La belle dynamique d’apaisement du climat politique enclenchée, en ce début d’année 2019, avec les bonnes dispositions affichées de Soumi champion, dans ses vœux de Nouvel An 2019, à ses militants et à la Nation malienne, semble n’avoir été qu’un feu de paille.
En cause : deux décrets du Premier ministre : le Décret N° 2019 -0015/PM-RM DU 14 JANVIER 2019 portant création du Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle et le Décret N° 2019-0016/PM-RM DU 14 JANVIER 2019 portant nomination au Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle de 12 membres. Deux griefs sont formulés par le Front pour la sauvegarde de démocratie (FSD) à l’encontre de ces décrets : le dialogue politique y est superbement ignoré et la compétence du Premier ministre à poser un tel acte. Pour le FSD : « le régime doit cesser la fuite en avant et agir en fonction des impératifs qu’exige la situation du pays ».
Même son de cloche chez les FARE AN KA WULI qui demandent d’avoir ‘’la clairvoyante conscience que les replâtrages et les faux-fuyants auront vite atteint leurs limites objectives, sans avoir rien apporté à la résolution du mal’’ et qui insistent : ‘’replaçons donc le Peuple au cœur de ce processus. Revenons aux citoyens du Mali’’.
Sur le principe, en apparence, tout le monde souffle dans la même trompette, puisque, selon le chef du Gouvernement, Soumeylou Boubeye MAIGA, les leçons à tirer des échecs des précédentes tentatives de réformes constitutionnelles, dont celle de 2018, est « d’entamer un processus inclusif ».
Mais, un Comité d’experts concocté sans alchimie, laissant sur la touche des juristes de l’Opposition, trahit déjà cet impératif d’inclusivité. La « cristallisation inutile » à éviter, selon SBM, fait alors surface et hypothèque dangereusement l’apaisement du climat politique. Le dialogue politique annoncé pour ce début février peut être légitimement perçu comme un leurre puisque la conférence sociale prévue pour la mi-janvier ne s’est pas tenue.
Dans cette confusion, il serait superflu de souligner qu’un passage en force du Projet de réforme constitutionnelle n’est pas envisageable. La forte mobilisation de la Plateforme ‘’An Te A Banna-Touche pas à ma Constitution’’, de l’ADEMA Association est là pour le rappeler aux plus téméraires. Dès lors, une réforme consensuelle est la seule voie du salut, d’autant plus qu’elle ne relève plus que de la seule volonté politique d’un Président de la République, mais d’une pression de la Communauté internationale qui accorde une grande importance au tempo.
À ce stade, la sagesse commande de redimensionner les égos et de les mettre au diapason du peuple. Il faut savoir tirer les leçons des échecs du passé, pas seulement en paroles comme c’est le cas en ce moment, mais par des actions. Les folles équipées solitaires sont vouées à l’échec. Quelqu’un disait que la ‘’politique est le cheminement entre les grands principes et les petits arrangements’’. Il doit avoir raison.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin