La projection du film documentaire, «Tombouctou, le voyage en temps de paix», a rassemblé (le 16 mai 2025) au Centre international des conférences de Bamako (CICB) un public composé d’artistes, de responsables culturels, d’invités venus de plusieurs pays et de citoyens passionnés.
Réalisé par Dr. Aminata Dramane Traoré, cette œuvre met en valeur la culture malienne à travers les manuscrits anciens, l’architecture traditionnelle et la musique. Et cela tout en portant un message fort de paix et de dialogue. L’événement s’inscrivait dans le cadre de l’année de la Culture, sous le haut patronage du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, M. Mamou Daffé.
Dans la salle des banquets du Cicb, transformée le temps d’un soir en embarcation symbolique, politiques, artistes, universitaires et curieux ont redécouvert un projet visionnaire : «Tombouctou 2000». Un voyage initiatique sur le fleuve Niger, entre Bamako et la mythique cité des 333 Saints, avec un seul cap : la paix par la culture ! Le documentaire de 1h24 n’est pas un simple retour sur une aventure artistique. C’est une traversée poétique et engagée qui remet au centre du récit collectif l’importance de nos racines : l’architecture traditionnelle, les manuscrits anciens, la musique, le savoir-faire artisanal, autant de piliers d’un patrimoine dont la transmission devient plus urgente que jamais.
«Les artistes ont un rôle fondamental à jouer dans la transformation sociale. Ce que nous avons pressenti il y a 25 ans se confirme aujourd’hui encore : la culture est un levier de résilience», a rappelé la réalisatrice, Dr. Aminata Dramane Traoré, avec émotion et lucidité. Ce film, résonant aujourd’hui avec encore plus de force qu’à sa création, met en lumière la richesse insoupçonnée du septentrion malien. Il insiste notamment sur les manuscrits de Tombouctou, joyaux intellectuels qui traversent les siècles, et sur les formes d’expression artistique souvent éclipsées comme les lignes sobres de l’architecture sahélienne, la musique comme langage universel, les gestes précis des artisans qui tissent le quotidien… Mais au-delà de l’esthétique, c’est une philosophie du monde que ce documentaire exhume ; celle d’un continent conscient de son histoire, de ses luttes et de sa puissance créative.
«Il y avait des gens de partout, du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal… C’était une Afrique qui se parle, qui se cherche, qui se pense ensemble», a souligné la réalisatrice en insistant sur l’esprit de cette odyssée fluviale : le panafricanisme assumé ! Altermondialiste engagée, Dr. Traoré voit dans cette démarche un acte de résistance face à l’effacement, mais aussi un appel vibrant à la solidarité culturelle dans un monde en plein bouleversement. «Il est temps de savoir d’où nous venons, qui nous sommes et, ensemble, ce que nous pouvons construire», a-t-elle martelé.
La présence de M. Salia Mallé, représentant du ministre de la Culture, ainsi que de nombreuses personnalités du monde artistique, a confirmé l’écho institutionnel que prend cette œuvre dans le cadre de l’Année de la Culture décrétée par le président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta. Une initiative politique qui trouve dans ce genre de films une boussole, un socle et un souffle.
À l’heure où les repères se brouillent et où l’avenir appelle à de nouveaux récits, «Tombouctou, le voyage en temps de paix» rappelle une évidence : la culture n’est ni un luxe ni une parenthèse, mais un chemin, une force d’ancrage, une stratégie d’unité. Vingt-cinq ans après sa réalisation, ce film-documentaire reste l’un des manifestes les plus vibrants de cette vérité simple : c’est peut-être là, dans la beauté et la mémoire, que réside notre avenir !
Sory Diakité