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Sécurité dans le septentrion et le centre: l’absence de l’État plombe le processus de paix

Le constat est fait par le secrétaire général de l’ONU dans le dernier rapport (celui de décembre 2016) sur la situation dans notre pays. Il ressort de ce document, le dernier du secrétaire général sortant, Ban Ki Moon, que la situation sécuritaire est demeurée instable dans les régions du nord et du centre, ‘’compte tenu de la présence limitée des Forces de défense et de sécurité maliennes et des autorités de l’État’’. Aussi, la MINUSMA, qui a la lourde charge d’accompagner le pays pour l’instauration de son intégrité territoriale et de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, fait de son mieux, mais se trouve handicapée par l’insuffisance de moyens. Point de la situation sécuritaire de septembre à décembre 2016.

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À moins de six mois de la fin de la période intérimaire spécifiée dans l’accord, la situation sécuritaire dans notre pays, particulièrement dans les régions du nord reste précaire. En dépit des progrès enregistrés au cours des 18 derniers mois, depuis la signature de l’accord, les parties signataires peinent à s’entendre sur les principales mesures provisoires à mettre en place : patrouilles mixtes, mise en place des autorités intérimaires…
Il résulte de ce constat que l’armée et l’État restent toujours absents dans plusieurs localités du nord et du centre du pays. Toute chose qui offre l’opportunité aux terroristes et aux narco-djihadistes de tout acabit de s’installer impunément et de préparer leurs plans machiavéliques contre les populations civiles, les FAMA et les forces étrangères.

Situation sécuritaire précaire
Ainsi, selon le rapport de l’ONU de la période de septembre à décembre dernier, les attaques asymétriques ont continué de prendre pour cible les forces maliennes, françaises et de la MINUSMA, usant de tactiques complexes, de véhicules piégés conduits par des kamikazes, de bombes d’accotement et d’obus de mortier. Au total, 25 attaques ont été perpétrées contre les Forces de défense et de sécurité de notre pays et 29 autres contre la MINUSMA, contre 39 et 27, respectivement, au cours de la période précédente.
Pis, 15 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes ont été tués et 33 blessés lors d’attaques contre 52 et 72, respectivement, au cours de la période précédente.
En outre, 3 soldats de la paix ont été tués et 25 autres blessés, contre 13 et 32, respectivement, au cours de la période précédente.
Même si au regard de ce constat on peut conclure à une légère baisse des attaques, il n’en demeure pas moins que ces zones restent toujours dangereuses et constituent des obstacles pour la concrétisation de la paix et de la sécurité.
Le 3 octobre, des assaillants ont tiré 3 obus de mortier en direction du camp de la MINUSMA à Aguelhok, dans la région de Kidal. Deux véhicules militaires de la MINUSMA qui répondaient à l’attaque ont heurté un engin explosif, faisant deux morts et sept blessés parmi les soldats de la paix.
Le 30 octobre, une attaque au mortier contre le camp de la MINUSMA à Kidal a endommagé trois hélicoptères de transport moyen. Le groupe terroriste Ansar Eddine d’Iyad Agaly a revendiqué l’attaque, en affirmant qu’elle visait les forces françaises.
Le 6 novembre, un convoi logistique de la MINUSMA a heurté une bombe placée au bord de route et des assaillants armés ont ensuite ouvert le feu, tuant un soldat de la paix et blessant huit autres. Deux civils maliens, qui suivaient le convoi, mais n’en faisaient pas partie, ont également été tués.
Le 29 novembre, des assaillants ont pénétré dans l’aéroport de Gao, au volant de deux véhicules chargés d’explosifs. L’un des véhicules a explosé, blessant deux agents de sécurité privée et détruisant des installations de la MINUSMA. Six appareils de la MINUSMA (cinq hélicoptères et un avion) ont également été endommagés. Le groupe terroriste AlMourabitoun a revendiqué cette attaque.
Le même jour, deux roquettes ont atterri près de l’aéroport de Tombouctou. Là, c’est Al-Qaida au Maghreb islamique qui a revendiqué l’attaque, affirmant qu’elle visait « l’aéroport des forces françaises ».
Le 13 octobre, des assaillants ont attaqué les forces armées maliennes après qu’un de leurs véhicules a heurté un engin explosif, à 35 kilomètres de Diabali, dans la région de Ségou, faisant quatre morts et sept blessés parmi les soldats. Et c’est Ansar Eddine qui a revendiqué l’attaque.
Le 6 décembre, lors d’une autre attaque revendiquée par Ansar Eddine, huit assaillants ont pris pour cible la prison de Niono, dans la région de Ségou, libérant 93 détenus, dont des membres de groupes extrémistes violents, et s’emparant d’armes, de munitions et de motocyclettes. Un gardien de prison a été tué.
Le 8 octobre, un chef d’état-major militaire du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad, Cheikh Ag Haoussa, a été tué à environ 300 mètres du camp de la MINUSMA à Kidal, lorsque son véhicule a explosé, à l’issue d’une réunion de coordination de la sécurité qui avait eu lieu dans le camp. L’Organisation des Nations Unies a ouvert une enquête sur les circonstances de sa mort.

