rancœurs avant de mettre en place les autorités intérimaires ? Si, bien sûr, cela pourrait conduire les uns et les autres à tourner la page et à vivre ensemble dans l’intérêt de leur terroir.
En tout cas, tout laisse à croire que le camp de la paix est difficile à tenir, à entretenir et à consolider. Les déclarations tapageuses et va-t-en guerre ne résolvent rien à l’instar de celles de Fahad Ag Almahmoud, Secrétaire général du groupement des Imghads et alliés : «…Il faut l’écrire, c’est moi qui l’ai dit. Depuis la visite de Bilal Ag Achérif (NDLR : Secrétaire général du MNLA) à Bamako, le comportement de la CMA vis-à-vis du Gatia a subitement changé à Kidal. La CMA est devenue arrogante et n’hésite à pas dire à qui veut l’entendre qu’IBK lui a donné suffisamment de moyens financiers et qu’elle n’a plus peur de qui que ce soit. Elle ne veut plus respecter aucun accord avec nous. IBK a donné plusieurs garanties à Bilal quand il est venu à Bamako. Premièrement, la nomination de Mohamed Ag Erlaf comme Premier ministre en janvier 2017. Deuxièment, il a promis à Bilal de confier la gestion de toute la zone de Kidal à la CMA. Troisièment, il a promis d’offrir des passeports diplomatiques aux responsables de la CMA. Quatrièment, IBK a promis à Bilal de faire partir Gamou de la ville de Kidal, en le nommant quelque part comme Ambassadeur. Sans oublier l’argent qu’il a offert à Bilal. On parle de 500 à 700 millions de FCFA » (page facebook du Secrétaire général du Gatia).
Voilà des mensonges distillés par ce responsable du Gatia, repris par la presse pour en faire ses choux gras. Il sait pertinemment que même si IBK a de l’argent, quelle que soit sa générosité, il ne peut pas donner ce montant faramineux aux ennemis du Mali. Fahad a été simplement jaloux du fait que son rival de la CMA a été reçu à Koulouba et, probablement, lui jamais. Alors, il fantasme à souhait, allant jusqu’à dire qu’IBK a promis à Bilal de faire de Ag Erlaf son prochain Premier ministre. Ça, c’est de la méchanceté parce qu’avant cette rencontre son nom a été cité tout simplement au poste de chef du gouvernement. Même si les Imghads n’aiment pas Ag Erlaf parce qu’étant l’allié le plus sûr de la CMA, il faudra éviter de mentir sur IBK, en lui prêtant des propos insultants pour son peuple. Que non ! Nous comprenons que c’est une manière de déstabiliser Ag Erlaf afin qu’il n’accède pas à cette haute fonction. Et le jour où cela arriverait, on dirait voilà…
C’est dans cette même optique que les parents de Gamou lui ont demandé, selon plusieurs sources, de ne pas quitter Kidal même sur injonction de Koulouba. Il leur a répondu, à en croire les mêmes témoignages, qu’il y restera même s’il lui faut enlever les galons de Général, en démissionnant de l’armée malienne pour protéger sa communauté contre l’injustice dont elle est victime à la fois, selon lui, de la part des Ifoghas et de l’Etat du Mali. Gamou, nous a-t-on dit, a la conviction qu’IBK ne l’aime pas, pour la simple et bonne raison, qu’il n’aurait pas répondu à ses multiples demandes d’audience.
A suivre.
Chahana Takiou
Source : 22 Septembre