Lors de son passage dans l’émission Mali kura Taa sira, la ministre de la Santé et du Développement social, Mme Diéminatou Sangaré a fait le bilan du gouvernement de la rectification dans le domaine de la santé. Malgré le contexte économique difficile, surtout avec les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, d’importants efforts ont été fournis par son département.
Dès à l’entame de ses propos, Mme Diéminatou Sangaré a mis l’accent sur sa volonté du renouveau du secteur de la santé avec comme vision : développer l’offre de santé de qualité accessible géographiquement ; mettre en place un dispositif de financement de la demande de santé, à travers un mécanisme de tiers payant en vue de parvenir à la couverture santé universelle ; apporter le concours de l’Etat à toutes les populations dans le besoin.
Nécessité de reformes
Pendant la période de la rectification, selon la ministre Sangaré, la MSDS a effectué des missions de prise de contact et d’évaluation dans les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Bougouni, Nioro et dans les hôpitaux et centres de santé de Bamako, ainsi que dans les structures techniques relevant du département.
Au cours de ces visites, le département de la santé a constaté, entre autres : l’insuffisance et l’instabilité des ressources humaines, surtout les spécialistes avec une faible motivation du personnel et une mauvaise répartition ; l’insuffisance du plateau technique des structures de soins, y compris le problème de maintenance des équipements et matériels médicochirurgicaux ; l’arrêt de certains chantiers de travaux de construction (CSRèf de Kolokani, de la Commune IV, de Farako, le Bloc de cardiologie du CHU Point G, hôpitaux de Koulikoro, de Koutiala, siège ANTIM …) ; l’accumulation des arriérés de paiements de la PPM rendant difficile l’approvisionnement régulier du pays en médicament ; vaccins, réactifs (avec souvent des ruptures) ; la non-opérationnalisation de la clinique périnatale Mohamed 6 qui prend en charge les urgences de la mère et de l’enfant, dont les travaux ont été achevés en 2016 et dont l’acte de donation date de 2020 ; la lenteur dans l’adoption de certains textes législatifs et réglementaires (exemple loi sur le sang humain qui était à l’AN depuis 2019) ; la faible couverture des populations par les mécanismes de protection sociale (AMO et le RAMED) ; l’inadaptation des textes qui régissent le socle juridique des organismes de Protection sociale au Mali ; l’existence de systèmes d’informations parcellaires (non intégrés).
Face à toutes ces insuffisances, selon la ministre de la Santé et du Développement Social, les différents systèmes (santé, solidarité et protection sociale) nécessitent une réforme importante.
Les réalisations d’un an
Comme dans beaucoup d’autres domaines, les lignes ont bougé dans le secteur de la santé. Recrutements d’agents de santé, équipements, don de matériels et de produits…beaucoup ont été fait, selon la ministre Sangaré. Concernant le recrutement, après celui de 106 agents en cours, selon la ministre, un second concours de recrutement sera lancé avant la fin de l’année 2022.
En ce qui concerne la lutte contre la Covid-19, des réunions ont été tenues avec les acteurs pour faire les ajustements nécessaires et décentraliser les tests dans les régions. Ce qui a été fait dans ce sens, c’est le Réaménagement et l’équipement de salles de réanimation pour la prise en charge des cas grave de Covid-19 (augmentation de capacités en lits de plus de 50%) ; la dotation des structures de 53 respirateurs et de 23 moniteurs pour la prise en charge des cas graves de Covid-19 ; l’approvisionnement en vaccins contre la Covid-19 : la maladie à coronavirus demeure mais avec un taux de positivité en baisse de 19,87% à 2,26% et un taux de guérison de plus 97%.
Les autorités de la transition, à travers le ministère de la Santé et du Développement social, ont beaucoup travaillé au renforcement du plateau technique des hôpitaux et centres de santé. Dans ce cadre que beaucoup de construction ont été faites. Il s’agit de : démarrage des travaux d’implantation de centrales d’oxygènes (Point G, hôpital du Mali, hôpital dermatologique) ; renforcement de la centrale d’oxygène du CHU Gabriel Touré ; l’achèvement des travaux de construction du CSRef de Kolokani et son inauguration ; la levée des réserves des travaux de construction du CSREF de la commune 4 du district de Bamako ; la réhabilitation de Centres de Santé Communautaire ; l’ouverture d’une unité de réanimation pédiatrique et d’une unité de prise en charge Covid-19 au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel TOURE ; la reprise des travaux de construction des hôpitaux de Koulikoro et de Koutiala ; l’achèvement de l’unité pédiatrique du CSREF de la commune1 ; la poursuite des travaux du CSREF de Farako ; la reprise des travaux de construction ainsi que l’équipement du Bloc de cardiologie du CHU Point G sont en cours ; l’ouverture de la clinique Mohammed 6 : les problèmes d’eau et d’électricité ont été résolus, la formation du personnel a débuté avec l’équipe marocaine et elle se poursuit ; l’achèvement des travaux de construction d’un entrepôt moderne pour la PPM à Koulikoro ; l’achèvement des travaux de construction et l’inauguration de trois centres de paiement de la CMSS.
