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Sans Tabou: retrait AES de la CEDEAO, les langues se délient

Le retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continue de faire de grands bruits. Après la sortie de plusieurs observateurs pour critiquer les décisions impopulaires des chefs d’État de la CEDEAO ayant abouti au retrait des pays de l’AES, les langues commencent à se délier au sein de l’organisation sous régionale. Le Président du Bénin, Patrice TALON, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer les chefs d’État qui, à travers leurs décisions irréfléchies, sont en train de faire voler en éclat la CEDEAO des peuples. Les sanctions prises par la CEDEAO contre les pays de l’AES étaient-elles unanimes ?

Le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO risque d’être la goutte d’eau qui fera déborder le vase. En tout cas, à l’allure où vont les choses, le réveil risque d’être brutal pour les chefs d’État de la CEDEAO qui, au lieu de défendre la cause des citoyens, prennent des décisions impopulaires dont les conséquences pèsent sur ceux-ci.

Après ses sanctions illégales et inhumaines contre notre pays en 2022, l’organisation sous régionale a imposé le type d’embargo au Niger. Une décision qui, visiblement, n’a pas fait l’unanimité au sein de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO. C’est pourquoi, les langues commencent à se délier. Le Président béninois a exprimé sa désapprobation et appelle à préserver la CEDEAO des peuples. Une CEDEAO des peuples qui n’a d’ailleurs jamais prospéré face à la volonté des chefs d’Etat de défendre leur propre intérêt.
Cet appel lancé par le Président Patrice TALON n’est-il pas le médecin après la mort ?
En tout cas, les pays de l’AES n’entendent pas revenir sur leur décision de se retirer de la CEDEAO.

La semaine passée, dans un communiqué, le Mali a réitéré le caractère irréversible de la décision du Gouvernement de se retirer sans délai de la CEDEAO en raison de la violation par l’Organisation de ses propres textes.

« Ni les textes ni aucun autre instrument juridique de l’Organisation ne prévoit la fermeture des frontières à un État membre », a critiqué le ministre DIOP.

En outre, ajoute-t-il, par cette décision, la Conférence de la CEDEAO a violé le droit d’accès à la mer et la liberté de transit du Mali.

Abordant les sanctions infligées par la CEDEAO au Niger, le Président du Bénin, Patrice TALON, a affirmé qu’il était ‘’temps pour nous de lever ces mesures-là qui n’étaient pas destinées à durer’’. Il a déploré le fait que ces sanctions aient provoqué le retrait du Mali, du Burkina et du Niger de la CEDEAO.

« Moi, ça m’a beaucoup peiné. Même après cette décision, j’ai personnellement parlé au téléphone avec l’un des trois présidents. À un moment donné, il faut tout dire. J’ai dit que ce n’était pas bien. Les peuples ne nous ont pas élus pour les diviser. Moi j’ai été élu au Bénin, vous, vous êtes en fonction dans votre pays. Notre rôle, c’est de conduire le destin de la communauté globale (CEDEAO, UEMOA) pendant un temps. Mais la volonté des peuples, c’est de s’intégrer. Il n’y a pas de conflit entre le peuple du Bénin et le peuple du Niger et il n’y a pas de conflit entre le peuple du Bénin et le peuple du Burkina ni du Mali. Il n’y a aucun problème entre les peuples de la communauté de l’UEMOA et de la CEDEAO. C’est au niveau des organes de la CEDEAO. La CEDEAO des peuples n’est pas en difficulté.
Le problème, c’est au niveau de la conférence des chefs d’État, au niveau de la commission de l’UEMOA. Ceux-ci sont chargés de veiller au respect des règles. Personne n’a dit que le peuple malien, burkinabé ou nigérien a fait quelque chose de contraire aux règles. Le problème, c’est au niveau des responsables et s’il y a problème au niveau des responsables si ça se dégénère ce n’est pas l’affaire des peuples », a craché le Président béninois.
Il a insisté à dire qu’il ne faudrait pas que ce différend aboutisse à la division des peuples. « Moi je conçois que les Présidents du Mali, du Burkina et du Niger disent à un moment donné, ont suspendu notre participation aux organes de ces institutions, cela se comprend.

Mais dire que je vais détacher le peuple burkinabé, malien et nigérien du peuple béninois, togolais, sénégalais… Ce n’est pas les peuples, or cette décision sépare les peuples. C’est pourquoi j’ai dit que ça allait trop loin, nous allons trop loin. Il faut qu’on arrête tout et on préserve l’essentiel qui est la communauté des peuples. Ce qui est reproché aux uns et aux autres et les sanctions sont mineurs par rapport à l’intérêt des peuples, à la communauté des peuples. Donc il faut regarder ce qui est important à un moment donné et laisser tomber ce qui n’est pas important. Ma position aujourd’hui, et si j’ai l’occasion de l’exprimer au sein de la conférence des chefs d’État, je dirai qu’il faut tout laisser tomber. Que cette décision de séparer les peuples n’aille pas plus loin, on peut leur dire de revenir. C’est ma position, c’est mon souhait et je le dirai haut et fort partout. S’il faut arriver à la division des peuples je dis non », s’est montré catégorique le Président TALON.

Le moins que l’on puisse dire est que Patrice TALON a fait preuve de hauteur, de réalisme et d’objectivité dans cette affaire. Mais il n’est plus évident que son plaidoyer produise les effets escomptés vu l’engagement des pays de l’AES de ne plus faire marche arrière. Mais, ce qui est sûr, dorénavant les Présidents de la CEDEAO réfléchiront deux fois avant de prendre des décisions qui ne figurent pas dans les textes de l’organisation.

PAR MODIBO KONE

Info Matin

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