La situation humanitaire au Mali est toujours aussi préoccupante. Selon de nombreux analystes averties, elle va de mal en pis et les choses ne semblent pas connaître une amélioration de sitôt. Ainsi, selon un récent chiffre publié par le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU au Mali (OCHA Mali) le nombre de Maliens qui ont trouvé le refuge dans les pays voisins à cause des conflits est de 139 842 personnes. Un chiffre qui avait pourtant baissé, mais à cause de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et surtout le centre du pays, de nombreux maliens ont repris le chemin de l’exil vers les pays voisins. Par contre, beaucoup d’autres sont restés dans leur pays d’accueil craignant le fait que leurs terroirs manquent de sécurité et surtout ne soit pas viabilisés. Et c’est la Mauritanie, notamment le camp de Mberra qui abrite le plus gros contingent de ces réfugiés.
Quant aux personnes déplacées internes, elles sont au nombre de 69 993. Un nombre qui s’explique par résurgences des conflits dont certains mettent aux prises les communautés. Par ailleurs, le Mali abrite aussi de nombreux réfugiés venant des pays voisins, essentiellement le Burkina et le Niger. Lesquels sont, sur leurs localités frontalières au Mali, visées par des attaques meurtrières, le plus souvent avec des engins explosifs improvisé. Une situation qui affecte majoritairement les enfants. Ainsi, selon un rapport rendu récemment public par l’UNICEF, au moins 4,1 millions de personnes ont besoin de protection dont la moitié sont des femmes et des filles.
Selon ce document, la crise de 2012 au Mali a déclenché une urgence humanitaire. Même après les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015 d’Algérie, le caractère multidimensionnel de la crise s’aggrave. La situation des populations touchées et la situation humanitaire se sont encore aggravées par l’exposition du pays à des catastrophes naturelles récurrentes, notamment la sécheresse.
Dans les régions du Centre et du Nord où le banditisme, les conflits intercommunautaires et la présence de groupes armés continuent, la recrudescence de la violence communautaire dans les zones septentrionales a provoqué une augmentation des déplacements internes, qui a intensifié les risques pour les enfants. En février 2018, 49,771 personnes étaient déplacées à Mopti, Gao, Menaka et Tombouctou (zones où les besoins d’assistance sont les plus importants). 27 % de la population malienne vit dans des zones de conflit.
Cette analyse des sources secondaires est basée sur les informations recueillies de 2016 à 2018. Les données recueillies couvrent principalement les régions du nord et du centre où les niveaux de violence sont les plus élevés et où la plupart des personnes sont à risque, avec un nombre considérable de données provenant de Tombouctou, Kidal, Mopti et Ségou. Non seulement ces régions sont fortement touchées par les conflits, mais elles sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Une situation qui justifie en partie l’exil des Maliens auprès des pays voisins.
Kibaru