Du retour d’un court séjour aux USA en passant par l’Égypte, le jeune neurologue malien Guida LANDOURE raconte à ses amis internautes la tentative d’humiliation qu’il a su déjouer avec ruse à l’aéroport International du Caire.
‘’Mon petit frère voulait m’humilier. Mon grand frère n’avait rien planifié pour me défendre. Comment pouvait-il d’ailleurs, lui qui fait partie des deux camps. Heureusement, mon oncle, encore lui, était là pour me sauver. Je sais que les Kanté n’ont rien compris. Je m’en vais donc aux détails’’, a ironisé Dr LANDOURE avant de passer aux choses sérieuses.
Du Caire, du fait de la politique des bailleurs, je devais transiter par Paris. Vu que je suis malien, je devais prendre un visa de transit que je n’avais pourtant pas. En conséquence, je devais être empêché de monter à bord de mon avion.
Et pourtant, l’aéroport en question est dit international. Est-ce une Erreur ! Ou bien les pays comme le Mali ne sont pas concernés. Si oui, qu’on m’explique pourquoi nous qui crions avec fierté être de la francophonie. Comment est-ce que, nous qui crions partout la France un pays ami, premier partenaire… Continuons de subir autant de malveillance.
Peut-être que sans visa “de survol”, nous finirons par ne plus survoler l’espace aérien Français. Enfin, en feuilletant mon passeport et en prenant mes empreintes, ils se sont rendu compte que je venais de chez mon oncle (aux USA). Du coup, les données changent. “Puisque tu as un visa américain valide, tu pourras donc transiter”.
Aussitôt, ma réponse a été plus piquante. “Comment pouvez-vous imaginer que je puisse chercher à immigrer illégalement en France étant donné que j’ai un visa Américain valable pour 5 ans ? Comment pouvaient-ils imaginer que je puisse illégalement immigrer en France avec un visa Britannique valable pour 2 ans ?”. Mieux, ce qu’ils ne savent pas, comment pourrais-je abandonner mes ambitions présidentielles et immigrer illégalement dans un pays dans lequel je ne pourrais pas voter ni prétendre être président… a ironisé une fois de plus.
En 2008, j’avais écrit à la cour internationale des droits de l’homme pour décrier cette discrimination qui viole les droits individuels et collectifs. Mais ma plainte est restée sans suite. Pourquoi signe-t-on les traités et résolutions internationaux si quelque part on nous prive du droit international ?
Aujourd’hui on crie au scandale devant les nouvelles de vente d’hommes en tant qu’esclaves en Libye ! Est-ce de l’hypocrisie ? On sait bien qu’il y a encore une forme d’esclavage, juste là, Claudi, au Mali, juste là Alpha, en Mauritanie, juste là Tiken, en Côte d’Ivoire et je ne parle pas de l’Arabie Saoudite.
Si on le prend au sens large, combien de fois nos dirigeants nous vendent aux pays étrangers ou aux grandes sociétés d’exploitation pour moins de $10 par tête ? Je ne veux pas beaucoup commenter sur ce fait. Bien que condamnant cet acte inhumain, je rappelle ce que Thomas Sankara disait : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère… »
C’est pourquoi je dis :
Donnez-moi le pouvoir, je rendrai à nos peuples leur dignité. Je traiterai avec réciprocité toutes les questions internationales. Si un Malien n’a pas le droit d’atterrir dans un pays sans visa, les citoyens de ce pays seront traités de même chez nous.
Je sais que c’est politiquement incorrect, tant sur le plan national qu’international mais je ne joue pas à la “politique” pour me faire des voix ou des soutiens internationaux qui n’ont pour but que de perpétuer cet ordre mondial qu’ils veulent à leur faveur. Relevons, ne serait-ce qu’un peu, la tête, s’il vous plaît.
Guida Landouré, neurologue au chu du Point-G