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Réunion du conseil de sécurité sur le Mali : sauver l’accord de paix

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mardi à l’unanimité une résolution créant un régime général de sanctions pour le Mali où les entraves au processus de paix et de réconciliation se multiplient.

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«Il s’agit d’une demande explicite du gouvernement malien» et «de donner un nouvel élan à l’accord de paix» de 2015 qui est «sérieusement menacé», a déclaré l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre. Le texte prévoit la possibilité d’interdictions de voyages et de gel d’avoirs. L’adoption de la résolution va être suivie de la création à l’ONU d’un comité de sanctions pour identifier les individus ou entités contrevenant à ses dispositions et d’un panel d’experts devant s’assurer du respect des sanctions. La désignation d’individus ou d’entités sera liée à des violations du cessez-le-feu, à des obstructions à la mise en œuvre de l’accord de paix, à des attaques contre les forces armées maliennes ou les Casques bleus, à des violations des Droits de l’homme ou à des obstacles à l’acheminement d’aide humanitaire. Lundi soir, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné dans un communiqué une attaque dans la journée contre un convoi de Casques bleus, qui a tué deux d’entre eux et blessé grièvement deux autres. Alors que des pays comme la Russie ou l’Ethiopie avaient fait part de réserves sur l’opportunité d’instaurer un régime de sanctions pour le Mali, la France, rédactrice du texte, a tenté de les rassurer en soulignant qu’à ce stade il n’était question que de créer un régime général de sanctions et que l’identification de contrevenants n’interviendrait qu’ultérieurement. La résolution se borne à rappeler les nombreuses violations du cessez-le-feu ayant accompagné la mise en place de l’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et des groupes armés réunis au sein d’une plateforme. Elle dénonce aussi les violences qui ont touché le pays ces derniers mois et l’importance que conservent des mouvements armés jihadistes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Al-Mourabitoun, Ansar Eddine, ou le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), déjà visés par des sanctions.

«Situation volatile»

Le Conseil de sécurité «est gravement préoccupé par la situation sécuritaire volatile, notamment par le développement d’activités criminelles et terroristes dans le centre et le sud du Mali comme par l’intensification des trafics de drogue et d’êtres humains dans le pays» , stipule la résolution. Pour certaines capitales européennes, le Mali est aujourd’hui «dans une période presque pré-insurrectionnelle» à moins d’un an d’une élection présidentielle. Au cours des derniers mois, la violence a redoublé au Mali avec des violations répétées de cessez-le-feu et des attaques contre des Casques bleus présents dans le pays pour accompagner l’accord de 2015. En dépit d’une présence militaire française et de celle de l’ONU, le pays reste un lieu de passage pour des trafics en tous genres et le théâtre d’actions de force de groupes terroristes armés. L’armée malienne n’a guère la capacité de les neutraliser et l’Etat malien dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta peine à combattre la corruption et à faire fonctionner institutions et administrations. Pour la France, qui souligne qu’un régime de sanctions a été demandé par le Mali lui-même dans une lettre en août, l’objectif de sa création est d’abord «dissuasif» et vise à éviter un déraillement complet du processus de reconstruction du pays. «L’impunité encourage une culture de corruption dans laquelle les trafics et les intérêts criminels peuvent prospérer et contribuer à l’instabilité et à l’insécurité», souligne ainsi la résolution.


Le Président Keita :
«Le processus est sur la bonne voie»

Le président Keita, qui fête son quatrième anniversaire à la tête de l’Etat malien, a estimé lors d’un entretien accordé à la télévision nationale que son pays était, malgré des «atermoiements», en passe de renouer avec la paix. «Le train de la paix avance avec assurance…», a affirmé lundi le président Ibrahim Boubacar Kéita lors d’un entretien diffusé par l’ORTM. «Le processus de paix est sur la bonne voie malgré des atermoiements», a-t-il ajouté à l’occasion du
4e anniversaire de son investiture comme président de la République. Interrogé sur d’éventuelles discussions avec les terroristes Iyad Ag Ghali (nord) et Amadou Kouffa (centre), comme recommandé par la Conférence d’entente nationale tenue à Bamako du 27 mars au 2 avril 2017, le chef de l’Etat a fait remarquer que ces deux Maliens «se sont eux-mêmes exclus du dialogue en choisissant la voie du terrorisme et les actions criminelles de toutes sortes dont ils répondront un jour». «Pour le Mali en paix, il faut discuter avec tout ceux qui respectent les trois éléments indissociables comme l’intégrité de notre territoire, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité», a-t-il précisé.
À propos de la paix et la réconciliation, la sécurisation des personnes et de leurs biens, la stabilité du pays, le président Kéita a jugé que quatre ans après son investiture, «les motifs de satisfaction ne manquent pas». «Aujourd’hui, il n’y a pas de guerre ou de confrontations entre les forces armées maliennes et les groupes armés. Il y a une insécurité qui a malheureusement migré au centre du pays… C’est une insuffisance de la gouvernance à laquelle nous tentons de remédier en évitant les radicalisations». À propos de sa récente décision de surseoir au projet de révision constitutionnelle qui a essuyé de vives contestations, Ibrahim Boubacar Kéita affirmé que «le projet n’est pas abandonné». «Il faut se donner le temps de réunir le consensus le plus large possible autour de la révision constitutionnelle…Dans tous les cas nous ne pourrons pas en faire l’économie», a-t-il soutenu.

 

Source: elmoudjahid

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