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Samba Bathily, CEO du groupe ads-group lors de la 2eme édition “écho des entrepreneurs” : “Être un entrepreneur, c’est profiter des opportunités qui s’offrent à vous “

“Mon père ne m’a jamais donné cinq francs pour que je puisse entamer mon business”

En marge du Global Entrepreneurship Week-Mali (Semaine mondiale d’Entrepreneuriat), le CEO du Groupe ADS-Group, Samba Bathily, a participé, le samedi 12 novembre dernier, à Azalai Hôtel Salam, à une rencontre d’échange dénommée ” Écho des entrepreneurs “. Au cours de cette rencontre dédiée aux jeunes entrepreneurs, il a parlé de son parcours d’entrepreneur tout en prodiguant de conseils aux jeunes entrepreneurs.

Samba Bathily est un entrepreneur africain de renommée mondiale qui a été l’un des pionniers de la structuration financière de grands projets d’infrastructures. À ce jour, Samba Bathily a structuré un portefeuille de projets de plus de 5 milliards de dollars dans de nombreux domaines stratégiques : fibre optique, énergie renouvelable, barrages hydrauliques, identification, centres de données.

Selon le CEO du Groupe ADS-Group, c’est en 1993 qu’il a quitté l’école au niveau supérieur pour se lancer dans le business. “J’étais étudiant en Belgique, un jour je suis venu au Mali pour passer les vacances. À deux semaines de la reprise des cours, j’ai voulu renouveler mon visa. À l’époque, il y avait un Consulat belge au Mali, mais lorsque nous nous sommes rendus au Consulat, ils nous ont dit que maintenant si nous voulons le visa, il faut que nous nous rendions à Dakar (Sénégal).

Finalement, j’ai perdu deux semaines et les cours ont repris. Mon père qui tenait beaucoup à mes études parce que j’étais le seul dans la famille qui avait atteint le niveau universitaire, m’a demandé de m’inscrire à l’École Nationale d’Administration (ENA) de Bamako. Pour la petite histoire, mon père était le premier Malien à avoir la licence du pétrole au Mali. Il était le premier à exporter le pétrole pour le Mali. Par la suite, mes oncles, mes cousins, sont rentrés dans le business du pétrole. Mon père s’est battu pour avoir cette licence d’exportation du pétrole face à des multinationales comme ELF et Texaco. Lorsque je suivais les cours à l’ENA, comme j’avais le sens du business, j’ai pris mon argent de poche pour acheter des distributeurs de pompes d’essence pour les mettre dans les différentes communes du district de Bamako. J’avais donné le nom de “Pachenko Petrolium” à ces distributeurs pompes d’essence. C’est comme cela que j’ai commencé et souvent je prenais 1000 litres à crédit avec un oncle et je vendais.

 C’est à travers cela que je gagnais mon argent de poche. En 1993, j’ai décidé de quitter l’école pour me lancer dans d’autres choses”, a-t-il expliqué.

Le début d’une riche carrière d’entrepreneur

Pour Samba Bathily, être entrepreneur, c’est profiter des opportunités qui s’offrent à vous. Il a précisé comment il s’est retrouvé dans l’entreprenariat. “Un jour, j’ai rencontré un Allemand dans une boîte de nuit, Évasion Night-Club. Avec l’allemand, nous avons parlé surtout de la musique et il a tout de suite vu je connaissais le monde de la musique. Il était à Bamako pour réaliser un reportage sur la musique traditionnelle malienne. Au cours de son reportage, il voulait voir Aly Farka Touré et bien sûr d’autres artistes maliens. Il avait aussi une maison de production et il amenait beaucoup d’artistes de reggae en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe. Il était surpris que je lui parle de Mutabaruka parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ne connaissaient pas cet artiste, mais ils connaissaient Bob Marley et Brinox. Il m’avait dit que c’est la première fois, en Afrique, que quelqu’un lui parle de Mutabaruka. Je lui ai donné un rendez-vous le lendemain pour aller voir Aly Farka Touré. Et par la suite, comme j’avais une villa, je lui ai demandé de quitter l’hôtel pour venir y loger. Un jour, il m’a dit qu’il veut visiter le pays Dogon. Nous avons organisé le voyage. Nous nous sommes rendus au pays Dogon et nous avons visité les différentes zones touristiques du pays Dogon. Au cours de la visite, j’ai vu une autre facette du Mali. Après la visite, il m’avait dit qu’il a beaucoup d’amis qui veulent découvrir le Mali dont le président du musée de de Leipzig. Il m’a également demandé si je peux organiser un voyage pour ses amis comme j’ai fait avec lui. Cela m’a amené à beaucoup réfléchir pour créer une agence de tourisme dénommée “Timbuktu International Cross Tour”. Ensuite, mon ami m’a invité en Allemagne où j’ai visité le musée de Leipzig. Au retour à Bamako, j’ai organisé un voyage où plusieurs Européens sont venus et nous avons passé le Noël dans le pays Dogon.

