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SANOGO ET COACCUSÉS DÉSORMAIS LIBRES : LES MALIENS S’EXPRIMENT SANS LANGUE DE BOIS !

Lundi dernier au nom de la réconciliation nationale, la justice ordonne que les procédures contre les accusés dans l’affaire dite des bérets rouges soient terminées. Accusé pour l’assassinat de 21 militaires lors du contre coup d’Etat de 2012, le général Amadou Haya Sanogo et coaccusés bénéficiaires  de la “Loi d’Entente Nationale’’ sont désormais libres. Une décision qui, pour certains, a ouvert la voie à l’impunité, même si l’objectif était de réconcilier les Maliens. Pour connaître les sentiments qui animent les Maliens,  l’équipe de reportage de votre quotidien a approché les Bamakois pour savoir ce qu’ils pensent de la libération de l’ex-putschiste et ses compagnons, sans que le Tribunal ne rende un verdict. Contribuera-t-elle à rassembler ou à diviser les Maliens?

 

Aguibou Bouaré, CNDH:

La décision du Tribunal de ne pas inculper Amadou Sanogo suscita la colère des défenseurs des Droits de l’Homme au Mali, où les forces armées sont souvent accusées d’abus. ” Une loi d’Entente Nationale ne peut être invoquée pour assurer l’impunité “.

Issa Dembelé:

C’est vraiment une déception que la justice ne puisse pas aller à son terme pour juger des infractions criminelles aussi graves, c’est ça le combat de principe. Ce n’est pas une question de personne, ce n’est pas une question d’opinion personnelle.

Brehima Diallo: 

Vraiment je suis resté sans mot, c’est la justice étatique qui doit jouer son rôle en combattant l’impunité. Nous avons vu à travers cette loi d’entente qu’on appelle une loi scélérate, une prime à l’impunité totale. Sur cette affaire, la justice a montré ses limites. Elle n’est plus crédible.

Dramane:

Ce pays me déçoit de plus en plus. J’ai honte d’être Malien aujourd’hui. C’est quoi cette loi dite “Entente Nationale” ? On ne vous demande pas d’être juste, car il aura fallu faire pendre ce monsieur à la place publique. Nous demandons juste d’honorer au minimum la mémoire des victimes.

Maimouna Sylla:

Nul ne doit échapper à la justice. Pourquoi amnistier quelqu’un qui a autant tué des chefs de famille, faisant croire qu’ils sont au front ? Vraiment les autorités de la transition ont tout mis en place pour blanchir ces criminels.

Seydou Sy:

Si c’est pour réconcilier les maliens, tant mieux, mais si c’est pour ouvrir la voie à l’impunité, c’est grave car la justice ne devrait être l’instrument de personne. Il faut que cela soit dit et dénoncé avec la dernière rigueur.

Fanta Bah:

Sur cette affaire, je crois que si les familles acceptent de pardonner en échange de l’argent ou d’autres privilèges, il n’y a aucune raison d’en faire un scandale. Ce sont les familles qui ont trahi leurs morts.

Bouba Ouane:

Jusqu’à présent, l’impunité était réservée au crime économique. Désormais, elle s’applique aux crimes de sang. L’impunité est totale quand le crime est commis contre les dépositaires de l’autorité publique telle que les membres de l’armée nationale. Maintenant, les terroristes peuvent commencer à faire la fête, car ils savent qu’ils sont déjà disculpés avant d’être jugés.

Sibiry Diabaté :

Après une telle décision de la justice, le  Mali devrait être banni de toutes les institutions qui travaillent pour la promotion des droits humains. On nous a montré que la vie des personnes n’est rien.

Sékou Tidiane Haïdara:

Au Mali, l’impunité existe toujours,  plus on assassine des personnes, plus on a des chances d’être acquitté. Et le cas de la jeune dame violée pendant des jours et emprisonnée pendant 5 mois? Qu’est-ce qu’elle va ressentir après une telle décision ? C’est vraiment sans commentaires, ce procès. C’est vraiment désolant.

Patrick Sanou:

Amadou Kouffa et Iyad peuvent continuer à tuer les Maliens, de toutes les façons cette loi d’entente nationale est là pour couvrir leurs arrières. La vie du Malien ne vaut désormais plus rien. C’est un constat.

Baba Yattara:

Quelle honte! Si on libère les criminels, ce n’est plus la peine de continuer à garder les petits voleurs, violeurs. Pourquoi doit-on garder encore en prison les détourneurs d’argent, les escrocs, les narcos, les brigands, etc.? Au nom de la loi d’entente nationale, tout le monde doit être libéré.

Fatim Soumbounou:

A cause des décisions de ce type, le Mali sera le théâtre de coups d’état et d’assassinats. Une terre de l’impunité; ils détruisent leur pays tandis que leurs pairs se battent pour les amnistier. Vraiment c’est scandaleux. J’ai honte de notre justice et c’est clair que les militaires sont les mêmes éléments qui ont fait le coup d’État contre ATT.

Mamadou Traoré :

Je n’avais jamais pensé dans ma vie que le Mali pouvait tomber aussi bas. C’est pitoyable de voir cette Nation dans un état de décadence avancée, une nation sans vertu, sans honneur et sans dignité! J’ai vraiment honte de notre justice.

