La dépravation des mœurs a atteint sa vitesse de croisière à Bamako. A force de voir les choses gauches ce temps-ci, l’on se demande si l’Apocalypse tant annoncée n’est pas déjà à nos portes.
L’histoire s’est déroulée le week-end dernier à Sarambougou, un quartier à la périphérie de la Commune I mais administrativement affilié à Kati. Alors que tous se préoccupaient des mouvements du week-end, deux dames, dans un grand carré réglaient leurs comptes, ce qui ne laissait personne indifférent surtout que les protagonistes ressemblaient à de gros bonnets.
A première vue, on pouvait voir une dame en jean portant des dreads tenir le col d’une autre, un peu plus âgée qu’elle. Les chaudes discussions ne pouvaient laisser place à autre chose qu’un chagrin d’amour. Rend moi mon téléphone, ordonnera la dame en jean. Et à la deuxième de répondre qu’elle n’a pas reçu de téléphone de la première.
La tension montait d’un cran et les curieux présents tenaient à savoir comment l’une a pu être en possession du téléphone de l’autre. Aucune explication n’a pu être donnée par les deux dames. Malgré l’intervention des spectateurs, la dame en pantalon voulait en finir avec l’autre. Elle lui tenait au cou, criait sur elle, lui assénait des gifles.
Comme un coup de massue sur la tête de l’assistance, un jeune homme témoignera en confirmant que les deux dames sont des “gouines” et qu’elles sortaient régulièrement ensemble. L’information a été confirmée par la dame en pantalon qui semble être “l’homme”. Elle ajoutera que cela faisait quelques jours qu’elle ne retrouvait pas sa dulcinée (sa copine), car cette dernière serait en relation avec quelqu’un d’autre, c’est pourquoi elle veut lui reprendre le téléphone qu’elle lui a acheté.
Ces propos tenus ont rendu certains curieux furieux au point qu’ils voulaient les frapper. Heureusement les deux amoureuses ont compris cet état de fait et ont quitté la foule main dans la main.
Le phénomène des gouines au Mali dépasse les limites. Si dans un passé récent, les adeptes se cachaient, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Il suffit de faire un tour dans quelques espaces de loisirs huppés de Bamako pour se rendre à l’évidence. La Cité des Trois Caïmans n’a rien à envier aux villes newyorkaises ou hollywoodiennes. Tout se vend et tout s’achète… les mineurs se prostituent, les pédés ou gouines ne se cachent plus. Apocalypse Now ?
Abdourahmane Doucouré