D’énormes efforts ont été fournis en termes d’équipements et de logistiques. A ce niveau, la ministre Diéminatou a mentionné : l’équipement de 15 CSCOM ; la réception des équipements d’imagerie médicale : au CHU POINT G, à l’Hôpital de dermatologie de Bamako, au CNOS. « Concernant les équipements de lutte contre Covid-19 : fourniture et installation de respirateurs, moniteurs, autoclaves et de divers équipements connexes et matériel de protection et de prévention dans tous les centres de prise en charge », précise la ministre de la Santé et du Développement social. La fourniture et installation de matériels et équipements complets de blocs opératoires, de laboratoires modernes, de fauteuils dentaires, endoscope digestif, appareil de champs visuel ont été également fait. « Concernant la prise en charge des urgences : l’équipement partiel du service d’urgence et de réanimation de Gabriel TOURE et complet de celui du Point G dont l’ouverture a eu lieu le 23 décembre 2021 », dit-elle.
S’agissant de la logistique, elle affirme qu’il y a eu l’acquisition de véhicules pour les supervisions, des ambulances dont certaines médicalisées, de motos pour stratégie avancée, de motos ambulances pour les CSCom et de groupes électrogènes.
En ce qui concerne les textes législatifs et réglementaires, la ministre de la Santé et du Développement social s’est félicitée de l’adoption de 15 textes. Il s’agit de la Loi relative à la modification de l’Ordonnance n°2019-011/P-RM du 27 mars 2019 portant création de l’Institut national de Santé publique ; la loi relative au sang humain et ses dérivés ; de l’Ordonnance portant modification de la Loi n°02-050 du 22 juillet 2002 portant loi hospitalière ; de l’Ordonnance portant création de l’Agence Nationale d’Evaluation et d’Accréditation des Etablissements de Santé ; du décret fixant les modalités d’application de la Loi n°2018-027 du 12 juin 2018 relative aux droits des personnes vivant avec un handicap ; du Décret fixant les modalités d’application de la Loi N°2018-074 du 31 décembre 2018 portant institution du Régime d’Assurance Maladie Universelle ; du Décret fixant les modalités d’application de la Loi 2018-053 du 11 juillet 2018 portant code des pensions des fonctionnaires, des militaires et des parlementaires ; du Décret fixant le détail des compétences transférées de l’Etat aux Collectivités Territoriales en matière de santé ; du décret fixant les conditions de création et les principes fondamentaux de fonctionnement des Centres de Santé Communautaire (CSCom) ; du Décret instituant le Registre Social Unifié (RSU) ; du Décret fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’Agence Nationale d’Evaluation et d’Accréditation des Etablissements de Santé ; du Décret fixant le cadre organique de l’Inspection de la Santé ; du Décret instituant la journée des Pupilles au Mali ; du décret déclarant Pupilles de la Nation en République du Mali ; et du décret déclarant Pupilles de l’Etat en République du Mali.
Les perspectives
En plus des actions réalisées en un an, la ministre Diéminatou Sangaré a annoncé plusieurs actions dans le futur. Elles sont, entre autres : la mise en œuvre du régime d’assurance maladie universelle ; l’enrôlement de 3 millions de bénéficiaires du RAMU ; la transposition du socle juridique applicable aux organismes de protection sociale des pays membres de la CIPRES ; l’Élaboration du plan de santé numérique ; l’Achèvement du siège R+5 ultramoderne et écologique de l’ANTIM ; l’’amélioration de l’accueil et de la prise en charge des patients ; l’amélioration de l’hygiène dans nos structures de santé ; l’élaboration d’une politique nationale de maintenance des équipements biomédicaux ; la décentralisation du Centre National de Transfusion sanguine ; le retour des aides-soignants dans le dispositif des hôpitaux ; le renforcement des capacités en termes de ressources humaines ; la poursuite de la relecture des textes ; la transformation effective des csref en hôpitaux de district ; la Réalisation d’un hôpital de 4ème référence qui prendra en charge les principales causes d’évacuation sanitaire ; la Réalisation d’un nouvel Hôpital Régional à Kayes ; la restructuration et la mise à niveau des CHU ; le remplacement de la totalité de la literie de toutes les structures de santé ; la Réalisation de deux cliniques par l’Algérie à Gao et Kidal ; l’extension et la modernisation de l’hôpital de Tombouctou ; la Construction du Siège des structures (CPS-CEPRIS-DRH) ; la Construction du siège de l’ONAPUMA ; la construction du siège des ordres des professionnels de la santé ; l’extension de l’hôpital de Dermatologie ; la construction d’un pavillon d’hospitalisation de 100 lits à l’hôpital du Mali.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS