Parmi les actions réalisées, figurent les travaux de crépissage de la mosquée de Djingareyber
en août 2013 et les relevés architecturaux des mausolées détruits en novembre 2013
Le patrimoine culturel du Mali a été l’objet d’une destruction sans précédent en 2012, dans toutes ses composantes matérielles et immatérielles, à la suite de l’invasion djihadiste et l’instabilité politique qui a suivi. Quatorze des seize mausolées, composantes importantes du patrimoine mondial de Tombouctou, ont été détruits. Les intégristes n’ont pas épargné le monument à l’effigie d’Al Farouk et la porte sacrée de la mosquée de Sidi Yéyia. Plusieurs autres sites ont été sévèrement endommagés et pillés, ou n’ont pas pu être entretenus.
En effet, l’interdiction de toute expression culturelle a empêché la mise en œuvre des travaux collectifs d’entretien, à Tombouctou et Gao. Au-delà, les difficultés économiques ont eu un impact sur les autres biens, en particulier à Djenné et dans les Falaises de Bandiagara. Le Toguna de Douentza a été détruit. Des manuscrits anciens ont été brûlés, d’autres emportés comme ceux retrouvés à Al Khalil, près de la frontière algérienne. Mais la plupart ont été exfiltrés vers Bamako. Ces manuscrits ont échappé à la destruction même s’ils sont aujourd’hui encore en danger.
L’archéologue Yamoussa Fané a présenté cette communication le mois dernier à Kangaba, lors d’un atelier sur le patrimoine culturel en période de crise. Ce forum a fait l’état des lieux du patrimoine culturel détruit dans les régions du Nord du Mali, pendant ou après l’occupation de cette partie de notre pays par les groupes armés en 2012. Les participants ont fait le point du Projet de réhabilitation du patrimoine culturel. Ils int réfléchi sur la sauvegarde des manuscrits et son degré de mise en œuvre. L’attentat du 28 septembre 2013, a endommagé la mosquée Djingareyber et les bibliothèques environnantes (bibliothèque Imam Ben Essayouti) et quelques maisons de la médina.
Au-delà de la reconstruction du monument, le projet doit être conçu comme l’opportunité de repenser le fonctionnement, l’aménagement et les usages de la place de l’indépendance. Cet espace deviendra un lieu de rencontre et de commémoration attractif et convivial, estime l’archéologue.
La réhabilitation des quatre premières bibliothèques jugées prioritaires est programmée, au regard de leur état de conservation et de leur signification culturelle. Conformément aux relevés architecturaux et photographiques, et selon le diagnostic de l’état de conservation des manuscrits. Il sera procédé à la programmation et au chiffrage des travaux de réhabilitation et des équipements nécessaires.
Le Tombeau des Askia a souffert d’un manque d’entretien, difficile à mettre en œuvre dans le climat de tension qui prévalait dans la région.
Les envahisseurs ont interdit toutes les manifestations festives jugées contraire à leur vision rigoriste de l’islam. Le monument souffrait de problèmes de conservation antérieure à la crise, ayant conduit à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2012. Un programme complet de restauration est prévu dès début 2016. La crise sécuritaire a exacerbé le pillage du site de Gao Sanèye, ancienne capitale du royaume Songhoy, jusqu’au dernier roi Dia Assiboy, vers l’an 1010, année probable du transfert de la capitale sur le site actuel de Gao. Le Toguna central de la ville de Douentza a été saccagé. Les piliers sculptés ont été brûlés. Suivra la destruction du mausolée de Cheickou Amadou à Hamdallaye et du mausolée El Kebir. Le 13 octobre 2014 Interviendra la destruction des sites Toloy de Sangha au pays Dogon. Les difficultés économiques consécutives à l’arrêt du tourisme ont eu un impact sur les sites archéologiques, en particulier à Djenné et dans les Falaises de Bandiagara. Plusieurs sites archéologiques de ces deux régions ont fait l’objet de fouilles clandestines. Le site archéologique de Djenné Djeno sera pillé en septembre 2014.
Face aux actes de destruction et aux atteintes portées au patrimoine culturel, matériel et immatériel, le Mali a sollicité l’UNESCO pour appuyer ses efforts de sauvegarde des richesses culturelles mises en danger. Dans ce cadre plusieurs actions ont été menées, dont l’organisation de concert avec le Ministère de la culture et de la communication de la France, le 18 février 2013 à Paris, d’une journée de soutien au patrimoine culturel du Mali.
Le programme comprenait l’organisation d’une réunion internationale d’experts, ayant conduit à l’adoption d’un « Plan d’action pour la réhabilitation du patrimoine culturel et la sauvegarde des manuscrits anciens du Mali ».
Parmi les actions réalisées, figurent les travaux de crépissage de la mosquée de Djingareyber en août 2013 et les relevés architecturaux des mausolées détruits en novembre 2013. Les objectifs principaux de ce Plan sont la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé, la mise en place des mesures pour la sauvegarde durable des manuscrits, le renforcement des capacités en matière de conservation, d’entretien, de gestion et de sauvegarde du patrimoine culturel. En mai 2014, des fouilles archéologiques et des études architecturales ont été effectuées sur les murs des mausolées des Saints Sidi Mahmoud, Alpha Moya, Cheikh Sidi Ben Amar, Cheikh Boulkassoum Al Touat, Cheikh Sidi Mohamed El Miki, Cheikh Sidi Moctar El Miki, Cheikh Mohamed TambaTamba. Et septembre 2014 un forim des maçons de Tombouctou » a été organisé à Tombouctou. Il a regroupé vingt (20) maçons de la corporation tous affiliés à, au moins, un des 14 mausolées à reconstruire. L’atelier a surtout permis de définir de façon participative les modalités et les mécanismes de mise en chantier des mausolées qui seront entièrement reconstruits par ces maçons .
Une conférence internationale sur les manuscrits anciens du Mali a réuni des responsables gouvernementaux, des experts, des chercheurs et des intellectuels en janvier 2015. Ils ont échangé et mis en avant des solutions pour améliorer les conditions de conservation des manuscrits et d’envisager une meilleure valorisation de ce riche patrimoine documentaire.
Ces travaux ont fait suite à l’attentat du 28 septembre 2013 qui a visé le camp militaire de Tombouctou.
Les trois mosquées inscrites sur la liste du patrimoine mondial ont vacillé et leurs parties les plus en vue, comme les minarets présentaient des fissures assez inquiétantes. Des efforts sont déployés par le Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme et ses partenaires pour renforcer les capacités des gestionnaires de sites. Les nouvelles idées aideront à conserver durablement le patrimoine culturel immobilier et à sauvegarder les éléments immatériels de notre riche patrimoine culturel national et mondial.
Y. DOUMBIA
source : Essor