Les dieux grec et romain du vin, Dyonisos et Bacchus à Oympie sont des dieux tout puissants. Ils ont envoyé aux hommes la dive bouteille pour qu’ils atteignent le septième ciel sans bouger de la Terre. Ainsi, chaque année les dionysiaques et les bacchanales sont deux orgies consacrées où les Grecs et les Romains s’adonnaient à une grande libation pour planer dans les vaps.
Les Maliens eux aussi, sont devenus des disciples de Bacchus. Ils boivent désormais comme un Polonais, comme du sable ou comme un trou. Du moins si l’on en croit les dernières statistiques de l’OMS selon lesquelles sur 194 pays classés dans le monde, le Mali occupe la troisième place mondiale des pays où le taux de consommation d’alcool est l’un des plus élevés avec 22 litres par buveur et par an. Il n’est devancé que par le Tchad et la Gambie. C’est une triste performance qui sera inscrite à jamais dans le livre Guinness des records mondiaux . C’est vrai que le Mali a toujours trainé à la queue du peloton des classements mondiaux. Que ce soit dans le classement Doing business ou l’indice de corruption de Transparency international. On ne s’est en jamais offusqué. Ironie du sort pour une fois qu’on figure dans le peloton de tête, c’est pour être la risée du monde. Les Maliens, à apprendre la triste nouvelle, sont sidérés d’être vus comme les plus grands buveurs du monde surtout dans un pays considéré comme musulman à 90%. L’ancien président zambien, Kenneth Kaunda pleurait à chaudes larmes en disant que ses concitoyens sont devenus des ivrognes et que son pays n’a plus d’avenir.
Là-dessus les leaders musulmans ont pris toute la mesure du problème. Par l’entremise de Mahmoud Dicko, ils l’ont dit clairement au président : » il ne fait l’ombre d’un doute que la moralité chute dangereusement au Mali. Le pays sombre dans une déchéance totale. La consommation d’alcool monte « . Pour avouer son impuissance à juguler le fléau, IBK s’est abrité derrière le mythe de la responsabilité collective. Tout le monde est responsable, pouvoirs publics aussi bien que pouvoirs spirituels et chacun à son niveau doit s’impliquer dans sa résolution. Fort juste parce qu’on dit que l’éducation commence en famille. IBK peut-il interdire l’alcool ou entrer dans chaque famille et dans chaque bar pour fouetter les buveurs ? Le résultat n’en serait que pire. Car dans ce domaine il est interdit d’interdire. Au temps de la prohibition aux Etats Unis le trafic de l’alcool était devenu très florissant pratiqué par des caids aussi puissants que Al Capone et Lucky Luciano. On se rappelle aussi l’histoire du jardin d’Eden où la femme s’est laissée tenter par le diable. Tout ce qui est interdit à l’homme l’attire.
Le problème de l’alcool s’est toujours posé au Mali. Acculé par les musulmans le général Moussa Traoré fermait les bars et les boites de nuit tout le mois de ramadan, cela n’empêchait pas les buveurs de se barricader entre quatre murs pour se livrer à leur vice favori. La police au courant de cette pratique illégale fermait les yeux en rackettant les clients. ATT rappela fermement aux islamistes qu’il n’ y a pas de contrainte en religion (selon un verset du Saint Coran) et que chacun doit faire son jihad sur soi-même.
Les Maliens ont quand même une maigre consolation, car comme on dit, toutes les statistiques sont menteuses. L’OMS n’est pas une sainte en matière de chiffres. Sur quels critères s’est-elle basée pour dresser son tableau des pays ivrognes dans le monde ? Mystère. En outre selon RFI, c’est la Pologne, la Russie et la France qui viennent au premier rang. Très plausible, tout le monde connait le Bordelais, le Champagne Moët et Chandon, très prisés dans l’hexagone et surtout à l’étranger. Bon élève de l’école des sophistes, Moussa Mara estime qu’il n’y a que 3% de Maliens qui boivent sur les 90% de musulmans du pays et que ce sont ces 3% qui ingurgitent 22 bouteilles de bière par buveur et par an. Les statistiques sont menteuses parce qu’à capacité d’absorption inégale, un seul buveur peut avaler deux à trois casiers sur place. On est ahuri parce que le Mali est même classé devant des tonneaux de Danaïde comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Nigéria. Que l’on sache alors raison garder car vérité au delà des Alpes, mensonge en déça.
MLD
Source: L’Indépendant