La sixième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’ouvre prochainement dans un « contexte marqué par l’insécurité et la présence grandissante des forces du mal », selon le président du Sénégal, Macky Sall, qui assume son rôle de coordinateur et de facilitateur des échanges entre pays de la région.
Comment, au Sahel, répondre à un contexte sécuritaire de plus en plus dégradé ? C’est à cette épineuse question que devront répondre les participants au sixième Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, qui se tiendra dans la capitale sénégalaise les 18 et 19 novembre prochains. Un événement qui réunit, depuis 2014, chefs d’Etats, ministres, militaires et chercheurs et auquel devraient participer, cette année, le premier ministre français, Edouard Philippe – accompagné de sa ministre des Armées, Florence Parly –, et le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, invité d’honneur de son homologue sénégalais, Macky Sall. Placé sous le sceau du multilatéralisme, le forum devrait accorder une large place aux questions de la sécurité collective au Sahel, du terrorisme, des conflits communautaires ou encore de la défense numérique.
Les faiblesses du G5 Sahel pointées du doigt par le Sénégal
Il y a un an presque jour pour jour, la précédente édition du Forum de Dakar s’était déjà tenue dans un contexte difficile pour l’Afrique de l’Ouest, marqué par la recrudescence d’attaques terroristes au Mali et au Burkina Faso – où de vastes territoires échappent, de fait, à l’autorité des Etats – et la résurgence des défis posés à cette région par la pression démographique, le changement climatique et la pauvreté. Autant d’enjeux qui pressaient pour que l’aspect sécuritaire du Forum soit accompagné d’un volet humanitaire, et qui avaient fait dire à Florence Parly, déjà présente l’année dernière, que « la sécurité et le développement sont les deux faces d’une même pièce, deux ensembles sur lesquels agir pour les coalitions d’une paix durable », comme le rapporte le site de RFI.
Si la cinquième édition du Forum avait également été l’occasion de célébrer l’inauguration de l’Ecole sénégalaise de cybersécurité – en partenariat avec la France –, ses participants s’étaient néanmoins accordés à constater la persistance des problématiques sécuritaires auxquelles font face les Etats de la région. Et de pointer ensemble la poussive opérationnalisation du « G5 Sahel », la structure régionale de sécurité regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Assumant pleinement son rôle de coordinateur et de facilitateur des échanges, le Sénégal, par la voix de son président Macky Sall, a répété plus tôt cette année qu’il convenait de « développer des solidarités, mais également des synergies en matière de renseignements et de coopération sécuritaire » entre les pays, dans un « contexte marqué par l’insécurité et la présence grandissante des forces du mal ».
Lutte contre le terrorisme : la Cédéao adopte un plan à un milliard de dollars
La lutte contre les forces djihadistes qui sévissent dans la région était également au menu des discussions du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui s’est tenu le 14 septembre dernier à Ouagadougou, au Burkina Faso. Les pays membres ont adopté un ambitieux plan de lutte contre le terrorisme, doté d’un milliard de dollars sur quatre ans, qui devra notamment « renforcer les capacités opérationnelles des armées nationales ainsi que des forces conjointes », telles que le G5 Sahel ou la Force multinationale mixte du bassin du lac Tchad. Alors que plus de 2 000 attaques ont été menées au cours des quatre années précédentes, causant plus de 11 000 morts, « aucun pays n’est à l’abri » du terrorisme, a jugé le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, estimant que « les menaces transcendent les frontières ».
Poussée par la France, l’idée de la force multinationale G5 Sahel est de faire monter en puissance les armées de la région afin d’épauler, puis de se substituer, aux forces françaises présentes dans la région, principalement au travers de l’opération « Barkhane », comprenant quelque 4 500 militaires. Ses résultats sont, pour l’heure et de l’avis de nombreux experts, jugés en-dessous des espoirs placés en elle. D’où l’importance des initiatives comme le Forum de Dakar pour coordonner, sous l’égide d’un pays tiers – le Sénégal –, les efforts des pays d’Afrique de l’Ouest pour lutter contre la menace terroriste et l’instabilité chronique qui en découle.
Source: Secret défense