Le lion sort de la forêt sacrée. Comme nous enseigne le proverbe bamanan, “dans une vieille tabatière, il y a toujours de la matière à faire éternuer”. Dans la pratique musicale, il n’est jamais trop tard pour rebondir. Les aventures sont multiples et dépendent de la personnalité de l’artiste. Chacun est maître de sa vie et de son destin. Acteur de la musique urbaine d’hier, Seybou Coulibaly semble avoir trouvé sa voie dans la valorisation de la musique traditionnelle aujourd’hui.
Généralement dans la vie, quand on nait et grandi dans une famille détentrice de savoir ou de savoir-faire, un des enfants essaie de reproduire cet acquis familial. Au regard de son parcours dans la sphère de la musique, tout porte à croire que Seybou Coulibaly est le digne fils de son père. Après avoir commencé sa carrière musicale dans l’expression rap, il collabore avec des sommités du domaine dans les années 2010.
Compte tenu de la violence qui sévit dans le milieu rap avec son lot de clashs qui lui vaut des blessures, Seybou prend de la distance au point de s’isoler de la scène musicale. A quelque chose malheur est bon. Volontariste, il met ce temps à profit pour renouer avec les instruments de musique traditionnelle au cœur de son village d’origine dans la région de Ségou.
Ce renoncement fut à l’origine du déclenchement de sa carrière solo. Quelques années plus tard, il se lance dans le jeu de la percussion du “Bara Dundun” instrument dont il a hérité de son feu père Bacari Coulibaly alias Bouacar. Puis il enchaine avec l’apprentissage sérieux du “Bara Dundun” et perfectionne son jeu lorsqu’il est dans son village natal auprès des siens pour mieux comprendre le fonctionnement de cet instrument à la source auprès des anciens.
De nos jours, il semble avoir trouvé son bonheur dans la manipulation des anciens instruments de musique traditionnelle en voie de disparition légués par ses ancêtres. Il est Seybou Coulibaly dit Snipper surnommé par les intimes Kele Zanke. Aujourd’hui, c’est dans la valorisation de la musique traditionnelle qu’il a trouvé son terrain d’expression musicale.
Né le 20 février 1991 originaire de Djigo, situé à 7 km de la ville de Ségou au Mali, Seybou Coulibaly, le jeune artiste, est en cours de retourner à ses racines. Son père Bakari Coulibaly alias Bouacar fut jadis un grand joueur de “Bangolo” durant son enfance dans le groupe de l’émérite artiste feu Abdoulaye Diarra, ancien directeur de la Troupe dramatique du Mali. En sa compagnie, ils ont effectué une tournée en Hollande et en France.
Pour mener à bien son projet musical, Seybou crée le groupe “Djigo Percussion”, un groupe prêt à conquérir le monde avec les sonorités des anciens instruments de musique traditionnelle. Après avoir réussi à mettre au goût du jour le “Bangolo”, vieux instrument de musique traditionnel en voie de disparition, Seybou Coulibaly dit Snipper revient avec force.
Son pari est de fusionner les sonorités traditionnelles émanant de cet instrument d’un autre temps à la musique moderne. L’artiste reste cette fois-ci animé par la ferme volonté de donner corps et âme au “Bangolo”, percussion ancienne tout comme le “Kounamba”, genre de gros tambour que son père jouait dans un passé récent.
Au-delà de ceci, avec son groupe “Djigo Percussion”, il compte amener sa contribution dans le rayonnement de la musique traditionnelle malienne aux quatre coins du monde. Actuellement, il est à pied d’œuvre pour la conception de son nouvel album dans la Cité des Balanzans. Ce nouveau projet musical qui lie le passé au présent sort de l’ordinaire avec des sonorités pleines de charme, de beauté et d’esthétisme avec comme toile de fond la mise en valeur des sonorités du “Bangolo” et du “Kounamba”. Je reste persuadé que le salut de la musique malienne proviendra de ce que les artistes voudront faire de notre identité musicale. Sur ce point, Seybou semble bien parti. Que son initiative puisse en inspirer d’autres pour le rayonnement de la culture malienne qui dispose de tous les atouts pour s’imposer à des sommets insoupçonnés !
Aboubacar Eros Sissoko