Des responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP) ont cosigné un communiqué, le mardi dernier, dans lequel ils assurent se démarquer de la prorogation du mandat des députés parce qu’elle violait la constitution. Une position ambiguë pour Oumar Mariko et Soumaïla Cissé, les deux signataires de ce document, pour n’avoir pas voté contre l’initiative. A défaut d’assumer leur vote, ils devaient se taire au moins pour une fois.
L’Assemblée nationale, lors de sa plénière du jeudi 22 novembre dernier, a approuvé la prorogation du mandat des députés de six mois par 137 voix pour, zéro voix contre et cinq abstentions. Ce jour-là, aucun élu parmi les quelques trentaines de députés de l’opposition n’a voté contre le projet de prorogation du mandat. Au contraire, la quasi-totalité de ces députés, à l’image de l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA, ont estimé que le projet est la meilleure alternative à prendre.
« Ce n’est pas la première fois que le pays prend une telle décision. En 2012, nous avons fait la même chose. Je suis convaincus qu’il n’y a aucune violation de la constitution », déclarait l’honorable GASSAMA devant ses pairs. L’élu de Yélimané est également un député du groupe parlementaire de l’opposition Vigilance républicaine et démocratique (VRD).
Toujours est-il que ce dernier a eu au moins le courage d’exprimer son opinion et d’expliquer le sens de son vote, contrairement Oumar MARIKO et Soumaïla CISSE qui à s’agitent après coup. Ils n’étaient pas présents, lors de cette plénière, à plus forte raison défendre leur position et dire non au vote dudit projet de loi parce qu’il violait la loi Fondamentale du pays devant tout le peuple via l’Assemblée nationale. Au lieu de cela, ils ont choisi de s’absenter, de refuser le débat tout en donnant des consignes de vote. A travers leur mandataire, ils se sont abstenus. Après l’adoption du projet de loi, l’honorable Mody N’DIAYE, qui avait la procuration de Soumaïla CISSE, a affirmé « Moi et Soumaïla CISSE avons décidé de nous abstenir » tout en soutenant qu’ils sont convaincus que le texte n’est pas légal. En dépit de cette irrégularité, M. N’DIAYE a affirmé qu’ils ne vont pas refuser de siéger dans l’hémicycle. Quelle ambiguïté !
Par ailleurs, si réellement, Soumaïla CISSE et Oumar MARIKO étaient persuadés de ce qu’ils affirment dans leur communiqué, ils auraient dû être conséquents et voter « Contre » la prorogation du mandat des députés au lieu de s’abstenir. Face à la violation de la constitution, un républicain et démocrate doit dégager une posture claire. Ce jour était l’occasion, pour ces deux responsables du FSD et de la CoFoP, de réaffirmer cette position. Hélas, encore une fois de plus, ils ont étalé leur inconsistance et incohérence sur la gestion des dossiers de l’Etat.
Ainsi, après cette bourde à l’hémicycle, au lieu de garder le silence, ces deux opposants cosignent un communiqué, le mardi 4 décembre dernier, pour démarquer le FSD et la CoFoP de la décision de prorogation du mandat des députés. Dans leur document, les deux fronts de l’opposition déclarent « Tout en rendant hommage aux députés qui, pendant les cinq années écoulées, se sont opposés aux politiques néfastes du régime par des moyens de censure, des interpellations, des votes contre la loi des finances, la CoFoP et le FSD se démarquent clairement et nettement de l’adoption de la loi organique portant prorogation du mandat des députés car elle viole la constitution du 25 février 1992 ».
Alors où est la logique dans cette déclaration signée par Oumar MARIKO et Soumaïla CISSE, qui n’ont pas pu aller devant leurs pairs pour dire clairement et sans équivoque « non ! » à la prorogation du mandat des députés ? Ce combat devrait être mené devant la représentation nationale.
Par Sikou BAH
Source: info-matin