Selon les prévisions de Mali-Météo, les risques d’inondations sont élevés dans les localités de Kolokani, Didiéni, Nara, Nioro du sahel. Aussi, les services météorologiques alertent sur une propagation vers la région de Ségou, dans la zone de Niono, Ségou ville même. La ville de Bamako et ses environs ne sont pas exclus. Face ces risques, le Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes multiplie les réunions pour trouver des solutions et minimiser les dégâts.
L’Alerte des prévisionnistes
Le pique de la saison des pluies a démarré dans notre pays avec des fortes pluies par endroit dans certaines localités du pays. Ces pluies diluviennes ont concerné beaucoup de localités à la fois. Selon les informations de Mali-météo, au niveau du sol, la quantité infiltrée est très dense et la nappe phréatique est à un niveau supérieur. Ce qui confirme, selon les prévisionnistes, que les risques d’inondations sont très élevés.
Pour les précautions à prendre, il est recommandé de suivre les prévisions météo, surtout les alertes et éviter les endroits de ruissellements ou d’évacuation d’eaux dans les zones concernées.
Les prévisionnistes de Mali-Météo conseillent de prendre les mesures anticipatoires dans les zones précaires habitées par les populations et si possible de les évacuer.
A en croire toujours les prévisions météorologiques, une forte quantité de pluies est attendue avec plus de 100 mm dans plusieurs endroits. A ce stade, un cumul de plus en plus observé durant cette période réconfortera la situation.
Le mois d’août, qui est habituellement la période des précipitations en abondance, prévoit une particularité avec une forte pluie dans le Sahel.
En outre, l’on apprend que l’intensité pluviométrique sera observée dans beaucoup de localités à la fois. Cependant, il pleuvra à Bamako et cette situation sera observée sur la majeure partie du pays.
Ainsi, Mali-Météo rappelle que Mopti a enregistré ces derniers temps de fortes quantités de pluies et qui constitue aussi un potentiel risque par endroits dans la région, puis Gao, Ménaka, le sud de Tombouctou et Taoudéni. Signalons que beaucoup de localités dans ces régions ont déjà enregistré des cas d’inondations.
Les services météorologiques mettent l’accent sur les précautions à prendre si bien que nous rentrons dans une période où il faut s’attendre chaque deux ou trois jours à des pluies jusque vers la fin du mois de septembre. Et la situation peut varier par localité selon le cas.
En ce mois d’août, Mali-Météo prévoit des risques d’inondations très élevés dans la majeure partie du pays comparativement aux années précédentes.
Le gouvernement envisage
des mesures urgentes
Face à la situation, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAIGA, a présidé, le lundi 19 août, une réunion du comité interministériel de gestion des crises et catastrophes. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement impliqués dans la gestion des inondations. Il s’agit du ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye MAIGA ; du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de Brigade Daoud Aly Mohammedine, assurant le Secrétariat permanent ; du ministre des Transports et des Infrastructures, DEMBÉLÉ Madina SISSOKO ; du Ministre de la Santé et du Développement Social, le Colonel Assa Badiallo TOURÉ ; du ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni SANOU ; du ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou CAMARA ; du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, Mamadou SAMAKÉ ; du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Imrane Abdoulaye TOURÉ et du Ministre de l’Economie Numérique, de la Communication et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag ILYÈNE.
Étaient également présents, des membres du Cabinet du Premier ministre et des collaborateurs de certains ministres.
Comme à l’accoutumée, après le point de la situation fait par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, les membres du Gouvernement se sont exprimés, tour à tour, sur les différents aspects de la gestion de ces inondations.
À la suite des ministres, le Premier ministre a fait une synthèse des interventions et formulé des recommandations à l’attention du président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA. D’ores et déjà des mesures urgentes sont à envisager pour parer à la situation.
Le Premier ministre a estimé que les inondations prennent un relief particulier puisque, dès qu’il y a mort d’hommes, le Président est interpellé. «Premièrement, les Maliens ont besoin de savoir ce qui se passe. Il faut que nous décidions, cette année, de changer définitivement les choses bien avant l’hivernage. En deuxième lieu, chaque année, il y a des inondations dans les mêmes zones, à l’exemple de Bla et Ségou. Le Président estime que la problématique des inondations doit faire l’objet d’un examen minutieux et être suivie comme du lait sur le feu. La vie n’a pas de prix : il faut que les Maliens se sentent mieux».
Situation des dégâts
Le 16 août, le ministre de la Sécurité et de la protection civile a fait le point sur la situation des inondations et l’assistance aux sinistré. Le communiqué souligne ce qui suit : 59 cas d’inondations au total dont 26 nouveaux cas survenus sur la période du 7 au 15 août 2024 dans les régions de : Sikasso : 1 cas (Sanoubougou ville) : Ségou 6 cas (Bla, Baraouéli, Konobougou, Koulala, Sando, Sido) Koutiala : 4 cas (Koutiala ville, Songo, Doubakaré et Nampé) ; Bougouni : 1 cas à Kolondièba (Toussékela, Kolosso) Gao : 1 cas (Gao ville) ; San : 1 cas à Yangasso (Fani) ; Dioila : 2 cas (Kola et Foulala) ; Nioro : 2 cas à Loukalé (Koréla koré) et Diema (Soka et Délibera) ; Kita : 1 cas à Foumia (Bandjougoula) et le District de Bamako 7 cas (les 6 communes).
