Bataille d’idées, de repositionnement, d’intimidation, de démonstration de force, ou de provocation ? En tout cas, la scène politique malienne était en ébullition la semaine dernière. Ainsi, Bamako, la capitale, a vibré le dimanche 07 Septembre dernier au rythme de deux imposants meetings organisés simultanément au Palais de la culture par l’opposition démocratique et au CICB par les partis de la mouvance présidentielle soutenant le président IBK. S’il s’agissait pour l’opposition de donner une large information sur le bilan négatif de l’an I du président IBK au pouvoir, pour les seconds, il s’agissait de la signature d’une piteuse alliance ou convention de la majorité présidentielle pour soutenir le président IBK. Coïncidence ou pas, on comprend mal pourquoi la majorité présidentielle a choisi cette date quand bien même que le meeting de l’opposition y était déjà programmé.
En démocratie, l’opposition joue le rôle de contre – pouvoir et de garde – fou au pouvoir en place. Elle dénonce les dérives du pouvoir et formule des critiques constructives. L’absence de cette opposition au Mali pendant un bon temps, au profit d’un certain consensus ou d’alliances à caractère alimentaire, a occasionné d’énormes préjudices à notre nation et fonctionnement de notre démocratie.
C’est ainsi que dès la mise en place du nouveau dirigé par le président IBK, des partis politiques et associations, à travers des hommes braves et soucieux du développement de notre pays, ont pris leur courage en main pour animer l’opposition et jouer le rôle de contre- pouvoir. Ainsi dans le but de faire un bilan de l’an I du président IBK à la tête de notre pays, cette opposition composée essentiellement des partis comme l’URD, PARENA, le PDES, le PSP et beaucoup d’autres ont organisé un grand meeting d’information, le dimanche 7 septembre dernier au palais de la Culture Ahmadou Hampaté Bah. En même temps, les partisans du président 77% des suffrages, se regroupaient au CICB pour une piteuse et honteuse signature de Convention de la mouvance présidentielle pour soutenir le président IBK. Si l’on peut qualifier le meeting de l’opposition d’une réussite eu égard à la grande mobilisation, la cérémonie de la signature de la convention de la majorité présidentielle, comprenant plus de 50 partis politiques, est à apprécier à sa juste valeur, la mobilisation n’ayant pas du tout à hauteur de souhait.
Mieux un président, élu à 77% des suffrages, a t-il besoin d’une Convention de la majorité présidentielle ? Car dès les premières heures de la proclamation des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, la plupart des candidats éliminés avaient déjà fait allégeance à IBK, alors en pole position. Un an après l’accession de ce dernier à la magistrature suprême, avec une majorité confortable de son parti RPM à l’assemblée nationale ayant plus de 77 députés, une pléthore de partis politiques et associations au sein de la majorité présidentielle, la signature d’une convention n’avait véritablement pas sa raison d’être.
L’invitation des partis politiques à la signature de cette convention, laisse planer des doutes sur la présence de sérieux problèmes au sein de cette majorité. Soit il y a un problème de leadership au sein de cette majorité, soit un sentiment de non satisfaction, soit on est loin d’être satisfait du bilan de la gestion du pays par président IBK en un an d’exercice du pouvoir, soit c’est la peur de la force de l’opposition ou son intimidation.
Moussa Diarra