Excipant d’’’un coup d’Etat dans un coup d’Etat’’, le ministère français des Armées, dans un communiqué, a annoncé jeudi 3 juin 2021, la suspension à titre conservatoire des «opérations militaires conjointes avec les forces maliennes». «Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest – NDLR) et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali», a souligné le ministre dans le communiqué, ajoutant qu’»il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement».
Mais, en dehors de la suspension du Mali de tous ses organes de décision, la CEDEAO n’a pris aucune autre mesure coercitive, estimant que la situation est suffisamment prégnante pour en rajouter. La CEDEAO a décidé de ne pas imposer de sanctions économiques au Mali en cette période de crise sanitaire.
Donc, du côté De l’organisation sous régionale, c’est échec et mat de l’ancienne puissance coloniale qui fulminait « la France ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ». Ce, d’autant plus que l’Envoyé Spécial et Médiateur de la CEDEAO Goodluck JONATHAN qui a séjourné au Mali du 8 au 9 juin 2021, dit dans son communiqué final : ‘’(…) la Mission a réitéré l’engagement de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement à accompagner la République du Mali pour une transition réussie ; la Mission a appelé les partenaires multilatéraux et bilatéraux à soutenir le processus de transition (…)’’.
Au plan national, les autorités fortes de ce soutien de la CEDEAO, mais également et surtout du bloc compact formé derrière elles par le peuple, loin de bougonner, sont restées équanimes. Le calme olympien avec lequel cette décision unilatérale a été dédramatisée a dû laisser pantois plus d’un.
Dans ce jeu d’échec, la commission de deux envoyés spéciaux auprès du président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, à savoir Franck PARIS et l’Amiral Jean Philippe ROLAND, pour ‘’échanger sur les défis liés à la lutte contre le terrorisme et la stabilité du Sahel’’, était prodromique d’un soufflé dégonflé de l’ancienne puissance coloniale, dont l’émotion consécutive à la disgrâce de l’ami Bah N’DAW a pris le pas sur la raison de l’intérêt stratégique des Etats qui réside indubitablement dans cette lutte commune contre l’hydre jihadiste.
Nous pouvons saluer le retour en grâce après des consultations bilatérales avec les autorités nationales qui auraient abouti à des engagements de la part de ces dernières.
En effet, «la France a décidé la reprise des opérations militaires conjointes ainsi que des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin dernier», a indiqué le ministère des Armées dans son communiqué mis en ligne sur son site, vendredi 2 juillet.
Cependant, aucune autolâtrie, aucune mignardise, parce qu’en aucun cas ni en aucun moment nous ne devons perdre de vue qu’il faut développer une stratégie endogène de lutte contre la déferlante obscurantiste qui impose à nos populations des épreuves rédhibitoires. A cet effet, qu’on fasse un aggiornamento de cette propagande/slogan du temps de GMT fouettant le patriotisme :’’l’aide la plus noble et la plus utile est celle qui vient de nous-mêmes’’. Ce qui induit que le salut du Mali n’est pas dans un changement de maître, c’est-à-dire troquer la France contre la Russie, dans une pleutre fuite en avant, mais dans notre propre capacité de résilience, notre génie créateur et dans nos valeurs léguées par nos illustres devanciers.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN