En France depuis près de 20 ans, cet infirmier malien a déposé un recours auprès du ministère de l’Intérieur après ce refus.
“Nous voulons également accélérer la naturalisation des personnes de nationalité étrangère en première ligne lors du confinement (éboueurs, caissières, infirmières, médecins) qui ont entamé le parcours pour devenir français.” C’est ce qu’avait annoncé Marlène Schiappa, dans les colonnes du Parisien en septembre dernier. Mais comme le relatent France Inter (le 19 mars) et Europe 1 (en janvier dernier), un infirmier malien a pu se rendre compte que les paroles de la ministre déléguée à la Citoyenneté n’avaient pas vraiment été suivies d’actes.
Arrivé en France il y a près de 20 ans, ce père de famille (dont les trois derniers enfants ont la nationalité française) travaille dans un hôpital privé à plein temps, en CDI, et dans une maison de santé, à mi-temps, en région parisienne. Sa demande de naturalisation a néanmoins été refusée par les autorités. Le motif ? Il travaille trop. “Avec la crise, on fait beaucoup d’heures, on est vraiment sollicités dans tous les services, surtout aux urgences et puis en réanimation, je suis en première ligne”, souligne le principal intéressé sur France Inter.
Près de 60 heures de travail par semaine
Avec ses heures supplémentaires effectuées ces derniers mois en raison du Covid-19, cet infirmier a travaillé près de 60 heures par semaine par moment. Il dépasse ainsi le plafond légal, fixé à 48 heures de travail par semaine, ou 44 heures par semaine sur une période de 12 semaines consécutives. “Franchement, j’ai été un peu choqué”, avait-il expliqué sur Europe 1, concernant ce refus de naturalisation. “Pendant toute la période Covid, j’ai été en première ligne, parce qu’il y avait beaucoup de personnes en arrêt. À un moment donné, je suis tombé malade, donc c’était très dur.”
Un recours a néanmoins été déposé auprès du ministère de l’Intérieur. Selon la juriste qui accompagne l’infirmier dans ses démarches, il pourrait obtenir gain de cause. “Dans le cadre d’une ordonnance qui est parue au mois de mars 2020 pour faire face à la pandémie, la durée maximale du travail a été augmentée à 60 heures par semaine, et à ce titre, il était parfaitement dans le respect des dispositions en vigueur”, explique-t-elle. En janvier dernier, le ministère de l’Intérieur avait assuré à Europe 1 que son dossier était toujours étudié : deux mois plus tard, la procédure ne semble pas avoir avancé.
Capital.fr