Joël Mutabazi, l’ancien membre de la garde présidentielle remis illégalement au Rwanda par l’Ouganda, a avoué face aux enquêteurs avoir participé à un complot visant à assassiner le président rwandais Paul Kagame en 2010, en collaboration avec Patrick Karegeya, l’ancien chef des renseignements extérieurs, assassiné le 1er janvier en Afrique du Sud. C’est ce qu’affirme le porte-parole de l’armée rwandaise, le général Joseph Nzabamwita. Cette nouvelle accusation va s’ajouter au dossier de Joël Mutabazi qui, après avoir rejeté toutes les charges qui pesaient contre lui, a finalement plaidé coupable de la quasi-totalité des accusations, dont celles d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Le procès de Joël Mutabazi doit s’ouvrir mardi 28 janvier.
Selon des informations révélées par le magazine Jeune Afrique et confirmées à RFI par le porte-parole de l’armée rwandaise, Joël Mutabazi aurait avoué aux enquêteurs avoir volontairement laissé le président rwandais sans protection, en 2010, lors d’une excursion en bateau sur le lac Muhazi, qui borde une résidence du chef de l’Etat. Un complot qui, selon le porte-parole de l’armée, aurait impliqué Patrick Karegeya, l’ancien chef des renseignements extérieurs, alors en exil en Afrique du Sud.
Mais, selon une source proche du dossier, l’affaire remonterait plutôt à l’époque où Joël Mutabazi était en exil en Ouganda, soit après octobre 2011. L’ancien garde présidentiel aurait avoué avoir garanti à Patrick Karegeya être en mesure de tirer sur le bateau du président rwandais. Toujours selon cette source, Joël Mutabazi aurait ensuite assuré aux enquêteurs n’avoir jamais eu l’intention de commettre cet attentat, ni d’avoir eu la capacité de le faire, affirmant espérer uniquement soutirer de l’argent à l’ancien chef des renseignements extérieurs. Argent qu’il prétendrait ne jamais avoir reçu.
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Joël Mutabazi aurait également admis avoir simulé une attaque contre sa maison en Ouganda pour obtenir le statut de réfugié.
Des aveux« difficilements crédibles », selon le RNC
Le général Kayumba Nyamwasa, lui aussi réfugié en Afrique du Sud et membre du parti de Patrick Karegeya le Congrès national du Rwanda (RNC) affirme que le régime rwandais cherche à justifier à postériori le meurtre de Patrick Karegeya. « C’est totalement faux. Ce n’est que de la propagande destinée à justifier l’assassinat de Patrick Karegeya exécuté par des agents de Kagamé. Ils essaient juste de fabriquer de fausses accusations à propos de Patrick Karegeya. D’après ce que je sais, Joel Mutabazi et Karegeya ne se connaissaient pas en 2010 », affirme-t-il.
Pour le général Kayumba Nyamwasa, il n’y a pas de paradoxe à voir Paul Kagamé justifier le meurtre de Karegeya, alors qu’il a récemment déclaré n’y être pour rien. « Il change tout le temps ses déclarations. La première fois, lorsqu’il était devant le parlement en 2010, il a déclaré qu’il le tuerait. Puis après la mort de Patrick, au cours d’un déjeuner de prière, il a admis son implication. Et maintenant qu’il est sous pression, il commence à nier, juge-t-il. Mais, pour être parfaitement clair, je vous dirai que lorsque l’on enlève un homme en Ouganda, qu’on le jette en prison et que cet homme commence à justifier les raisons qui ont conduit au meurtre de Karegeya, c’est difficilement crédible. Sinon pourquoi ne l’aurait-il pas dit plus tôt. Et qui va croire les propos d’un homme qui a été enlevé ? »
rfi