Accusé de mauvaise gestion financière par le gouvernement sénégalais et visé par un rapport accablant de la Cour des comptes, Macky Sall rejette en bloc les accusations, tandis que la justice pourrait bien devenir l’arène d’un nouvel affrontement politique.
C’était écrit. Qu’un ancien président fraîchement débarqué du pouvoir se retrouve dans le viseur de la justice est presque devenu une tradition politique en Afrique. Au Sénégal, Macky Sall n’échappe pas à la règle. Moins d’un an après son départ, voilà son nom jeté en pâture par le gouvernement en place, accusé d’avoir transformé la gestion des finances publiques en terrain de non-droit.
À en croire Moustapha Ndjekk Sarré, porte-parole du gouvernement et ministre de la Formation professionnelle, l’ancien chef de l’État ne pourrait pas éviter la case justice. « Chef de gang », « actes criminels », « absence de circonstances atténuantes », le réquisitoire est sans appel. Le pouvoir actuel semble avoir trouvé son coupable idéal. Celui par qui tous les maux sont arrivés.
Une dette abyssale et une justice inévitable ?
Tout est parti d’un rapport de la Cour des comptes publié le 12 février, véritable torpille dans les eaux troubles du legs de Macky Sall. Une dette qui frôle les 100 % du PIB, un déficit budgétaire trois fois plus élevé que les chiffres officiels, des prêts bancaires non déclarés… Les conclusions sont sans appel. Le régime précédent aurait maquillé la réalité économique du pays.
L’intéressé, lui, balaye d’un revers de main ces accusations, dénonçant un « procédé politique » dans un entretien à Jeune Afrique. Depuis son exil doré au Maroc, il rejette en bloc les chiffres, les accusations et la perspective d’une convocation judiciaire. Un classique.
Le spectre d’un retour politique
Mais derrière cette offensive judiciaire se cache un autre enjeu, éminemment politique. Car dans l’histoire récente du Sénégal, ceux qui ont fait face à la justice n’en sont pas toujours sortis affaiblis. Khalifa Sall, Ousmane Sonko… Tous ont su rebondir après des ennuis judiciaires, transformant leur statut de paria en levier politique.
Alors, Macky Sall est-il le prochain sur la liste ? Sa traversée du désert marocain pourrait bien n’être qu’une parenthèse stratégique. Dans un pays où les exils sont rarement définitifs et où les retours sont souvent triomphants, la question n’est pas tant de savoir s’il sera poursuivi, mais s’il compte revenir. Et si oui, sous quelle bannière ?
Au Sénégal, la justice est parfois une salle d’attente pour le retour aux affaires. Macky Sall en fera-t-il l’expérience ? À suivre.
Chiencoro Diarra