En ce début du mois béni de Ramadan, nous sommes allés à la rencontre des chauffeurs et commerçants qui, malgré les longues journées de jeûne, continuent d’assurer leurs services avec détermination et patience. Que ce soit sur les routes ou dans les marchés, la gestion du travail pendant cette période spirituelle représente un véritable défi.
Dans les rues animées de Bamako et sur les longues routes reliant les villes du pays, le mois de Ramadan transforme les habitudes et met les corps à l’épreuve. Entre privation et endurance, chauffeurs et commerçants doivent jongler entre le respect du jeûne et les exigences de leur métier. Comment ces travailleurs essentiels concilient-ils fatigue, chaleur et obligations professionnelles tout en préservant leur spiritualité ? Malgré les difficultés, ces travailleurs continuent de faire tourner l’économie pendant ce mois sacré.
Le Ramadan n’empêche pas le voyage
Pour les chauffeurs de transport en commun, comme ceux de SONEF et Diarra Transport, les horaires restent inchangés. « Même pendant le Ramadan, nous partons à l’heure habituelle et poursuivons nos trajets. Souvent, l’heure de la rupture du jeûne nous trouve en plein trajet », explique Mamadou, chauffeur chez Diarra Transport.
Si le rythme de travail ne ralentit pas, les difficultés du jeûne se font ressentir, notamment au moment de la rupture. « Parfois, nous sommes en pleine zone désertique, loin de toute station-service ou village. Il faut s’arrêter sous un arbre ou se contenter d’un peu d’eau en attendant d’arriver en ville », raconte Sékou, un autre chauffeur.
Le manque de repos et la fatigue accumulée sont aussi des épreuves majeures. Aliou, chauffeur de taxi, souligne : « C’est très dur, surtout avec la chaleur. Mais c’est notre travail, et nous devons continuer. On essaie de faire des pauses quand c’est possible pour ne pas se mettre en danger ».
Face aux défis du Ramadan, la solidarité entre chauffeurs devient essentielle. « Il y a toujours un collègue prêt à aider si l’on est trop fatigué ou si l’on doit s’arrêter pour rompre le jeûne », explique Boubacar, chauffeur chez SONEF. Cette entraide devient encore plus précieuse en cette période, où l’effort physique est doublé par les restrictions du jeûne.
Les commerçants face aux défis du Ramadan
Dans les marchés de Bamako, les commerçants doivent eux aussi gérer le jeûne tout en accueillant les clients. Moustapha, épicier à Sébénicoro, raconte : « On les accueille toujours avec politesse, comme d’habitude. On leur propose même de l’eau pour ceux qui ne jeûnent pas, et si on a de nouveaux produits, on les leur montre ».
L’organisation devient alors un atout majeur pour mieux gérer l’afflux des clients. « Durant le Ramadan, les gens achètent surtout le soir. Alors, dans la matinée, on emballe à l’avance des produits comme les dattes, les jus et les boissons pour ne pas perdre de temps le soir », ajoute Moustapha.
Mais la tâche devient plus difficile au fil de la journée, surtout avec la chaleur. Mohamed, boutiquier à Tienbani, témoigne : « Travailler en plein jeûne, sous la chaleur, c’est épuisant. Le matin, on tient encore le coup, mais à partir de 14 h-15 h, jusqu’à la rupture du jeûne, c’est vraiment dur ».
Que ce soit pour les chauffeurs ou les commerçants, le Ramadan est une période d’épreuve. Pourtant, grâce à leur organisation, leur solidarité et leur foi, ils continuent d’assurer leurs services avec courage, conciliant ainsi travail et spiritualité. Un véritable exemple de résilience et de dévouement envers la communauté.
Ibrahim K. Djitteye