Ce kidnapping qui a connu son dénouement vendredi reste un coup dur pour l’industrie touristique locale et régionale et illustre l’impossibilité de garantir une sécurité totale au Sahel, et, de plus en plus, en Afrique de l’ouest.
Malgré la présence des troupes françaises de Barkhane (3 000 hommes) et l’appui balbutiant de militaires du G5 Sahel (1), la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader ces derniers mois.
Selon un rapport de l’ONU, 150 incidents violents, ayant fait plus de 300 morts, ont été recensés pour le seul mois d’avril au Burkina Faso, au Mali et à l’ouest du Niger.
“Aux besoins humanitaires pour lutter notamment contre une sécheresse aiguë se greffe une violence persistante”, alertaient récemment trois hautes responsables onusiennes qui pointent un risque de propagation de cette violence (2) vers les pays côtiers de l’Afrique occidentale.
“L’avenir de toute une génération est en jeu”, juge une coordinatrice des Nations Unies.
“Sécurité et vie explicitement et directement menacées”
Une large partie de la bande sahélo-saharienne reste en zone rouge, selon les critères du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, c’est-à-dire qu’il est “fortement déconseillé” de s’y rendre.
“La menace d’attentat et d’enlèvement visant des Occidentaux demeure élevée dans la zone sahélienne mais aussi dans les pays limitrophes… Les ressortissants français qui se trouveraient dans ces zones doivent savoir que leur sécurité et leur vie sont explicitement et directement menacées. Pour les touristes, aucune personne, aucun groupe, aucune organisation ne peut prétendre garantir leur sécurité”, indique le Quai d’Orsay.
Les États du golfe de Guinée, eux, sont pour certains “déconseillés, sauf pour raison impérative”, pour d’autres il faut exercer “une vigilance renforcée”.
Une menace terroriste persistante
Si des troubles sont parfois liés aux élections (Guinée-Bissau ou Bénin actuellement), l’insécurité relève d’abord de l’activité des groupes terroristes. Ces derniers, comme le JNIM ou le EIGS (voir par ailleurs), établissent des rapprochements, profitant de la fragilité des gouvernements en place et d’un attentisme de la communauté internationale.
Parfois, cette pression terroriste exacerbe également les conflits intercommunautaires, comme au Mali entre Peuls et Dogons. Sur cet immense territoire, les cellules terroristes échappent aux radars, même si Barkhane a réussi à éradiquer quelques figures de ces mouvements djihadistes.
Aujourd’hui, le Burkina Faso (où étaient détenus les otages), pays géographiquement très stratégique, considéré comme l’ultime “barrière” avant d’accéder aux pays côtiers de l’Afrique de l’ouest, tente de négocier avec les terroristes.
Mais la mèche de cette flambée terroriste peut-elle réellement être éteinte ? En novembre dernier, le chef touareg Iyad Ag Ghali avait appelé à “poursuivre le djihad” dans plusieurs pays (Sénégal, Mali, Niger, Bénin, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Nigeria, Ghana et Cameroun).
De surcroît, dans la dernière vidéo attribuée à Abou Bakr al-Baghdadi fin avril, le “calife” de l’organisation État islamique, a encouragé ses “franchises” maliennes et burkinabé à frapper “la France croisée” et ses alliés africains.