Dans le but de nous imprégner du niveau de fréquentation des bibliothèques ou centres de lecture par les Maliens ainsi que des problèmes auxquelles ces lieux restent confrontés, nous avons fait le tour de quelques-uns de ces endroits. Le constat général, c’est une faible affluence et aussi un quasi-délaissement de ces endroits par l’État.
De même que la consommation des aliments constitue un moyen pour assurer le bon fonctionnement de notre estomac, la lecture entre dans le cadre de l’alimentation de l’esprit. Elle donne à l’homme la sagesse. Nonobstant, les bibliothèques, les centres de lectures ne sont pas assez fréquentés et restent confrontés à d’énormes difficultés. Idrissa Diarra, agent à la bibliothèque de l’École Normale supérieure (EN.SUP), interrogé sur le nombre de visiteurs que sa structure peut recevoir par jour voire par an, laisse entendre : « Par jour, nous recevons 10 à 20 personnes. » Ce qui équivaut à 300 à 600 personnes par an si nous faisons nos calculs. Ce nombre montre un manque d’intérêt aux livres. Ce qui est déplorable surtout dans une grande école de formation des professeurs de l’enseignement secondaire. Ce niveau de fréquentation pourrait relever également d’autres facteurs. Car, d’après M. Diarra, dans cette école, la majorité des lecteurs sont des étudiants. Ceux-ci font face à certaines difficultés par rapport à la disponibilité de la documentation, c’est-à-dire la richesse même de la bibliothèque. Quant aux modalités de travail, il nous explique que les étudiants consultent les livres gratuitement sur place.
Contrairement à la bibliothèque de l’EN.SUP, le centre Djoliba est ouvert à trois groupes de personnes à savoir les Diplômés sans emplois, les personnes retraitées et les cadres. C’est ce que nous a fait comprendre madame Koné Mari Samaké, responsable par intérim du Centre Djoliba. Comme modalité d’inscription, les personnes retraitées et les diplômés sans-emplois payent 200F pour toute l’année. Les travailleurs payent 5000F, nous a-t-elle expliqué. Quant à leur rapport avec l’État en termes d’aide, elle nous a rassurés: « Nous ne recevons pas d’aides venant de l’État et les livres que nous avons, nous les recevons des bonnes volontés. Nous achetons d’autres. » Il semble que l’État a tendance à ignorer les difficultés que traversent les bibliothèques.
Madame Samaké Ami Coulibaly, responsable du centre de lecture de la bibliothèque nationale, a quant à elle, précisé le nombre de personnes que la bibliothèque peut recevoir par semaine. « Par semaine, on peut recevoir 80 personnes », a-t-elle laissé entendre. À l’en croire, parmi ces 80 personnes, on peut compter 5 étrangers et tout le reste n’est que des Maliens. Parlant des difficultés auxquelles les travailleurs de la bibliothèque sont confrontés, elle nous a laissés entendre que la porte de sortie de ce centre de lecture ne peut même plus s’ouvrir. Au niveau de l’électrification, elle déplore la présence d’un seul climatiseur pour toute la salle de lecture. Outre ceux-ci, l’absence d’ordinaire constitue également un handicap pour leur bon fonctionnement. À ses dires, ils sont dans l’obligation de saisir toutes leurs bases de données à la main. C’est d’ailleurs pourquoi nous n’avons pu avoir certaines statistiques à leur niveau puisque celles-ci se trouveraient dans des ordinateurs qui sont en panne depuis belle lurette. Selon Mme Samaké, quand le ministère de la Culture a été saisi pour la situation, celui-ci aurait fait savoir qu’il n’y a pas d’argent pour remédier à ladite situation.
Djénéba Touré, stagiaire
Source: Le Pays