Protection des civils
Il ressort du rapport que les principales menaces contre l’intégrité physique des civils comprennent, entre entres, les actes de banditisme armé, les attaques ciblées et perpétrées par des individus armés, (souvent en raison de la dynamique politique, y compris pendant les élections locales), les mines, les engins explosifs improvisés et les restes d’explosifs de guerre, les dommages collatéraux, causés aux civils par des affrontements entre des groupes armés dissidents, et les attaques perpétrées par des extrémistes violents, des terroristes et des acteurs étatiques.
Aussi, souligne-t-il, les représailles de la part d’individus armés contre des civils soupçonnés de coopérer avec le Gouvernement ou la MINUSMA se sont poursuivies, au cours de la période.
Face à ces menaces, note le rapport, la MINUSMA a continué d’effectuer des patrouilles de moyennes et longues distances, surveillé les points de contrôle et effectué des vols de reconnaissance dont l’objectif premier était de protéger les civils. La Mission a également mis en place des points de ravitaillement en carburant pour les hélicoptères dans certains de ses camps afin de réagir plus rapidement aux menaces pesant sur les civils. Elle a mené chaque mois des opérations en coordination avec les forces armées maliennes dans la zone d’In-Tillit, dans la région de Gao, ainsi que près de Goundam, dans la région de Tombouctou. En total, les policiers de la MINUSMA ont effectué 293 patrouilles conjointes avec leurs homologues maliens.

Lutte anti-mines et armement
Depuis janvier 2015, au moins deux civils sont touchés chaque mois par des accidents dus à des restes d’explosifs de guerre, les enfants constituant 80 % des victimes.
Le Service de lutte anti-mines a mené auprès des populations touchées par le conflit dans le centre et le nord du Mali un travail d’information sur les engins explosifs, sensibilisant plus de 18 420 personnes.
La MINUSMA et ses partenaires ont formé 17 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes à la gestion du déminage humanitaire et 79 autres à la sensibilisation aux dangers que présentent les engins explosifs et à leur élimination. La Mission a remis également en état quatre dépôts d’armes et de munitions.

Droits de l’homme
Sur ce point non moins important en matière de sécurité des populations civiles, la MINUSMA, selon le rapport, a recensé 104 cas de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, qui ont fait au moins 235 victimes, dont 13 mineurs, contre 117 cas et au moins 202 victimes enregistrés au cours de la période précédente. Sur ce total, on dénombrait 7 affaires d’exécution et une disparition forcée, 8 cas de mauvais traitements ou de torture, un cas de violences sexuelles, 1 cas de recrutement d’enfants soldats, 2 cas de déplacement forcé, 4 affaires d’enlèvement, 21 affaires de détention illégale ou d’arrestation arbitraire, qui ont concerné 57 personnes, 4 cas d’irrégularités de procédure en raison de l’inefficacité de l’enquête, 7 cas d’atteinte au droit de vote, 38 affaires d’extorsion ou de pillage et 2 cas d’intimidation.
Dix attaques directes contre des membres du personnel humanitaire et du personnel de maintien de la paix ont également été recensées. La plupart des cas ont été signalés dans les régions de Kidal et de Tombouctou.
Pour l’essentiel, les violations des droits de l’homme seraient toujours commises par des membres de la Plateforme et de la Coordination des mouvements de l’Azawad, responsables respectivement de 36 et de 30 cas, contre 21 attribués aux Forces de sécurité et défense et aux autorités judiciaires maliennes.

Situation humanitaire
Sur le plan humanitaire, la période a été marquée par l’insécurité persistante, notamment l’insécurité alimentaire récurrente, la pauvreté chronique, la présence limitée des autorités publiques et l’insuffisance des services sociaux de base. En outre les affrontements entre les groupes armés signataires ont conduit à une détérioration de la situation humanitaire dans les régions du nord et du centre, selon le rapport. Dans le même temps, les inondations saisonnières du fleuve Niger ont touché 18 000 personnes, principalement dans les régions de Mopti et de Tombouctou, et ont détruit 2 400 maisons et 790 latrines. Des agents humanitaires ont aidé les autorités à distribuer des produits de première nécessité. Néanmoins, au 22 septembre, le Plan d’action humanitaire pour 2016, d’un montant de 354 millions de dollars, a été financé à hauteur de 134,5 millions de dollars (38 %), note le dernier rapport de Ban Ki Moon qui vient de passer la main au nouveau secrétaire général de l’ONU.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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