Face à la pression de l’inflation persistance, le Mali joue contre la montre. D’où la mobilisation des services compétentes de réguler les marchés des denrées alimentaires et produits essentiels aux ménages afin d’éviter toute forme de spéculation et veiller scrupuleusement à une stabilisation durable des prix de ces denrées de première nécessité. C’est dans ce cadre s’inscrit la tenue en cours des travaux de la session stratégique des membres du conseil national des prix. Cela, sous le pilotage du ministre de l’Industrie et d commerce, Mahmoud Ould Mohamed.
Cette réunion débutée le vendredi 3 décembre 2021 est essentiellement consacrée à l’examen et à la validation de la structure des prix de la farine et du pain afin de dégager un prix consensuel de ces deux produits objet d’un protocole d’accord entre le Gouvernement et les acteurs de cette filière. Il s’agit globalement de passer en revue, l’état d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité et l’évolution des prix à la consommation. Pour l’heure, rien n’a été convenu, ni perdu. Les discussions pour un accord consensuel des prix se poursuivent et devront en principe au plus tard déboucher avant ce jeudi à un compromis entre le gouvernement e ses partenaires commerciaux nationaux. L’enjeu est de taille. La « stabilité » du pays en dépend. Et pour cause, avant le 12 décembre prochain, date butoir à laquelle les opérateurs grossistes ont fixé comme délai de grâce pour ne plus être à mesure de respecter les prix fixés par l’Etat pour certains denrées comme la farine, le sucre et le riz importé, il est impératif à tout prix que les parties fassent des concessions pour éviter le chaos. En effet, la maitrise des prix des produits de première nécessité demeure la condition sine qua non pour soulager le panier de la ménagère et renforcer le pouvoir d’achat des populations face à une sociale de plus en plus forte. Ceci constitue d’ailleurs en fait un des éléments du mécanisme de renforcement du contrôle des prix et permet au gouvernement à travers le ministère de l’Industrie et du commerce de veiller à l’application stricte des prix fournisseurs. Ainsi, l’exercice de suivi de programme national de mise à niveau des circuits de distribution des produits de première nécessité est une exigence du gouvernement. Il s’agit à travers ce mécanisme de faire face à la contrebande, au gaspillage et au détournement des produits subventionnés. Il est bon de rappeler que l’impact combiné de la crise sécuritaire et de la pandémie de la covid-19 continue d’affecter négativement les activités économiques du pays même si une amélioration relative en termes de nouveaux cas positifs et d’assouplissement de mesure barrières est observée. Même si l’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires reste satisfaisant dans l’ensemble, il faut reconnaitre que des problèmes persistent comme l’inflation. D’où la mobilisation des services compétentes de réguler les marchés des denrées alimentaires et produits essentiels aux ménages afin d’éviter toute forme de spéculation et veiller scrupuleusement à une stabilisation durable des prix de ces denrées de première nécessité. Pour preuve, à l’ouverture de cette session, le ministre Mohamed a regretté que le marché international soit marqué par un renchérissement du prix et des frais d’approche à l’importation. A titre d’exemple, il fera comprendre que le cours du sucre blanc a enregistré une hausse de 25,11% par rapport à l’année dernière à la même période et celui de l’huile de palme s’établit à 1 270 dollars, son niveau le plus élevé depuis 2012. A Abidjan, les fûts de 200 litres se négocient à 160 000 FCFA l’unité. Au plan interne, il a reconnu que la campagne agricole enregistre des poches de déficit pluviométrique dans plusieurs localités du pays et les principaux bassins de production agricole connaissent une situation d’insécurité perturbant les travaux champêtres. A cet égard, le ministre de l’industrie et du commerce a déploré que malgré des mesures d’atténuation de la hausse du prix des produits de première nécessité, le pouvoir d’achat des ménages a continué de s’affaiblir en raison de la perte de revenus suite au ralentissement des activités économiques au plan national et international. Or, selon lui, en exonérant les droits et taxes au cordon douanier, ces mesures peuvent avoir trois (3) effets : diminuer effectivement le prix du produit si les droits et taxes exonérés dépassent le niveau de hausse enregistrée sur le prix du produit ; stabiliser le prix du produit au cas où les droits et taxes exonérés viennent à compenser le niveau de la hausse ; atténuer la hausse du prix du produit au cas où les droits et taxes exonérés n’arrivent pas à compenser l’augmentation de la hausse intervenue sur le prix du produit. A en croire le ministre, en exécution de ces mesures, les travaux doivent aboutir à fixer le prix indicatif plafond qui est le plus souvent un prix consensuel entre les opérateurs économiques bénéficiaires et les membres du Conseil National des Prix (CNP), un organe consultatif créé auprès du Ministre chargé du Commerce pour suivre l’évolution des prix des produits et services en vue de proposer toutes mesures visant à la maîtrise des prix. Alors, prions pour que le patriotisme rime avec la recherche du profit.
Jean Goïta
Source: La Lettre du Peuple