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SAS: scandales dans le scandale

Et si les 49 soldates ivoiriens qui n’ont pas réussi à passer à travers les mailles du filet de la nouvelle sécurité aéroportuaire à Bamako-Sénou n’étaient que la partie visible de l’iceberg ? Et si Sahel aviation service était le véritable serpent de mer du vaste complot international tramé contre la souveraineté de notre pays ? Derrière les contre-vérités de l’État ivoirien au sujet de son contrat avec SAS, dont la Minusma dit n’avoir aucune connaissance, les activités parallèles et intrigantes de cette société, un double scandale allemand semble se profiler dans le scandale de l’Affaire dite des 49 mercenaires. Le jeu trouble de l’Allemagne dans cet épisode bancal et dans celui non moins obscur de la libération d’un de ses otages jure avec la traditionnelle délicatesse de diplomatie allemande et de la bienveillance de ce pays qui est pourtant la première à reconnaître notre indépendance, notre souveraineté qu’il bafoue aujourd’hui. Les faits.

 

Dans une lettre adressée à la compagnie ‘’Sahel Aviation services (SAS) SARL », ce lundi 1er août 2022, le Président directeur général (PDG) des Aéroports du Mali demande à cette dernière de prendre les dispositions qui s’imposent pour l’évacuation des forces étrangères présentes dans ses locaux situés dans l’enceinte de l’aéroport international président Modibo Keita de Bamako-Sénou, dans un délai de soixante-douze heures à compter de ce mardi 2 août 2022.
Dans sa correspondance adressée à la gérante de ‘’Sahel Aviation services (SAS) SARL, ce lundi 1er août 2022, le PDG de l’Aéroport de Bamako-Sénou motive cette décision par les faits suivants : « Il nous a été donné de constater que contrairement aux activités autorisées par la convention citée en référence, vous effectuez l’accueil et l’hébergement de forces armées étrangères et avez à cet effet réalisé un hôtel avec d’autres commodités. Cet état de fait engendre des risques pour la sûreté intérieure et extérieure de l’État et constitue une violation de vos obligations contractuelles notamment l’article 2 intitulé « destination du bien » qui stipule : « Le bien mis à la disposition du concessionnaire lui est remis à titre strictement personnel pour servir à la construction de bureaux, hangar et à l’aménagement de voies de circulation ».
C’est sur base de ces faits irréfutables que le PDG des Aéroports du Mali a demandé à ‘’Sahel Aviation services’’ de faire cesser ses activités d’accueil et d’hébergement avec effet immédiat. De même, il demande à la société de prendre les dispositions qui s’imposent pour le départ des forces étrangères de ses locaux dans un délai de soixante-douze (72) heures à compter du mardi 2 août 2022.
On se rappelle que suite à l’interpellation des 49 militaires ivoiriens, le lendemain de la fête de Tabaski, le 10 juillet dernier, le gouvernement dans un communiqué avait indiqué que ces derniers étaient entrés sur notre territoire en détention d’armes de guerre sans aucune base légale et sans aucune information préalable et les avait donc considérés comme des mercenaires. En effet, entre autres versions avancées pour justifier leur présence sur le sol malien, les militaires ivoiriens interpellés avaient dit qu’ils étaient en mission confidentielle, qu’ils faisaient partie d’une rotation dans le cadre de la Minusma, qu’ils étaient venus pour la protection du contingent allemand ou pour la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahel Aviation Services.
Réagissant à l’arrestation de ses soldats, la Côte d’Ivoire avait prétendu que ces derniers étaient dans notre pays « en vertu d’une convention signée, en juillet 2019, entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations Unies, et conformément à un contrat de sécurisation et de soutien logistique signé avec la Société Sahel Aviation Service (SAS), des militaires ivoiriens sont présents à l’Aéroport de Bamako ». Toutes qui ont été démenties par les Nations-Unies et sa mission à Bamako qui disent qu’aucun soldat ivoirien n’a été déployé dans le cadre des NSE depuis 2019 et que la Minusma est en totale ignorance d’un contrat entre la Côte d’Ivoire et la Sahel aviation service (SAS).

