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Sécheresse au Nord du Mali : LA DOUBLE PEINE DES ÉLÉPHANTS

Une quarantaine de pachydermes ont été abattus par les braconniers depuis la crise de 2012 et les éléphants mères ont perdu 28 bébés cette année.

Elephants foret brousse

Dans les alentours de la mare de Gossi, la faune est principalement dominée par les chacals, les oiseaux carnivores (corbeaux et vautours) et les éléphants. Les deux premières espèces ne souffrent que de l’absence de l’eau. Sur le plan de l’alimentation, elles trouvent largement de quoi se nourrir. En effet, dans cette zone, il est difficile, voire impossible de faire 200 mètres sans tomber sur le cadavre récent ou ancien d’une vache, d’un âne, d’un chameau, ou encore – et surtout – d’un mouton ou d’une chèvre. Certains racontent même que des hyènes qui avaient disparu de l’environnement ici depuis plusieurs décennies sont revenues, attirées par l’abondance des carcasses.
Les éléphants, par contre, affrontent une situation toute autre. Ils souffrent le martyre. Les pâturages n’abondent plus. L’eau sans laquelle ils ne peuvent pas vivre manque si cruellement que les pachydermes sont amenés à venir s’abreuver aux puisards qu’en cette année de grande sécheresse les éleveurs ont creusés à l’usage de leur cheptel. Comme si la calamité climatique ne suffisait pas, les éléphants sont plus que jamais traqués par les braconniers à qui la crise sécuritaire facilite la tâche. L’ONG Wild Foundation qui s’occupe des pachydermes dans cette partie du Mali à travers son représentant Nomba Ganamé a relevé l’abattage par les braconniers de 40 individus adultes cette année. Outre ces disparitions qui sont le fait des hommes, 28 bébés éléphants ont succombé, victimes de la soif. C’est donc la désolation au niveau des 600 agents qui assurent l’observation et le suivi du mouvement des 350 éléphants recensés dans le Gourma par Wild Foundation.
Pour Nomba Ganamé, le doute n’est pas possible : l’avenir se présente sous les auspices les plus alarmants pour le plus grand mammifère terrestre d’Afrique. La survie de ce dernier est sérieusement menacée dans notre pays en général, et dans le Gourma en particulier. Le tarissement des mares et la concentration des activités humaines autour de la zone de repli des mastodontes que constitue la mare de Gossi mettent en effet en péril leur existence. La mare est ceinte de jardins et de vergers dans lesquels sont produits pommes de terre, agrumes, fruits et légumes. L’écosystème dans les alentours immédiats a été détruit par les exploitants de bois et les fabricants de charbon de bois au sein desquels se recensent aussi bien les locaux que les exploitants venus de la ville de Gao. L’agent de Wild Foundation, qui nous détaille la situation, explique que le service des eaux et forêts qui doit protéger les animaux est dépourvu de moyens et que l’insécurité ambiante bride les interventions des agents.
UN CRIME INUTILE. Cette année, le tarissement des mares secondaires (Adiora, Ebanguimalane,) et la fracture du barrage de Eray qui a fait perdre à la mare de Gossi plus de 90% de ses réserves d’eau ont amené les éleveurs à se reporter dans les zones traditionnelles de passage et de séjour des pachydermes, note Jaime Dias, un biologiste portugais, spécialiste des éléphants qui travaille pour l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon et que nous avons rencontré à Allaghoga (Gossi). Là, il procédait au comptage des animaux pour le compte de Wild Foundation. Le scientifique trouve l’action des braconniers d’autant plus pernicieuse que ces derniers ne savent pas que les défenses des éléphants du Gourma sont striées, et donc de mauvaise qualité. « Les défenses des éléphants du Gourma sont difficilement acceptées par les joailliers. Elles n’ont pas de valeur marchande sur le marché. Ceux qui tuent les éléphants pour les dépouiller perpètrent donc un crime inutile », regrette le défenseur des éléphants du Gourma.
Nomba Ganamé, lui, livre un autre combat. Il incite les populations du Gourma à prendre conscience de l’importance des pachydermes dans l’écosystème de la région. « Les éléphants aident à la dissémination des espèces végétales dans cette zone », explique le représentant de Wild Foundation. Le scientifique Dias s’inquiète tout particulièrement des difficultés d’abreuvement des géants du Gourma. Nous avons pu vérifier le bien-fondé de ses appréhensions ce 9 juin à Alloghoga. Nous nous sommes retrouvé presque nez à nez avec un troupeau de douze éléphants qui tentaient de s’abreuver et s’étaient pour cela enfoncés profondément dans la grande étendue de boue. L’un des animaux s’est retrouvé piégé par la vase et il a fallu toute l’ingéniosité de la matriarche, âgée, selon Jaime Dias, de 45 ans, pour l’extraire du piège qui se refermait sur lui.
Au moment où nous nous séparons, Nomba Ganamé insiste à nouveau pour tirer sur la sonnette d’alarme. Il invite les populations du Gourma à prendre conscience de la valeur de leur patrimoine et à protéger celui-ci contre les braconniers qui ne peuvent pas agir sans la complicité ou la passivité des locaux. Pourvu que cet appel au bon sens soit entendu.
G. A. DICKO

source : L’Essor

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