Petit à petit, je me suis intéressé en lisant plusieurs livres sur la cosmogonie dogon parce que si vous voulez vendre un produit, il faut le comprendre plus. Avec le temps, les touristes européens venaient et je gagnais souvent par voyage deux à trois millions de francs Cfa. Vous savez, ce qui a été très intéressant, j’ai tissé beaucoup de relations avec les Européens”, a-t-il indiqué.

Le début dans l’exécution

des marchés ?

C’est en 1995 que Samba Bathily est rentré dans l’exécution des gros marchés en Guinée Conakry. “En 1995, j’ai rencontré par hasard un ami qui venait des États-Unis dans une boîte de nuit à Bamako. C’était un ami d’enfance que j’ai connu en France. Lors de nos échanges, il m’avait dit qu’il travaillait pour une société américaine qui évolue dans les produits pharmaceutiques. À l’époque, les autorités venaient de faire la dérégulation des télécoms et des produits pharmaceutiques. C’est-à-dire, les produits génériques sont tombés dans le domaine public. Il m’avait dit que cette société américaine était créée pour se concentrer sur les produits génériques dans les pays émergents en (Amérique latine et l’Afrique). Le lendemain, nous nous sommes rencontrés, encore par hasard, à l’Ambassade américaine. Après, je l’ai invité dans mon bureau afin d’échanger davantage avec lui.

Au cours de nos échanges, il m’avait dit que leur société avait fait deux essais en Afrique notamment au Ghana et au Nigéria et cela n’avait pas bien marché. Il veut venir au Mali, mais ils avaient besoin de garantie. Immédiatement, nous nous sommes rendus à la Pharmacie populaire du Mali (PPM), les responsables de cette structure nous ont indiqué que leur marché est annuel et ils l’avaient déjà attribué à une autre société. Par contre, il y avait la Guinée Conakry. Mon ami, lui, devait retourner aux États-Unis, mais il m’avait dit que si je pouvais trouver une invitation officielle des autorités guinéennes, il viendra avec ses patrons. Le week-end qui a suivi, j’ai pris un peu d’argent, je suis allé en Guinée Conakry. J’ai vu des amis qui m’ont amené chez le secrétaire général de la Présidence de la République. Après m’avoir écouté, le secrétaire général m’a envoyé chez une dame afin que cette dernière m’amène chez le ministre de la Santé. La dame a pris un rendez-vous le même jour dans la soirée et j’ai rencontré le Ministre. Au cours de nos échanges, je lui ai montré la brochure de la société. Le lendemain, le ministre m’a envoyé chez le directeur de la Pharmacie. Là-bas, le directeur de la Pharmacie m’a fait savoir qu’ils ne connaissent pas la société que je suis venu représenter. Je lui ai fait savoir que notre société était une société financière qui avait racheté un laboratoire en difficulté pour se focaliser sur les médicaments génériques. Lui aussi m’avait envoyé chez le directeur des approvisionnements, du nom d’Ousmane Camara. Lorsque je suis venu lui voir, il m’a invité dans une boîte de nuit pour nous amuser un peu. Le lendemain, il est venu dans mon hôtel pour échanger sur l’affaire. Immédiatement, il m’a demandé qu’est-ce que notre société peut apporter de plus que les fournisseurs locaux. Je lui ai retourné la question en lui demandant qu’est-ce que nous pouvons apporter de plus pour eux. Il m’a dit que leur grande difficulté est qu’ils ont beaucoup de taux avec la banque. La banque leur prend 17% à travers des lignes de crédit. C’est-à-dire, elle ouvre de lettre de crédit aux fournisseurs et ils payent au fur et à mesure. J’ai pris ces informations et suis reparti vers mes partenaires américains. J’ai dit aux responsables de la société s’ils veulent pénétrer le marché guinéen, il faut qu’ils créent la différence avec les concurrents. J’ai notifié que par contre que les concurrents locaux fonctionnent avec des lettres de crédit, mais est-ce qu’ils ont les moyens de faire des crédits directs à la pharmacie. Après discussion, j’ai pu amener les partenaires américains en Guinée Conakry et nous avons échangé avec les autorités guinéennes. À l’issue de nos discussions, nous sommes tombés d’accord et le service juridique de la Société est venu et nous avons signé un contrat d’un (1) million de dollars. Cette étape a été très importante dans ma vie parce que cela m’a permis de rentrer dans un autre niveau du business. Au bout de quelques mois, les premiers produits sont venus et les Guinéens ont honoré leur engagement en remboursant la société. C’est maintenant que les choses commencent à bouger.

