La plateforme « An Tè Abana » rompt le silence pour se prononcer sur le scrutin du 29 juillet. Elle a déploré les irrégularités, dénoncé les violations de la loi, mis à nu les techniques de vol du camp du président candidat et exige au gouvernement de publier la localisation précise des bureaux de vote où le scrutin n’a pu se tenir ; la liste des procurations délivrées et les bureaux de vote où elles ont été utilisées….
L’éminent constitutionnaliste, Dr Brahima Fomba, au nom de la plateforme « An Tè Abana » déclaré que le déroulement du scrutin 29 juillet a été émaillé de nombreuses irrégularités dont une bonne part généralement liée à des manquements à la législation électorale, impliquant l’administration d’Etat.
Pour cette plateforme dont le rôle est la veille citoyenne, les irrégularités commencent par la controverse sur les anomalies supposées du fichier électoral dont des zones d’ombre persistent. « A titre illustratif également, l’Administration a violé elle-même l’Instruction ministérielle du 21 mai 2018 relative à la gestion des cartes d’électeur : cette instruction interdit la remise des cartes d’électeur d’autrui sans présentation de procuration en bonne et due forme », laisse entendre le juriste Fomba. Or, ajoute-t-il, nos points focaux nous ont rapporté, ainsi que l’ont dénoncé d’autres ONGs nationales et des partenaires internationaux, que des milliers de cartes d’électeur, par colis, ont été remis à des électeurs sans procuration et sur autorisation des présidents de commission de distribution désignés par l’administration.
Selon la plateforme « An Tè Abana », l’Instruction illégale du 26 juillet sur le vote par procuration qui ne sera abrogée que le 28 juillet, sans effet réel sur le terrain, a permis un usage abusif frauduleux de ce mode de votation.
A l’en croire, le même électeur a pu voter avec plus de deux procurations dans des bureaux de vote différents. « C’est pour cela que nous exigeons du gouvernement de publier la liste des procurations délivrées avant l’élection et la liste des bureaux où elles ont été utilisées », écrivent les membres de la plateforme « An Tè Abana ».
Dr Fomba va loi loin dans ses révélations : « De surcroit, il faut rappeler que rares ont été les bureaux de vote où les listes ont été affichées. Comme l’exige la loi électorale, les listes électorales doivent être affichées une semaine avant le jour du scrutin ». Cela n’a, à ses dires, pas permis à l’électeur d’identifier à temps les autres électeurs de son bureau de vote pour établir le cas échéant, au nom de l’un d’entre eux, une procuration de vote.
Une autre atteinte à la sincérité des résultats de ce scrutin est le bourrage d’urnes. « Ce phénomène de bourrage d’urnes est également constaté notamment dans des localités du nord où malgré la non fonctionnalité de nombreux bureaux de vote, des scores importants, voire manifestement frauduleux, sont enregistrés au profit de certains candidats comme ce fut le cas entres autres à Ber, Salem et Ghourma Rhaous, dans la région de Tombouctou, ainsi qu’à Kidal et Menaka », écrit la Plateforme, laquelle, rappelons-le, a fait échouer le projet référendaire d’IBK. Ce n’est pas tout. D’autres graves irrégularités sont enregistrées dans les grandes villes, en particulier à Bamako. Ces irrégularités sont, entre autres : les achats de conscience et des cartes d’électeurs dans l’après-midi du jour du scrutin, dans plusieurs quartiers tels qu’à Missira et Quinzambougou, au su et au vu des forces de l’ordre.
Parlant du traitement des résultats, la plateforme « An Tè Abana affirme qu’il a fallu à la commission de centralisation du district de Bamako, deux nuits et deux jours et demi, pour publier les résultats des six communes. « Néanmoins, c’est seulement en deux jours que la commission nationale de centralisation a bouclé la centralisation et le traitement des résultats de tous les 49 cercles du Mali ».
Selon Dr Fomba, avec toutes ces irrégularités, les résultats sont loin d’être sincères. « Le moins que l’on puisse dire est que ces résultats sont manifestement loin de refléter la réalité de urnes », a-t-il martelé.
Les exigences de la plateforme « An Té Abana »
Pour cette plateforme, les résultats de la présidentielle annoncés par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation sont inacceptables. Pour qu’ils soient acceptés par tous, le gouvernement doit : publier la localisation précise des bureaux de vote où le scrutin n’a pu se tenir ; la liste des procurations délivrées et les bureaux de vote où elles ont été utilisées ; les résultats bureau de vote par bureau de vote ; s’engager à ne pas faire campagne pour le président-candidat avec les moyens de l’Etat.
Boureima Guindo
Source: Le Pays