Dès lors qu’il y a aucun lien contractuel connu et reconnu entre la Côte d’Ivoire et la société allemande pour travailler sur la base logistique, la question est : Sahel aviation service (SAS) est-elle fondée juridiquement à avoir sur sa base logistique d’autres contingents ? Dans son communiqué du 11 juillet 2022, le gouvernement avait décidé « de mettre fin, avec effet immédiat, à l’activité de protection de la compagnie aérienne Sahel Aviation Services par des forces étrangères et exiger leur départ immédiat du territoire malien ». Il avait par ailleurs «inviter la Compagnie aérienne « Sahel Aviation Services » à confier dorénavant sa sécurité aux forces de défense et de sécurité maliennes». Selon des sources bien introduites, les deux avions qui ont servi au transport des 49 soldats ivoiriens et de leur arsenal guerrier ont été mis sous scellés par la justice.
Trois semaines après les faits, la société allemande qui s’estime en terrain conquit et ne devoir aucun respect à la souveraineté de notre pays a continué ses activités parallèles et obscures dans l’enceinte de l’aéroport Bamako-Sénou. C’est pourquoi les autorités aéroportuaires ont sommé la compagnie aérienne SAS d’expulser toutes les forces étrangères de l’enceinte de l’aéroport dans un délai de 72h.
L’Allemagne se mouille avec SAS dans l’illégalité
En effet, outre la présence des forces étrangères sans aucune base légale sur notre territoire, qui plus est dans le domaine aéroportuaire, la société allemande faisait de l’hôtellerie de luxe en toute illégalité en faisant perdre à l’État des centaines de millions en impôts et taxes. C’est ça le scandale dans le scandale. Qu’un pays comme l’Allemagne qui dénonce la prédation coloniale laisse une de ses sociétés agir en toute illégalité en matière de fisc. En érigeant un hôtel 5 étoile sans aucune autorisation et en la faisant fonctionner, SAS prive scandaleusement l’État malien d’impôts et taxes. Toutes choses qu’elle n’oserait jamais faire chez elle.
Le scandale dans le scandale aussi c’est que, en dépit des indices graves et concordants de collusion avec le mercenariat et d’hôtellerie illicite, nos autorités trouvent l’humiliant moyen de continuer à tolérer sinon pactiser avec Sahel aviation service (SAS).
Il revient de façon redondante que cette SAS avait perdu son agrément depuis 2020, qu’elle n’avait pas demandé son renouvellement, mais qui continuait à travailler sur le sol malien en toute illégalité, au vu et au su des Maliens. SAS n’aurait pas réussi à construire un hôtel sans que personne ne soit au courant. Elle n’aurait pas prospéré dans son activité d’hôtellerie illicite sans le silence complice et la bienveillance crapuleuse de certains d’entre nous même maliens. N’y a-t-il pas de quoi approfondir les investigations à ce sujet ?
Quid du Mali
De la même manière des narcoactivistes et des trolls en mission ont fait courir le bruit depuis ce mardi que, faute d’avion présidentiel en maintenance à Addis (il doit revenir ce mercredi), la délégation conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, s’est rendue à Lomé pour rencontrer les autorités ivoiriennes à bord d’un avion de la compagnie Sahel Aviation Service (SAS), la même compagnie qui n’a pas renouvelé son agrément, la même compagnie impliquée dans l’affaire qui lui vaut le déplacement et la même compagnie qui héberge des forces étrangères illégalement dans l’enceinte de l’aéroport Président Modibo Keïta de Bamako-Sébiy. Le ministre Diop et sa délégation étaient-ils dans l’ignorance des faits ou ignoraient-ils leur portée ainsi que leur enjeu pour la sécurité nationale ? Qu’on lui fasse grâce généreusement de son interview post fermeture sur Rfi, mais le ministre Diop devrait commencer à intégrer, pour la pérennité de l’estime des Maliens, qu’il n’y a pas d’exception diplomatique en matière de respect de la souveraineté et que celle-ci va de pair avec la fierté et la dignité du peuple malien. Nous sommes pauvres, mais nous voulons être respectés. Sachons prendre de la hauteur. ‘’Saya ka foussa malo yé’’.
Le scandale dans le scandale c’est enfin le mépris de cette Allemagne qui croit en un no man’s land et libre de faire ce qu’elle veut et par-dessus la tête de nos autorités légitimes. Outre qu’une de ses sociétés croit pouvoir faire ce qu’elle veut et comme elle veut dans l’enceinte de notre aéroport principale, il nous revient sans aucun démenti que l’Allemagne a traité à Gao avec les terroristes contre le versement d’une forte somme d’argent pour la libération de l’otage allemand, Jörg Lange, enlevé le 11 avril 2018 au Niger par l’État islamique (Daesh). Jusqu’où l’État allemand est impliqué dans ce coup dur pour la lutte contre le terrorisme au sahel ?
En effet selon des informations, non démenties, l’Allemagne aurait remis un important lot de matériels militaires de guerre aux terroristes de Daesh en plus de la rançon de plusieurs millions d’Euros pour libérer son otage allemand, à l’insu des autorités de la transition.
Le scandale est d’autant plus retentissant que l’échange s’est fait à Gao et non au Niger, lieu d’enlèvement de l’otage. Outre que le sordide échange prouve que certaines élites locales connues pour leur collusion avec le terrorisme profitent de la situation pour s’enrichir via des intermédiaires, cela pose également des interrogations sur la constance et la fiabilité du partenariat avec l’Allemagne qui semble se substituer à la France non seulement dans la prédation, mais aussi dans la complicité avec les terroristes. Sinon l’Allemagne n’est pas sans savoir que la rançon payée va permettre aux ravisseurs de se renforcer pour enlever d’autres personnes, pour acheter des armes et recruter de nouveaux combattants et pour commettre des attaques terroristes. Parce qu’il serait trop facile de dire que c’est la famille de l’otage qui a traité avec les terroristes à l’insu des autorités allemandes.
Connaîtra-t-on tous les dessous de cette nébuleuse un jour ?
Attendons voir.
Affaire à suivre
PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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