La société m’a demandé de prendre un bureau et une équipe avec une masse salariale de 38 000 dollars. De Guinée, nous avons ouvert la société dans d’autres pays et cela m’a permis de comprendre les questions de financement et l’administration africaine”, a-t-il laissé entendre.

En 1999, c’est la came back au Mali

Dès l’annonce de l’organisation de Coupe d’Afrique des Nations CAN 2002 au Mali, Samba Bathily a décidé de revenir au Mali pour voir s’il pouvait gagner des marchés afin de contribuer à la réussite de ce grand évènement sportif. “C’est en 1999 que je suis revenu au Mali. D’abord, j’ai ouvert une société de fournisseur de connexion internet avec deux partenaires, un Canadien et un Libanais. La société s’appelait ARC informatique, elle existe toujours à Dakar au Sénégal. Ce projet m’a permis d’entrer dans les nouvelles technologies. Après quelques années, j’ai vendu mes parts et cela coïncidait avec l’installation d’Orange-Mali. En 2000, j’ai participé à un voyage technologique. Pour participer à ce voyage, il fallait payer 20 000 dollars. Il consistait à faire le tour de tous les leaders de la technologie mondiale. Nous étions 70 chefs d’entreprise européenne et j’étais le seul Africain parmi eux.

Ce voyage a été très bénéfique parce que c’était pour voir le futur de la technologie mondiale. C’est-à-dire chaque grande société technologique nous montrait qu’est-ce qu’elle va faire dans les années à venir. Au cours de ce voyage, nous avons visité le siège du Nokia en Angleterre, Microsoft et Cisco aux États-Unis. À la fin de la visite, j’ai demandé si je peux faire quelque chose avec Cisco et ils m’ont mis en contact avec le distributeur Cisco de la zone. Retour au Mali, cela coïncidait avec le projet d’interconnexion des villes où les compétitions de la CAN 2002 vont se dérouler. L’État du Mali avait lancé un appel d’offres et la société Alcatel avait pris les trois lots et nous avons pris le dernier lot qui était une partie du routage parce que la spécialité de Cisco est le routage”, a-t-il indiqué. Il a ensuite précisé que c’est au Mali qu’il a été confronté à des difficultés de la part de lobbies. “Après avoir gagné techniquement l’offre et notre offre financière était la meilleure, à cause de lobbies de l’époque, ils n’ont pas voulu nous déclarer vainqueur durant quatre mois. Ils sont allés dire à la Présidence de la République que j’ai amené une société que personne ne connaît alors Alcatel est là depuis des années. Ensuite, j’ai expliqué le problème à mon père qui m’a amené voir le secrétaire général de la Présidence de l’époque. Je lui ai expliqué qu’ALCATEL est très bien dans la transmission, mais le routage est un nouveau métier et c’est Cisco qui est meilleur dans cela. Après avoir fait des recherches sur Cisco, ils nous ont autorisés à exécuter le marché. C’était mon premier grand marché dans la télécommunication et cela m’a ouvert beaucoup de portes”, dit-il.

Dans ses éclaircissements, CEO du Groupe ADS-Group a révélé que son père était très riche, mais qu’il n’a reçu cinq francs de son père pour entamer son business. “Lorsque j’ai décidé d’arrêter l’école, mon père était très furieux contre moi parce qu’il voulait avoir un fils diplômé. Vous savez, mon père était comme les commerçants de sa génération, il a beaucoup voyagé. Premièrement, il tenait beaucoup à ce que je continue mes études supérieures et décroche de gros diplômes. Deuxièmement, j’ai refusé de me marier à l’époque parce que j’avais d’autres visions. Ces deux choses ont fait que j’étais à couteaux tirés avec lui pendant des mois. Je peux dire que c’est cette période qui m’a amené à prendre des initiatives entrepreneuriales”.

Mahamadou TRAORE  

Source: Aujourd’hui-Mali

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