Une semaine après le limogeage du ministre de l’Agriculture Lassine Dembélé remplacé au pied levé par Daniel Siméon Keléma, la contre-offensive tente de frayer le chemin. Depuis les premières heures de l’annonce de la double destitution du ministre et de son PDG, une source bien suivie, relayant des proches de Lassine Dembélé, avait fait entrevoir une possible démission du ministre.
Selon elle, le changement dans le Batiment N°1 de la Cité Administrative serait dû à une démission du locataire qui ne voulait pas être complice des magouilles de l’Hôtel des finances. Derrière l’écran de fumée, on projette le scénario suivant lequel l’intégrité et la probité morale du démis ne lui permettaient de vendre au marché noir des dons pour renflouer les caisses vides de l’Etat, si ce n’est sous-entendu, les proches de son collègue. Sauf que le produit anti-jassides (pesticide) qui aurait tué dans la zone de Kita est à mille lieues du prétendu engrais généreusement donné par l’institution de Breton Woods. La Banque mondiale, à notre connaissance, accorde des financements (des prêts) et non des dons en nature.
Le brouillard comme on le voit n’est pas si épais que ça pour masquer le gros scandale des produits anti-jassides qui aurait provoqué mort d’homme, et le scandale encore plus retentissant de la tentative maladroite et malicieuse de Nango Dembélé à travers son homme de main pour instrumentaliser les responsables des secteurs afin de cacher la vérité à la Commission d’enquête que la Présidence de la République s’apprêtait à envoyer afin d’éclairer la religion du Président de la transition sur cette question.
Les tentatives de fuite en avant du démis n’expliquent pas pourquoi, il a sollicité le Président Assimi plusieurs fois afin d’avoir la dérogation pour couvrir ses produits anti-jassides ‘’mortels’’. C’est la vigilance et l’intuition du Président qui ont évité au pays le pire.
L’écran de fumée qu’on tente d’allumer, aurait du mal à couvrir le scandale, le crime. Car il y a eu au moins un mort, à Kita, selon plusieurs sources. Surtout, il aura du mal à convaincre les Maliens que le ministre sortant, qui était bien présent au Conseil des ministres du mardi 16 juillet 2024 au cours duquel il a même fait une communication, était démissionnaire. Lors de ce conseil des ministres, il a pris la décision de remplacer le PDG de la CMDT, Nango Dembélé. Celui qui est animé de la volonté de partir, prend sur lui la responsabilité de mettre fin aux fonctions d’un autre cadre. Il faut bien être (bagnègo) pour le faire.
A moins qu’il ne nous dise comme les enfants du village : (Assimi m’a doublé, surpris) !
Si le ministre sortant, Lassine Dembélé, avait l’intention de démissionner, pourquoi a-t-il attendu son limogeage pour annoncer qu’il avait l’intention de le faire ?
Comme chacun sait, la démission caractérise une volonté explicite, claire et non équivoque de quitter définitivement sa position. Pour que le départ soit considéré comme une démission, il faut qu’il soit manifesté une volonté claire et non équivoque de quitter la fonction, dans le cas d’un ministre.
Pour être valable, la démission doit répondre à un certain nombre de conditions de validité. Au fond, le salarié démissionnaire doit faire preuve d’une volonté claire et non équivoque de démissionner. Ce qui n’est pas le cas de Lassine Dembélé. Parce que selon la jurisprudence, le salarié qui cesse de travailler sans apporter d’explications ne peut être considéré comme démissionnaire, à plus forte raison un ministre qui prend part au Conseil des ministres.
Enfin, au-delà de la controverse stérile qu’on voudrait enclencher, la vraie question n’est pas de savoir si le ministre et le PDG de la CMDT ont été limogés ou s’ils étaient sur le point de démissionner. Dans cette affaire, c’est la suite que les Maliens attendent. Des hauts responsables de l’Etat qui passent outre le décret de dérogation et introduisent des produits anti-jassides qui peuvent tuer. Des Hauts responsables de l’Etat qui projettent, de concert, à dribbler et tourner en bourrique une commission d’enquête à l’initiative du Président de la transition lui-même doivent répondre devant la justice. Non seulement pour la redevabilité et surtout la vérité après de telles révélations gravissimes. Sans cette étape, les autorités encouragéraient l’iimpunité. Alors leur limogeage resterait une simple punition dans un contexte où les Maliens ont soif de la justice.
PAR SIKOU BAH