Aussi, il a été enregistré des cas d’effondrement (dont 1 à Bamako, 1 à Koutiala et 3 à Mopti) et un (1) cas de vent violent à Nioro.
Malheureusement, 7 cas de pertes en vies humaines sont à déplorer sur la période du 7 au 15 août (2 Ségou, 3 à Koutiala, 01 à Koulikoro et 1 à Kita), portant le nombre total de perte en vies humaines à quinze (15) cas.
Ces cas d’inondations ont engendré un bilan cumulé de 4150 ménages touchés soit un total de 32 068 personnes sinistrées. Quant au District de Bamako, il a enregistré au total 24 cas d’inondations.
Le gouvernement et les services compétents se sont mobilisés pour la poursuite des opérations de sauvetage et de mise en sécurité des personnes sinistrées ; la distribution de vivres et de non vivres à 535 ménages sinistrés Bla et Bakebougou (Commune de Buraouéli) soit 16 tonnes 250 kg de Riz, 6 tonnes 70 kg d’huile, 1 tonne 240 kg de sucre et 480 kg de lait, le curage, l’enlèvement et l’évacuation des déblais de certains collecteurs du District de Bamako, soit 18 145 mètres linéaires sur un total de 32 911 mètres linéaires prévus.
Aussi, des visites de terrain ont été effectuées pour constater des occupations anarchiques dans les six communes du District de Bamako ainsi que la poursuite de la diffusion des messages de sensibilisation sur les radios, les télévisions, la presse écrite, et via l’application digitale SOS Sécurité.
Lors de la réunion du comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Daoud Aly Mohammedine, a présenté la situation au plan national du 16 au 19 août 2024. Selon lui, les Régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Bandiagara, Douentza et le District de Bamako ont enregistré quarante-trois cas d’inondations ayant touché 1182 ménages, soit 7700 sinistrés. Pire, l’on déplore cinq morts et neuf blessés.
En termes d’effondrement de maisons, le ministre de la Sécurité a informé qu’il y a eu six-cent-dix-neuf cas à Gao, quarante-un à Kayes, deux à Koulikoro et un à Bamako. Quant aux pertes matérielles, elles concernent onze greniers contenant cinquante-quatre tonnes et cent-soixante-dix-neuf kilos de céréales touchés ; quatre-vingt-quinze grands et petits ruminants et cent-quatre-vingt-quinze volailles emportés ; cinquante-cinq latrines détruites et dix-huit puits endommagés.
A Bamako, un survol de drones à Missabougou a permis de constater l’obstruction du passage naturel de l’eau par des maisons, le sous-dimensionnement du collecteur passant sous le canal, le drainage de déchets par les eaux de pluie obstruant le collecteur et rendant difficile l’évacuation.
Face à cette situation, le ministre a informé qu’il y a des opérations de sauvetage, d’évacuation et de mise en sécurité des ménages sinistrés, la diffusion de messages de sensibilisation, l’évacuation temporaire des ménages les plus affectés vers des sites provisoires, la tenue régulière des réunions du Comité interministériel de Gestion des Crises et des Catastrophes chaque jeudi au Centre de Coordination et de Gestion des Crises et Catastrophes (CECOGEC) et de la Plateforme nationale de Réduction des Risques de Catastrophes chaque mardi à la Direction générale de la Protection civile.
Les mesures à respecter
Le ministère de la Sécurité et de la protection civile a invité les populations à la vigilance et à la mise en œuvre des actions salvatrices de réduction des risques d’inondations à travers le respect des consignes suivantes : Libérer les emprises et les voies d’écoulement des eaux ainsi que les zones à risque d’éboulement ; ne jamais s’engager sur une route ou ruelle inondée à pied comme en voiture ; ne jamais s’ approcher des berges des cours d’eau en crue, ou d’un canal d’évacuation d’eau comme les caniveaux ; ne pas s’arrêter sur un pont que ce soit à pied ou en véhicule et en cas de forte pluie, s’abriter dans un bâtiment ou un espace couvert et surtout pas sous un arbre pour éviter un risque de foudre.
Aussi, le Gouverneur du District de Bamako a présidé avant-hier lundi, dans la salle de réunion du Gouvernorat, la réunion du Comité Régional de Veille sur les Inondations du District de Bamako.
Cette réunion a essentiellement porté sur l’évaluation des dégâts enregistrés suite aux inondations, en particulier celles du samedi 17 août 2024 et les dispositions à prendre pour venir en aide aux victimes.
PAR MODIBO KONÉ
