Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) Mali a organisé, ce jeudi 15 février 2024, un atelier de restitution du Forum des médias sur la santé et la nutrition en Afrique de l’Ouest et du Centre (en partenariat avec l’UNICEF et le ministère de santé et du développement social à la Maison de la presse. Cette rencontre a été une occasion pour les acteurs intervenant dans le secteur de faire l’état des lieux de la Santé maternelle et nutritionnelle au Mali avant de décliner les défis pour 2024.
L’ouverture des travaux était présidée par le représentant du ministre de la Santé et du développement social Dr Ben Moulaye HAIDARA ; en présence de du représentant de la maison de la presse, Mamadou Talata MAIGA ; de la coordinatrice nationale du REMAPSEN Mme Fanta DIAKITE ; de la représentante de l’UNICEF, Mme Fatou Diagne.
Des différentes communications enregistrées, lors de cette rencontre, il ressort que la malnutrition est un problème de santé publique au Mali. En dépit des efforts mise en œuvre de la politique nationale de nutrition évaluée par les enquêtes déployés par le gouvernement avec ses partenaires techniques et financiers dans la lutte contre la malnutrition, ce phénomène reste encore un des fardeaux pour lesquels les communautés en général et particulièrement les couches vulnérables, notamment, les enfants, les adolescents, et les femmes en âge de procréer ; paient un lourd tribut.
Le Dr Ousmane SYLLA, Office national de la Santé de la reproduction (ONASR), a souligné que la mortalité infanto-juvénile est de 101‰ naissances vivantes. Et les infections respiratoires aiguës (IRA) particulièrement la pneumonie, le paludisme, la déshydratation induite par des diarrhées sévères et la malnutrition aiguë constituent les principales causes de décès d’enfants au Mali.
Selon les documents de l’état de mise en œuvre de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME) et les rapports de formation publié en 2018, bien que 66% des districts sanitaires soient couverts par la stratégie PCIME aucun n’a atteint le taux requis de 60% de prestataires formés. Ce chiffre est resté stationnaire depuis 2015.
Selon un document de la Direction générale de la Santé et de l’Hygiène Publique (DGSHP), les cinq régions du nord ne disposent d’aucun site offrant le diagnostic précoce.
L’admission des cas de malnutrition aiguë globale chez les enfants de 6 à 59 mois dans les structures de prise en charge est restée stationnaire entre 2017 (35,62%) et 2018 (36,27%).
La couverture vaccinale de base des enfants de 12-23 mois est de 45%.
La prévalence de l’anémie chez les enfants de 6 à 59 mois est de 82%.
La prévalence élevée des parasitoses chez les enfants (vers intestinaux, paludisme…) serait la principale cause de l’anémie.
Le taux de diversification alimentaire chez les enfants de 6 à 23 mois était de 22% en 2018.
Selon le Dr Ousmane SYLLA, de l’ONASR, le taux de vaccination a été maintenu à 77% de couverture, ce qui correspond au niveau de couverture de l’année 2019, après avoir connu une baisse à 70% en 2020 en raison de la pandémie de COVID. (WUENIC).
Sur le plan des soins de la mère et du nouveau-né, 650 établissements de santé ont reçu des équipements afin de renforcer leurs infrastructures techniques et 532 professionnels de la santé maternelle et néonatale ont bénéficié d’une formation sur l’accouchement et les soins aux nouveau-nés directement sur leur lieu de travail.
S’agissant de la Prise en charge de la malnutrition, il y a eu le dépistage actif de la malnutrition chez plus de 5 000 000 d’enfants de 0-59 mois ; la fourniture de plus de 5000 tonnes d‘aliments thérapeutiques et prise en charge d’environ 150 000 enfants MAS en moyenne par année ; l’élaboration d’un nouveau protocole de prise en charge de la Malnutrition qui implique plus les mères d’enfants et les communautés.
Toujours selon les statistique plus 1,4 million d’en¬fants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aiguë au niveau national, dont plus de 313 000 de la forme sévère (IPC MNA Sept. 2023) en 2024, dont 1,2 million d’enfants MAG et plus de 268 000 enfants MAS dans 48 cercles en urgence nutritionnelle.
De même, près de 88 000 femmes enceintes et allaitantes malnutries aiguës en besoin de traitement pour 2024 (IPC MNA, Sept. 2023).
Les régions du Centre, du Nord et de l’Est sont les plus affectées, notamment les zones d’accès difficile comme Ménaka, Gao, Tombouctou, Kidal et Taoudénit.
Plus de 48 cercles administratifs sur 56 sont en situation d’urgence nutritionnelle (IPC MNA, Sept 2023).
Le besoin en financement du secteur de nutrition pour la réponse nutritionnelle en urgence en 2024 est estimé à $ 74,6 millions dont : UNICEF : $31 millions ; PAM $27 millions ; et NGOs: 16,6 millions.
«Si la nutrition n’est pas financée à partir de ce jour, la situation va devenir pire, la prise en charge nutritionnelle de plus de 313 000 enfants souffrants de MAS, 1,1 millions enfants souffrants de MAM et près de 88,000 femmes enceintes et allaitantes sera interrompue d’ici 2024 », prévient l’ONASR.
Selon les prévisions de la même structure, ‘’si des actions urgentes ne sont pas diligentées, la crise nutritionnelle persistera dans les cercles en urgence nutritionnelle au cours de la période de soudure, augmentant la mortalité et la morbidité des femmes enceintes et allaitantes ainsi que des filles et des garçons de moins de 5 ans’’.
Et si rien n’est fait, les capacités de réponse et le passage à l’échelle de la réponse nutritionnelle dans les 48 cercles et les 6 communes de Bamako prioritaires seront impactées.
Par Abdoulaye OUATTARA