Issouf:

Il faut que le Mali s’inscrive dans la dynamique de redressement de la gouvernance pour que l’impunité de ce genre ne puisse perdurer. 10 ans après ces malheureux événements, les gens s’attendaient à ce qu’il y ait une réaction digne de ce nom. Ce que nous déplorons,  le gouvernement n’a pas saisi les familles des victimes pour présenter les excuses afin de ne plus tomber dans des erreurs de ce genre.

Oumou:

Les familles des victimes ont été dédommagées financièrement, leurs enfants ont également été déployés dans des écoles militaires juste pour leur faire oublier ces douloureux événements. Cela ne doit pas être un facteur de réconciliation, l’impunité doit cesser! Nous restons derrière la justice, car nous savons qu’elle est mâture pour prendre de bonnes décisions.

Diawara :

La justice se trouve dans une dynamique de recherche de paix et de cohésion sociale. D’autant plus qu’il y avait un accord d’amnistie qui permettait aux membres qui ont participé au coup d’Etat de 2012 d’être amnistiés et ne de pas être poursuivis ou inquiétés par les différentes juridictions

Oumar:

Ce verdict va dans le sens de la réconciliation. Que ce soit lui, toi, moi ou les familles des victimes, à un moment donné, il faut que le Mali soit placé au-dessus de nos droits et de nos intérêts personnels. Il faut savoir tourner la page et c’est ce que les juges ont fait.

Moussa:

Je crois que ce n’est pas le moment de remuer le couteau dans la plaie. Il faut qu’on panse nos blessures et essayer d’aller de l’avant. Si les familles acceptent de pardonner, je ne vois pas la raison de toutes ces agitations de la part de certains.

Salifou

Maintenant après la libération de Sanogo et ses compagnons, que personne ne soit étonné des manifestations dans les jours à venir. Car trop, c’est trop. Nous pensons qu’avec le départ d’IBK, les choses allaient changer. Mais cela devient pire avec cette libération de Sanogo et autres, qui ont lâchement tué les bérets rouges. J’ai peur pour mon pays.

Ibrahim:

Aucun pays sérieux ne se construit sans la justice, car elle est le socle de la paix. On ne peut pas permettre à des individus de tuer d’autres qui ont le même droit qu’eux. Les députés illégitimes qui ont voté cette loi sont des gens qui ont été sélectionnés par la Cour Constitutionnelle à la solde de l’ancien président

Modibo :

Cette loi ne peut permettre de réconcilier les Maliens. Ils ont creusé un trou avant 3 jours de l’assassinat des bérets rouges. Donc cela veut dire que c’était prémédité. C’est comme si on encourage les gens à tuer d’autres personnes, pour ensuite voter une loi pour les amnistier. Est-ce qu’un pays peut se construire comme ça ?

Samba:

Les tueurs sont libres au nom de la stabilité de la République, alors que les faits sont là.  Quelle sorte de stabilité, nous cherchons sans la justice ? Cette affaire, j’ai toujours su que c’était fini d’avance. Aujourd’hui avec le pouvoir militaire, tout peut prendre fin.

Diakité :

Pour moi, la justice a tranché en faveur de la paix et de la cohésion sociale. Il le fallait ! Car on ne souhaite voir un conflit entre  les deux, les bérets rouges et verts. Ce sera de la catastrophe. Nous souhaitons que les familles pardonnent ces crimes et placent le Mali au dessus de tout. C’est bien ça notre appel pour le bonheur de tous.

Kassoum

Je voulais dire que de 2012 à maintenant, le climat sociopolitique ne fait que se détériorer. C’est bien la raison pour laquelle, le régime défunt a fait voter une loi qu’on appelle la loi d’entente et c’est salutaire et cela permettra de contribuer à la paix et à l’entente dans notre armée.

Tangara

C’est inacceptable, au Mali,  à ce rythme, on doit s’attendre toujours à de nouveaux coups d’État. Ce procès aurait dû servir d’exemple pour que ces erreurs  ne se reproduisent plus dans l’avenir.

Chérif 

La justice malienne a raté l’occasion de rentrer dans l’histoire. Comment au nom d’une loi, Sanogo peut être libéré après ces crimes, ces violations des droits de l’homme. C’est vraiment honteux et révoltant. Il n’y a pas seulement les bérets rouges qui ont été perdants

Cheick :

Le verdict de ce jour est une honte pour la justice malienne et pour les juges maliens qui ont libéré Amadou Aya Sanogo et ses compagnons qui ont massacré des gens, enlevé des femmes pour ensuite les séquestrer et violer.

Issa

C’est normal parce que le pouvoir est aujourd’hui dans la main de Sanogo. Je m’explique. Les Malick Diaw et autres sont les éléments de Sanogo, donc c’est très  compliqué. Tout à été planifié pour libérer simplement Amadou Haya Sanogo et ses complices.

Habib:

C’est vraiment du despotisme qui règne toujours. Au lieu de chercher une solution à notre situation critique, on force ou paye les gens à pardonner, tandis que le pardon est volontaire. Avec ce système d’auto-juge, on ne va jamais redresser le pays. Que Dieu vienne en assistance aux innocents.

BEN CHERIF

Source : Le Soir De Bamako

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