Le président Ibrahim Boubacar Keïta a entamé, depuis dimanche dernier, une visite de 72 heures à Doha, dans l’Emirat du Qatar. Un déplacement qui intervient après sa participation au Caire à la cérémonie d’investiture du nouveau président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. A Doha, le président IBK assiste aux travaux du Forum USA/Monde islamique qui se sont ouverts hier lundi et dont le Mali est l’invité vedette. En marge de cette rencontre, des entretiens sont prévus avec les plus hautes autorités qataries sans doute pour donner un nouvel élan à la coopération bilatérale. Rappelons qu’au plus fort de la crise qui a secoué notre pays en 2012, le Qatar a été accusé par les médias nationaux et même internationaux de soutenir les groupes islamistes armés qui sévissaient dans le nord.
Au cours de ce déplacement dans ce richissime Etat du Golf, le président IBK est accompagné d’une forte délégation comprenant notamment le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, ainsi que ceux chargés des affaires religieuses et du culte, de l’Industrie et des Investissements privés, et de la culture, entre autres.
Ce Forum de Doha réunit chaque année des dirigeants du monde musulman, leaders politiques, dirigeants du monde des affaires, de la société civile et des médias pour échanger sur des thèmes aussi divers que la liberté d’expression et de religion ainsi que leur impact sur le changement social et l’intolérance raciale, ethnique et religieuse.
Dans une déclaration faite à la presse, le président IBK a indiqué que le forum de Doha « constitue aujourd’hui un cadre idéal de dialogue politique et socioculturel, ainsi qu’un précieux instrument de promotion des principes démocratiques, des idéaux de justice, de tolérance, de solidarité, de paix et de sécurité au bénéfice du développement de la confraternité entre nos nations ». Le Mali est l’invité vedette de cette XIe édition du Forum Etats-Unis-Monde Musulman. D’ailleurs, l’après-midi d’hier a été consacrée à des débats sur un important projet relatif à la » Renaissance culturelle de Tombouctou « .
En marge de cette rencontre, le président de la République, accompagné de sa suite, a eu des entretiens avec son hôte, Cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani au palais du « Diwan Amiri » de l’émir de Doha. Des entretiens qui, visiblement, avaient pour finalité le renforcement de la coopération bilatérale notamment sur le plan commercial et économique. Ainsi, il s’agissait pour lui d’inciter à l’investissement direct au Mali qui sort progressivement de la crise et en quête de réalisations concrètes.
Notons qu’en prélude à cette visite, une rencontre avait réuni à Bamako des hommes d’affaires maliens et qataris pour discuter des opportunités d’investissement au Mali. Signalons qu’au Mali, le Qatar est surtout intéressé par le secteur minier principalement l’or, l’agro-alimentaire, l’hôtellerie, le transport et le tourisme.
On se rappelle que ce sont sur ces points que lors de la première visite d’IBK au Qatar en janvier 2014, le ministre Ben Barka avait noté des convergences de vues. Il avait aussi indiqué qu’à la lumière des constats faits par les experts sur l’existence d’importantes quantités de l’or noir au Mali, la compagnie pétrolière nationale du Qatar, qui possède une grande expérience dans le domaine, serait la bienvenue. Les relations entre le Mali et le Qatar se sont nettement réchauffées après la première visite que le président IBK a effectuée dans cet Etat pétrolier du Golf. Il y a lieu de rappeler que durant la crise sécuritaire que le Mali a connue en 2012, le Qatar était régulièrement accusé de soutenir les narcojihadistes qui occupaient le nord du pays en commettant toutes sortes d’exactions. C’est ainsi qu’un hebdomadaire français, citant une source de la Direction du renseignement militaire français (DRM), avait indiqué que le riche émirat gazier du Qatar finançait les groupes islamistes qui ont occupé le Nord.
Cependant, grâce au réchauffement des relations bilatérales, le Qatar semble décidé à soutenir le Mali dans cette phase de reconstruction. Ce qui a d’ailleurs valu la nomination par le Qatar d’un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au Mali avec résidence à Nouakchott. Il s’agit de SEM Abdoulrahman Bin Ali Al Kubaisi qui a présenté ses lettres de créance en janvier dernier. Reste à savoir le degré réel de sincérité de ce réchauffement et jusqu’où il ira.
Massiré DIOP
SOURCE: L’Indépendant
