Il y a juste quatre mois, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga traitait la transition de régime militaire, alors qu’il était encore capitaine de la rue avec comme arme de combat, le M5-RFP. L’actuel chef du gouvernement, l’on le sait tous, ne saurait, à l’époque, cautionner ou accepter une prolongation de la transition. Et maintenant que le voilà Premier ministre, les choses changent rapidement. En clair, depuis la présentation de son Plan d’Action du gouvernement, les observateurs les plus avertis n’ont cessé de s’interroger sur le respect du délai de la transition.
Seulement trois semaines après l’adoption dudit Plan d’Action par le Conseil national de Transition (CNT), l’horizon s’éclaircit, les vrais visages se dévoilent et les intentions se précisent. Sauf un refus catégorique du peuple malien, sinon tout semble être en train d’être préparé en douce pour prolonger la transition. Au cours des visites du Premier ministre à l’intérieur du pays, qu’il faut d’ailleurs saluer si seulement il s’agit de travailler à apporter des vraies solutions à la situation actuelle du pays, ce sont des posters de Assimi Goïta, président de la transition, et de Choguel lui-même que l’on a vus accrochés ou tenus par des enfants faisant d’eux la solution pour le Mali actuel.
Oui, il faut soutenir, encourager et même flatter si c’est vraiment nécessaire, mais cela ne doit pas donner le sentiment aux autorités de vouloir prolonger la transition quel que soit le motif. Le drame est qu’il y a quelques acteurs politiques et de la société civile, qui pour leurs propres intérêts, demandent à ce que la transition soit prolongée. Certains ont même tenu un meeting le 13 août 2021 à la Bourse de Travail pour exprimer leur soutien à cette prolongation. Oui, c’est une liberté d’expression qui ne doit pas d’ailleurs influer sur les décisions de Assimi Goïta et celles de son Premier ministre.
Le pire serait la complicité ou le soutien des autorités de la transition à ces jeux qui n’enragent ni le Mali, ni le peuple et encore moins elles-mêmes. Aujourd’hui, les Maliens ne demandent que la paix, la stabilité, la sécurité et l’amélioration de leurs conditions de vie. Ce qui est loin d’être une réalité à plus de dix mois de transition. Au même moment, certains réclament sa prolongation. Il faut le dire, ceux qui ont été déjà séduits par le pouvoir, qu’ils soient militaires ou civils, doivent seulement se préparer pour revenir après la transition. Mais vouloir prendre la République en otage pour des simples motifs d’être soutenus par des personnes capricieuses qui sont toujours prêtes à vivre au dépend des autres, est la pire des choses qu’un bon citoyen, patriote ou républicain, ne devrait en aucune manière cautionner ou encourager.
Si Assimi et son Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, ne veulent pas que l’histoire se répète, ils doivent travailler à sécuriser le pays, à organiser les élections à la bonne date et à remettre le pouvoir au président démocratiquement élu. C’est la seule manière pour eux d’entrer dans l’histoire positive du pays avec les têtes hautes.
Seulement, nous devons nous souvenir d’une chose, c’est que dans aucun pays au monde, la transition n’a réussi à tout faire. S’il est clair que nous avons appris la leçon de nos erreurs, il n’y a pas de raison qu’après ces dix-huit mois de transition, le Mali ne puisse pas s’en sortir. Mais, si tel n’est pas le cas, alors même dix ans de transition ne pourraient rien changer…
Ousmane BALLO
Source : Ziré