A Bamako, les boulangeries poussent comme des champignons. Malgré cette situation, rares sont les consommateurs qui se disent satisfaits de la qualité du pain qui leur est servi dans ces boulangeries et dans les boutiques. Rares sont également les promoteurs de boulangeries qui se soucient des mesures d’hygiène requises en la matière pour préserver la santé des populations.
Aujourd’hui à Bamako, les boulangeries font vivre de nombreuses personnes comme les importateurs de matière première, les industriels, les travailleurs même de ces boulangeries. Sans oublier les livreurs, distributeurs et même les boutiquiers. Le secteur du pain est donc l’un des plus porteurs en termes d’emplois et de recettes. Mais, c’est un secteur abandonné par les autorités.
Selon Alou Sangaré, chef de production à la boulangerie ‘’MéMé’’ de Torokorobougou, le pain est composé de farine, de sel, de levure et de glace.
« Nous existons depuis 1996, donc cela nous fait 21 ans d’existence. Avant, la qualité de la farine et du pain était bonne. Mais de nos jours, la farine produite au Mali qu’on achète pour faire le pain n’est pas de bonne qualité. Ce qui fait que souvent, le pain est dur en plus de la température qui le rend dur », explique Alou Sangaré. Avant d’ajouter « chez nous à la boulangerie ‘’Mémé’’, nous vendons la miche de pain en gros et en détail à 250 FCFA et nous les donnons aux revendeurs à 200 FCFA la miche», a-t-il indiqué. D’après lui, il n’y a pas assez de marché à cause des nombreuses boulangeries dont certains n’ont même pas d’agrément. C’est un secteur qui manque d’organisation, a-t-il laissé entendre.
« Nous volons que le gouvernement s’implique car notre travail concerne tout le monde. Tout le monde dans le secteur se plaint du manque de marché », a-t-il déploré.
Un boulanger qui a requis l’anonymat a dénoncé la concurrence déloyale dans leur secteur. « Nous ne savons même pas dans quel Ministère nous sommes. Aucun des deux Ministères, Industrie ou Commerce ne s’intéresse à nous. Il faut admettre que la plupart d’entre nous n’a aucune expérience. En plus, le matériel coûte excessivement cher. Certains se contentent des fours traditionnels. Aussi, la qualité de la farine produite au Mali laisse à désirer », a-t-il dénoncé. Avant d’étaler les insuffisances dans le secteur car aucun d’entre eux n’a suivi une formation à cet effet.
« Tous ont simplement appris à masser et à mélanger la farine. Les dosages et la qualité sont une question de hasard », a-t-il indiqué. D’autres par contre trouvent que les difficultés d’accès à la farine de bonne qualité constituent le problème fondamental du boulanger malien. En plus du manque de financement, du problème d’organisation et du manque de professionnalisme des acteurs. Ce sont les causes de la crise qui frappe actuellement le secteur du pain à Bamako et même à l’intérieur du pays.
Certes l’Etat est le premier accusé, mais on oublie d’évoquer la responsabilité du syndicat des boulangers. En effet, les boulangers militent dans une structure syndicale dont les seuls objectifs semblent se limiter à négocier les prix de la farine. Mais ce syndicat reste plongé dans un sommeil profond et ne pense pas à la professionnalisation de ses membres. Aujourd’hui, la complexité et la délicatesse des sujets relatifs au pain rendent difficile tout échange sur la qualité du pain malien. Le consommateur se contente pour la plupart du temps de dénoncer la qualité de ce pain. Le comble est que les circuits incontrôlés de distribution et les conditions de livraison du pain exposent le consommateur à des risques énormes au niveau de la santé. Ils ne se préoccupent pas de l’hygiène, leur seul but est de se remplir les poches et aucun ouvrier ne peut présenter un certificat médical correct. C’est la triste réalité du secteur de la boulangerie au Mali.
Ni l’Etat, ni les bailleurs de fonds ne s’intéressent à ce secteur reconnu pourtant pour sa rentabilité incontestable. Ce secteur demande à être organisé afin que les populations aient accès à du pain sain et de bonne qualité.
Aoua Traoré
Tjikan