Au sein du parti présidentiel, le malaise ambiant s’est vite transformé en mouvements d’humeur à l’occasion des confections de listes de candidatures pour les élections communales et régionales.
Les premières lézardes entre IBK et son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) sont apparues peu avant son investiture à la magistrature suprême. En effet, on ne sait, piqué par quelle mouche, il a regardé droit dans les yeux les cadres et militants de son parti pour leur signifier qu’il ne leur doit rien et que son élection est sa victoire à lui.
Pour des cadres du Rpm, c’était un moyen pour le président de la République de mettre fin aux nombreuses sollicitations dont il faisait déjà l’objet. Des sollicitations aux allures de chantage pour des postes, comme si être cadre ou membre du RPM donnait droit à un partage du gâteau du pouvoir. Mais avouons que, même si c’était le cas, la maladresse de la réaction l’emportait sur le bien-fondé de cette sortie. Le résultat immédiat a été le refroidissement des ardeurs de plusieurs cadres qu’on a du mal à réchauffer par la suite pour soutenir l’action présidentielle.
A l’occasion d’une rencontre avec la Majorité présidentielle, IBK soi-même, relevait l’absence de réactivité de ce camp politique face aux attaques répétées de l’opposition concernant la gestion du pays. Cela fait suite aux déclarations incendiaires relatives aux scandales du marché d’équipement de l’armée (plus de 70 milliards FCFA) et de l’achat de l’avion Ladji Bourama Air Force One (20 milliards FCFA).
Mais il oublie qu’après avoir rabroué ses gens au lendemain de son élection, il a aussi beaucoup déçu dans le choix de ses collaborateurs. «Ma famille d’abord» et des militants de la dernière heure, rentrés du Canada, de la France et d’autres pays, sont venus l’entourer et surtout le couper de ses bases. Ce malaise qui traverse le RPM ressort des discussions avec des cadres du parti, qui se sentent purement et simplement abandonnés au profit de nouveaux venus, comme le fiston national, que l’on tente de promouvoir à travers des manœuvres qui ne contribuent qu’à disloquer le RPM.
La situation est actuellement très tendue au niveau du parti présidentiel, notamment avec le renouvellement des instances du parti, à l’occasion duquel, des ministres et autres cadres responsables administratifs au niveau de l’Etat, ont cru bon de tout faire pour s’accaparer de sections du parti. Des tentatives qui n’ont contribué qu’à attiser les dissensions internes. Pour preuve, les manœuvres pour écarter Sadou Diallo à Gao, maire sortant, ont tourné casaque et le ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye Idrissa Maïga, a échoué au sujet de son opa sur la section RPM de Gao. Il sait maintenant à quoi s’en tenir car il a appris à ses dépens que Sadou Diallo n’est pas en terre étrangère à Gao, mais en terrain bien connu. Résultat des courses : le RPM est en lambeaux à Gao.
Dans le prétendu fief du président de la République, la commune IV de Bamako, le RPM a plus intérêt à serrer les rangs pour affronter Moussa Mara qui a prouvé à plusieurs reprises que cette commune reste le bastion de son parti, le Yéléma. Mais à l’heure actuelle, les clans du RPM se regardent en chiens de faïence, après une contestation du leadership actuel, avec Bakary Issa Keïta comme secrétaire général. En commune V de Bamako, la rencontre pour la confection des listes de candidature, le week-end dernier, s’est terminé au commissariat après un affrontement entre une dizaine de clans déclarés.
En commune II, depuis l’entrée par effraction de Karim Keïta en politique, le RPM connaît un grand malaise car il n’y a d’honneur que pour le fils du Khalife aux ambitions dévoilées. Les caciques du parti grincent des dents et attendent l’occasion de rebondir.
Cette occasion, c’est pour bientôt, notamment à l’occasion des élections communales et régionales. Tous les mécontents – et ils sont légion- rongent leurs freins en attendant de savoir si oui ou non ils seront bien positionnés sur les listes de candidature. C’est dire qu’il faut s’attendre à voir le clash après ces élections car des frondes, il y en aura. Comme nous le confie un cadre désabusé du RPM, qui estime qu’au rythme où vont les choses, tout est possible au sein de son parti. Tout ! A-t-il dit. Mais quoi au juste ? Ça sent bien le roussi !
source : bamada.net