Sur les ruines d’une Libye dévastée par l’Europe, notamment la France, suite à son intervention violente qui a eu raison du Guide qui dirigeait d’une main de fer ce vaste empire prospère, l’esclavage, cette pratique moyenâgeuse, est de retour. Faute d’ordre et de loi dans ce pays, pays sous le contrôle de nombreuses milices, la barbarie unanimement condamnée par le monde entier a pris place. À qui la faute ?
Les informations sur les pires conditions de détention et l’esclavage pratiqués sur les migrants libyens ont dominé ces derniers jours l’actualité internationale et nationale. En plus des condamnations avec la dernière énergie de ces pratiques découvertes des dirigeants du monde et d’organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme, des manifestations ont eu lieu devant les représentations diplomatiques libyennes. Au Mali, un sit-in ou marche a eu lieu devant ladite ambassade fantomatique en zone ACI. Et pourtant, on semble se garder de se poser une question : que représentent aujourd’hui les dirigeants libyens ? Quel pouvoir disposent-ils ?
Dans un communiqué rendu public à Genève le 14 novembre dernier, le Haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al HUSSEIN, n’a pas manqué de jeter un pavé dans la marre de la Commission de l’Union européenne en dénonçant avec des mots assez forts, la situation des migrants en Libye.
La coopération entre l’Union européenne et la Libye pour endiguer le flux migratoire, selon Zeid Ra’ad Al HUSSEIN, est inhumaine et la souffrance des migrants détenus en Libye est un outrage à la conscience de l’humanité. En terme clair, c’est l’Europe qui paie la Libye pour bloquer les Africains en transit, et dont la destination voulue n’est pas la Libye, mais l’Europe.
Au-delà de la polémique entre l’ONU et l’UE, il est clair que la responsabilité première de cette situation de sans loi en Libye incombe indéniablement l’Occident, notamment à la France de Nicolas SARKOZY, qui a dirigé la coalition internationale qui a assassiné le Mouammar KHADAFI, le dictateur libyen pour des raisons qui restent jusque-là à élucider.
Les conséquences de cette guerre, dont on se demande encore les vraies raisons, ont été dévastatrices pour la Libye et l’ensemble des pays du Sahel. Car la destruction de l’État libyen a livré le pays aux milices tribales, aux groupes terroristes qui s’y organisent avant de se disséminer à travers le monde, particulièrement les Sahel.
Aujourd’hui, la résurgence de la vente aux enchères des migrants, une pratique qui rappelle une page sombre et douloureuse de l’histoire de l’Afrique est venue rappeler à plus d’un qu’on est bien loin du compte face à une pratique qu’on croyait révolue (esclavage).
Sans faire de la démagogie, il est évident que les dirigeants africains sont eux aussi comptables de cette tragédie en raison du fait qu’ils sont incapables de proposer des alternatives à la jeunesse du continent, dont une grande majorité finit par prendre les routes de l’Europe à la conquête d’un mieux-être.
D’ailleurs, on apprend que ces chefs d’État, dont les ressortissants sont au nombre des victimes de cette tragédie, en cours, en Libye ont décidé d’inscrire cette question à l’ordre du jour du prochain Sommet de l’Union africaine-Union européenne attendue à Abidjan les 29 et 30 novembre 2017.
Les dirigeants africains dont certains ont exhorté le gouvernement de la Libye au respect de l’intégrité et de la dignité des êtres humains, notamment des migrants en application des déclarations et conventions internationales en la matière doivent se mettre à l’évidence qu’il n’y a plus d’État en Libye avec un pays coupé en deux. Eux qui ont assisté impuissant ou complices à la chute du régime du leader libyen Mouammar KHADAFI sous les bombardements d’un allié historique du continent, la France.
Par Abdoulaye OUATTARA
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