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Salif Traoré : La passion du cinéma

Il fait partie des professionnels qui comptent dans le secteur du cinéma dans notre pays. Après avoir fait ses premières armes aux côtés de l’illustre réalisateur Souleymane Cissé, Salif Traoré a commencé à voler de ses propres ailes avec des films qui ont retenu l’attention du public

 

Salif Traoré a derrière lui près de 50 ans de carrière cinématographique. Mais il est encore plus passionné par le métier de l’image. Si son cas n’est pas une exception dans le domaine, sa particularité réside dans le fait qu’il demeure plus engagé auprès de ses pairs au sein des différentes organisations des professionnels, et continue à assister les autorités dans la recherche de solution aux différents problèmes.

Il continue aussi à écrire des scénarii, à produire des films, à réaliser des documentaires et des fictions et surtout à enseigner le 7è art aussi bien au Mali qu’à l’étranger. Ainsi, après Souleymane Cissé et Cheick Oumar Cissoko, Salif Traoré est reconnu comme étant l’une des porte-voix du cinéma malien.

à la 27è edition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), il préside le jury officiel de la section des films documentaires. Lors de l’édition 2019, il a remporté le prix spécial de l’intégration décerné par l’Uemoa, pour son Long-métrage “Jamu Duman”. Et cette année, il vient de procéder à l’avant-première d’un documentaire de fiction sur les albinos intitulé : “Yéféké”. Un film qu’il a réalisé sous la production du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM).

Qui est Salif Traoré ? Après le DEF, il s’est inscrit à l’Institut national des arts (INA) de Bamako. Quatre ans après, il décroche son diplôme de comédien de la section arts dramatiques. Il s’engage aussitôt dans le cinéma aux côtés du célèbre réalisateur Souleymane Cissé et travaillera sur les œuvres à succès de ce dernier comme Baara, Den Mouso, Finyè, Yéelen, Waati. Entre-temps, il s’inscrit en “Master sciences et techniques du cinéma et audiovisuel”. Puis, il obtient un Certificat en écriture et langage cinématographique à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) de Paris en France.

Son activité professionnelle est toujours des plus intenses. Salif Traoré est réalisateur de films documentaires et de films de fiction, de clips et de magazines. Il est le délégué de production des films de Souleymane Cissé, et aussi directeur de production des films d’Abderahamane Sissako. Producteur et coproducteur de nombreux films maliens et burkinabé, Salif est aussi formateur à l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Kabala, au Conservatoire des arts et métiers multimédias Balla Fasseké Kouyaté (CAM-BFK) du Mali et à l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS) au Burkina Faso. Parallèlement, il est le président du conseil consultatif de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci).

Salif Traoré est sensible à la problématique de la formation des jeunes. Il rappelle à ce propos que les pionniers du cinéma malien ont bénéficié de bourses pour faire des études en cinématographie. Depuis un certain temps, l’état ne donne plus de bourse digne de ce nom. “Cela fait un certain temps que nous n’avons pas reçu au Mali d’étudiants rentrés au pays avec une formation purement axée sur le cinéma”, déplore-t-il.

C’est pourquoi la plupart des jeunes sont formés sur le tas. “Notre pays a vraiment besoin de formation aussi dans ce domaine. Car pour pouvoir réaliser une vraie production, un vrai film, il faut un vrai scénario”, explique-t-il.

Pour notre interlocuteur, il faut d’abord résoudre le problème de la formation. Le CAM-BFK apporte un début de solution dans le cadre de la section multimédia. Jusqu’à présent, cette structure de formation n’arrive pas à ouvrir une véritable unité d’étude et de recherche en cinéma.

Yéféké est à la fois un documentaire et une fiction Long-métarge, un genre assez compliqué, comme le reconnaissent la plupart des cinéastes.

Son film “Jamu Duman” évoque les noms de famille en Afrique de l’Ouest. Le patronyme est la symbolique d’un acte méritoire. Accompagné de louange, il est saupoudré de flatterie de hauts faits de l’ancêtre qui est à son origine.

Conjugué avec l’alliance à plaisanterie “Le Senankunya”, ce sont des pratiques vécues et connues des populations ouest-africaines. Ils témoignent de la volonté de création d’une identité collective et de peuplement pluriel au travers de cultures diverses. À portée de main, ils peuvent être facteurs d’intégration sous-régionale.

En 2007, Salif a proposé au public son premier Long-métrage de fiction. Intitulé “Faro, la Reine des eaux”, ce film évoque le conflit d’un homme en quête de son identité en butte à une société qui lui refuse toute reconnaissance. Après la projection du film lors de la séance inaugurale du 20è Fespaco, nous avons rencontré Salif Traoré.

Le cinéaste apparaît comme ce messager qui prône le dialogue des cultures. “Le film parle d’exclusion. Je veux que les gens s’acceptent, qu’on se donne la main et qu’on arrive à avancer parce que c’est le plus important. Pour moi, il ne s’agit pas d’exclure une communauté ou une personne à cause de sa situation sociale, ou de ses racines”, nous a-t-il confié.

Quatrième œuvre du réalisateur Salif Traoré, « Faro, la Reine des eaux » emporte le spectateur dans un univers où le problème d’une coexistence entre croyances ancestrales et modernité se pose avec acuité. L’intrigue du film est construite autour de Zanga, enfant adultérin, qui retourne dans son village plusieurs années après en avoir été chassé, pour découvrir qui est son père. Son arrivée coïncide avec les mouvements brusques de Faro, l’esprit du fleuve, qui dissuade pêcheurs et femmes de s’y aventurer pour se baigner ou pour y prélever du poisson.

C’est dans ce contexte que ces manifestations sont interprétées par les villageois, vénérant un fleuve qui procure leur pitance quotidienne, comme un signe de colère liée à l’arrivée du bâtard. Ce bâtard, devenu ingénieur après de multiples mésaventures, est toujours gênant pour ses géniteurs qui redoutent la colère de la société. Il est craint par le chef du village qui a peur que celui-ci soit vénéré par ses sujets, en leur construisant un barrage et en réalisant des aménagements pour développer la localité.

Et que dire de ces géniteurs de bâtards, après avoir fui leurs responsabilités de paternité, lient la colère de Faro, l’esprit du fleuve, à la présence de bâtards dans le village ? Comment comprendre que des dignitaires suscitent des bâtards pour ensuite les traquer ? Comment comprendre que le saoulard très hostile aux enfants adultérins ait, contre toute attente, un bâtard à lui aussi ?

« Faro, la Reine des eaux » est comme un recueil de mensonges savamment orchestrés par des personnes indignes, préférant, au nom d’une certaine tradition, sacrifier des rejetons adultérins pour protéger leur propre peau.

Youssouf DOUMBIA

Source : L’ESSOR

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