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Situation de l’école malienne: Entre l’insouciance de l’état et la complicité passive des citoyens

Le problème est si évident qu’il ne s’agit plus de rechercher les causes. Mais peut-on alors trouver le remède de cheval à la situation en continu délitement de l’école ?

C’est la lancinante problématique qui perturbe les nuits de tous les Maliens conscients, l’écrasante majorité éloignée des allées du pouvoir et des cercles d’affaires. Les pauvres en sont, eux, en effet, à se demander si leurs enfants, qui n’ont que l’école publique pour s’instruire, ne sont pas destinés à devenir des incultes, des ratés sociaux appelés demain à venir grossir les rangs des laissés pour compte. À la date du vendredi 24 janvier 2020, le Mali comptait au moins 750 écoles fermées et plus d’un million d’enfants non scolarisés. Une situation inquiétante au point de culmunance, qui provoque une anxiété généralisée. Quoi d’autre, quand ceux qui peuvent s’offrir trois repas par jour (matin, midi et soir) sont les seuls à pouvoir envoyer leurs progénitures dans les écoles privées, lesquelles sont les seules à ouvrir régulièrement les classes? Quoi d’autre quand le gouvernement est mortellement incapable d’assurer la sécurité dans des zones entières pour permettre le fonctionnement normal des écoles? Encore quoi d’autre quand l’État au train de vie exorbitant et dévastateur se vautre dans des galimatias pour refuser de reconsidérer la situation précaire des enseignants ? Il y a une insouciance destructrice de la République à laisser l’école s’enfoncer dans la panade, jusqu’à sa paralysie visible déjà à l’horizon. On ne peut autrement comprendre le malheur. Il y a eu en effet des états généraux de l’éducation, des concertations sur l’école, des assises de haute réflexion… et le Dialogue National Inclusif pour diagnostiquer les maux du pays afin de trouver des thérapies appropriées. Rien, tout le long de 2013 à aujourd’hui, n’a été à la hauteur de redonner à l’école malienne ses lettres de noblesse perdues. Au contraire, l’enlisement a pris les allures de la chute en enfer irrémédiable. Qu’est-ce que cet État incapable d’assurer à ses enfants une instruction égale grâce à une école égalitaire pour tous? Qu’est-ce que ce peuple qui regarde son gouvernement défaillant en matière d’instruction publique et qui ne fait que pleurnicher ? L’un est dans l’insouciance qui tutoie l’inconscience à gouverner; l’autre est dans la passivité qui finira par le détruire par la compromission de l’avenir de ses enfants. C’est dire combien il urge que l’État se ressaisisse et trouve le remède de cheval à la situation de l’école malienne, mais aussi que les citoyens maliens exigent du même État le comportement qui sied en la circonstance. Malheureusement, à l’Assemblée nationale, la représentation nationale bondée d’enseignants et surtout de parents d’élèves, tous des citoyens maliens, le problème ne soulève au mieux que des rhétoriques boursouflées, mais peu d’exigences à même d’acculer le pouvoir à agir concrètement. C’est sans doute pour cela que le célèbre député de Yélimané, l’honorable Mamadou Hawa Gassama, plus de vingt ans à l’hémicycle où il a régulièrement siégé aux commissions des finances et de contrôle, a récemment fait une sortie mémorable. Il dénonça le salaire exorbitant du président de la République qui dispose, en plus d’une caisse noire, fonds dits de souveraineté, de 15 milliards de francs CFA par an alors que son mentor Alpha Oumar Konaré n’avait que 600 maigres millions pour la même cause quand il était président de la République. Pourquoi, dit l’honorable Gassama, IBK ne renoncerait pas à partie de son asphyxiant salaire au profit des enseignants et l’école malienne? Pourquoi, s’énerve encore le député de Yélimané, sa caisse noire plus fournie que celles de tous les autres chefs d’État africains de notre zone ne servirait-il pas à améliorer la situation de l’école malienne plutôt qu’à être dilapidée dans des dépenses somptuaires et de prestige qui ne profitent qu’à des non-Maliens? L’honorable Gassama indexe dans la même veine le Premier ministre, chef du gouvernement, qui empoche mensuellement comme salaire la coquette somme de 75 millions dans un pays de pauvres, non sans renoncer à son traitement de ministre de l’Économie et des Finances. Voilà, il y a un État sangsue qui se gave du sang nourricier du peuple, mais qui ne peut rien donner de ses privilèges pour le salut de l’institution de qui dépend l’avenir de la nation, l’école. Pourtant, lorsque des intérêts sordides sont en jeu, le même État avait su trouver les milliards de financements pour l’introduction de l’enseignement de l’homosexualité dans la même école malienne. Un signe révélateur.

 Bogodana Isidore Théra LE COMBAT

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