Être un séropositif au Mali est une bataille de tous les jours. Au-delà du combat contre la maladie, il faudrait aussi se battre pour sa vie sociale. Tel est le quotidien de Jean, un séropositif, marié, qui a bien voulu partager son histoire avec nous.
Jean vivait avec le virus du sida depuis sa naissance sans le savoir, contracté par une transmission de la mère à l’enfant. Sa mère est décédée quelques mois après sa naissance. C’est lors d’une campagne de sensibilisation sur le VIH/sida qu’il a décidé de faire son test de dépistage, qui s’est révélé positif. « Nous n’avons jamais pensé que ça pouvait être une infection au VIH », affirme-t-il.
Élevé par sa grand-mère, qui ne cessait de lui faire suivre des traitements de médecine traditionnelle, Jean dit avoir « subi un traitement de toutes les maladies qui pouvaient avoir des symptômes similaires ». Mais aucun des traitements ne faisait d’effet.
« Toutes les filles me rejettaient »
Les jours passaient, l’inquiétude montait. Jusqu’à ce jour de campagne de dépistage organisé à l’école où il est testé positif. « C’était bouleversant, quand j’ai pensé au fait que c’était une maladie inguérissable. J’ai surtout eu du mal à rencontrer le regard et le jugement des autres », affirme-t-il.
Mais ce qui a été caché à Jean, avant son dépistage, c’est que sa maladie n’était en réalité pas méconnue de sa grand-mère. « Ma mère avait en réalité été emportée par cette maladie. Mais, comme bon nombre de personnes, ne croyant pas au sida, elles ont préféré suivre des traitements traditionnels qui ne faisaient aucun effet », confie-t-il.
Après le test, il a été pris en charge par un centre où il a été mis sous traitement antirétroviral (ARV). Marié maintenant et père d’une fille, il est inutile de souligner que tout ne fut pas facile pour Jean. A la découverte de son statut sérologique, sa vie sociale a basculé. Il était stigmatisé. « Ceux qui ne connaissaient pas l’histoire ont pensé que j’avais contracté le virus par la fréquentation des travailleuses de sexe. Par conséquent, toutes les filles que j’approchais en vue de me marier me rejetaient. »
Information et sensibilisation
Malgré son physique d’athlète, son statut sérologique connu lui laissait comme une plaque au visage sur laquelle on pouvait lire : attention, persona non grata ! « C’est grâce à mon médecin traitant que je fis la rencontre de Jeannette avec qui je suis marié maintenant. Nous avons une fille et toutes les deux se portent bien en plus d’être séronégatives », se réjouit-il.
Dans notre société, la désinformation coûte très cher aux personnes atteintes du VIH/sida. A défaut de ne pas pouvoir rendre le dépistage et le traitement obligatoires, Jean pense qu’il faut multiplier les campagnes d’information et de sensibilisation par tous les moyens afin de faire comprendre que le VIH/sida est certes une maladie inquiétante, mais guérissable grâce aux traitements antirétroviraux.
Source : Benbere