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Les civilisations noires ont désormais leur musée à Dakar

Jour exceptionnel pour les peuples noirs que ce 6 décembre qui, par ce musée, ramène le passé de l’Afrique dans le présent pour mieux le propulser dans l’avenir de sa mémoire collective.

Au Sénégal, il y a eu 1966, année du premier festival mondial des arts nègres, et il y a 2018, celle pendant laquelle le musée des Civilisations noires a été porté sur les fonts baptismaux. Ainsi, ce 6 décembre est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire d’un pays, le Sénégal, et d’un continent, l’Afrique, qui reconquièrent doucement et sûrement leurs espaces culturels, leur mémoire aussi. Plusieurs pays d’Afrique mais aussi non africains, la Chine et la France, entre autres, ont assisté à l’inauguration de cet écrin des peuples noirs. Le ruban a vite été coupé par le président Macky Sall, rompu à l’exercice ces derniers mois tant les inaugurations se succèdent. Cela dit, seule une délégation d’officiels a pu visiter le musée dans son sillage. Les autres invités suivant la déambulation du président et de son homologue de l’Union des Comores depuis le Grand Théâtre national, juste en face du musée, où étaient retransmises les images de la télévision nationale du Sénégal, la RTS. Avec eux, les ministres de la Culture chinois, malien, burkinabè, gambien, et Jean-Marc Hayrault, le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

Plus de 500 œuvres d’art d’origines diverses sont exposées dans cet espace de 14 000 m2. Nigeria, Mali, Burkina Faso, Égypte ont accepté d’apporter leur pierre à l’édifice en y exposant des œuvres. La France, quant à elle, a prêté pour dix-huit mois le sabre d’El Hadj Omar Foutiyou Tall, chef spirituel tidiane et fondateur de la famille omarienne. C’est d’ailleurs la directrice adjointe du musée de l’Armée, où il était exposé jusqu’alors, qui en a fait part sur Twitter.

Se projeter vers l’avenir

Ce musée résulte d’un long travail d’accouchement. Pensé par Léopold Sédar Senghor déjà et initié par Abdoulaye Wade, c’est Macky Sall qui ena exigé sa sortie de terre après son élection en 2012. Une conférence internationale de préfiguration en 2016 puis des ateliers de conception en mars 2018 ont permis de définir la vision de ce monumental bâtiment tout en rondeur, rappelant les cases de Casamance, une région du sud du Sénégal.

Ce musée, se revendiquant comme « moderne » et usant des nouvelles technologies, se veut être une « rupture ethnographique ». L’Afrique « subalterne » sera présentée, expliquée, « parce que cela a existé et on ne peut le nier, explique Hamady Bocoum, le directeur général du MCN, mais il va surtout montrer le meilleur de ce que l’Afrique a apporté à l’humanité ». Le but : « ne pas en faire un musée de la nostalgie », promet Ibrahima Thioub, recteur de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et président du comité scientifique du MCN. Mais plutôt un vivier « de la préservation des expressions culturelles de l’Afrique et de sa diaspora ».

Démonstration des cultures africaines

C’est dans ce même théâtre que des animations culturelles ont reflété le contenu du musée : de l’histoire de la colonisation à l’Afrique contemporaine. Deux cents choristes ont commencé par interpréter la fameuse chanson « Africa » du chanteur sénégalais Ismaël Lô, le « Bob Dylan africain ». Ensuite, un tableau vivant de danse contemporaine a évoqué l’esclavage des siècles de colonisation sur la chanson « Demb » de la star nationale et internationale Youssou Ndour. Zao, auteur de la chanson “Ancien Combattant”, a par la suite, vêtu de la fameuse chéchia rouge des tirailleurs sénégalais, provoqué les rires de la salle.

Farouk et Didier Awadi, icônes de la nouvelle génération africaine, celle des slameurs et des rappeurs, ont déclamé une poésie acide, d’abord, évoquant « les chaînes » et le manque de reconnaissance qu’a subi le continent, puis pleine d’espoir pour l’avenir. Derrière eux ont défilé des images de personnalités du monde noir : Martin Luther King, l’apôtre de la non-violence dans la lutte pour les droits civiques, Thomas Sankara, figure de la révolution burkinabè et président du pays des hommes intègres (ex-Haute-Volta) jusqu’à son assassinat en 1987, enfin Rosa Parks, figure de la lutte contre la discrimination raciale, celle-là même qui est devenue célèbre en refusant le 1er décembre 1955 de céder sa place à un passager blanc dans un bus de Montgomery, en Alabama, provoquant la levée des poings dans le public.

Un musée qui fait grandir la place de la Chine dans la coopération culturelle

Ce musée, c’est aussi un symbole « de l’amitié et de la solidarité des peuples chinois et sénégalais », comme l’a déclaré le ministre chinois de la Culture, venu spécialement de Pékin pour l’événement. Car ce « joyau », d’un coût global de 30 millions d’euros, est un don de la République populaire de Chine. Les discours successifs n’ont cessé de glorifier ces relations florissantes qui ne se limitent pas au financement de ce musée. Dans la construction du Grand Théâtre en 2011, de l’autoroute Ila Touba, de l’arène nationale et du Palais des sports Dakar Arena déjà, la Chine avait mis ses billes, faisant d’elle le partenaire privilégié actuel du Sénégal.

Le rapprochement économique se veut maintenant culturel. Neuf masques chinois sont exposés dans la salle des masques africains, reflet du dialogue et des échanges entre les deux cultures. « Des miniatures de notre coopération », imageait Macky Sall, appelant au développement des échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. Il ne faudra pas s’étonner de voir de plus en plus le mandarin inscrit sur les lieux phares du Sénégal, comme c’est déjà le cas dans de nombreux édifices et lieux financés ou offerts par l’empire du Milieu.

Source: lepoint

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