Un dialogue politique qui traine en longueur, des réformes administrative et constitutionnelle annoncées, mais impossibles, des grèves qui paralysent l’Administration et l’école, l’insécurité qui déborde du nord au centre, c’est la triste image d’un Mali du Président Ibrahim Boubacar Keita (qui ‘’avance’’ « Anw Ka Maliba bè ka taa Gnè »), en ce début de second quinquennat.
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, en plus d’être décrié par des organisations religieuses, qui réclament son départ, est à la tête d’un gouvernement qui opte désormais pour le surplace.
Après une grande marche synchronisée, à travers le pays, les enseignants et l’Association des élèves et étudiants du Mali ont réussi à paralyser à nouveau l’école toute cette semaine, sous le regard indifférent du gouvernement.
Rarement une grève aura autant mobilisé d’énergie, depuis la fin du mandat du président Alpha Oumar Konaré. Comme si cela n’était pas suffisant, des personnes en situation de handicap (malvoyantes, déficientes auditives, les personnes déficientes motrices…) mobilisées pour réclamer pacifiquement leurs droits ont été gazées et tabassées, ce lundi 11 mars 2019. En marge de ces évidences, des préavis de grève pullulent sur la table du ministre du Travail (Syndicat libre des Travailleurs des Affaires étrangères (SYLTAE), le personnel de l’Assemblée nationale, le syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales (SYNTRACT), la protection civile, la police…)
Pour fuir ce climat d’effervescence sociale, le Premier ministre concocte une mission à l’intérieur du pays où il a passé une bonne partie de la semaine. Malgré tout, les problèmes restent entiers : « les problèmes sociaux, les problèmes institutionnels, cette gouvernance qui met toujours la charrue avant les bœufs, en mettant un comité d’experts alors que ce sont les politiques qui doivent donner le substrat aux experts pour pouvoir réviser la constitution… »
Cette situation est aux antipodes d’un certain discours tenu en début janvier à Koulouba, à l’occasion des 100 jours du second quinquennat du président IBK :
« Les réformes politiques, notamment la révision de la constitution, le désarmement, le retour des réfugiés, l’amélioration des services sociaux de base constituent les principaux chantiers sur lesquels nous allons centrer nos efforts en 2019. Votre projet de société ‘’Notre Grand Mali Avance’’ est notre boussole. La feuille de route que vous avez assignée au Gouvernement le 14 septembre vise fondamentalement à TRANSFORMER ET A SERVIR LE MALI ».
Est-on réellement en train de transformer et de servir le Mali avec des écoles qui se ferment au nord et au centre à cause de l’insécurité et au sud, à l’ouest et à l’est, pour fait de grève ? En tout cas, pour réaliser des projets, il faut un minimum de consensus et de stabilité dans le pays. Car comme on le dit, l’argent n’aime pas du bruit. Des garanties qui, depuis un certain temps, sont en train d’être sacrifiées à l’hôtel de la déesse mauvaise foi.
Le projet de réforme institutionnelle et administrative qui a été propulsé au-devant de la scène via des méthodes les plus malicieuses est en train d’être tombé dans les oubliettes, celui de la révision constitutionnelle annoncé pour être inclusif fait, depuis quelques semaines, l’objet de concertations à n’en pas finir entre la classe politique. Comme pour dire que l’avancement du ‘’Grand Mali’’ se fera difficilement avec des discours sans lendemain.
Par Sidi DAO
Source: info-matin