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Retour des services sociaux de base au nord: L’Etat et ses partenaires face à l’extrême urgence !

Après la signature de l’Accord de paix, l’heure est aujourd’hui à la stratégie conjointe de réponse aux besoins humanitaires urgents et au renforcement du lien entre les activités humanitaires et de développement sur le terrain. La situation d’urgence interpelle tant les autorités nationales que la communauté internationale qui doivent rester mobilisées en cette étape importante de mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation nationale. Le retour immédiat des services sociaux de base dans les localités affectées par la crise est un impératif et doit être un préalable à la mise en œuvre de cet accord.

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Selon le Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, M. Toby Lanzer, qui a animé une conférence  de presse le vendredi dernier au terme d’une mission de cinq jours à Bamako et dans les régions du nord, à ce jour, seul 33% des fonds ont pu être mobilisés pour répondre aux besoins identifiés. Alors que l’appel de fonds lancé cette année par les acteurs humanitaires au Mali, le deuxième le plus élevé des neuf pays de la région du Sahel, s’élève à 377 millions de dollars.

« Ce faible taux de financement nuit à la mise en œuvre du plan de réponse humanitaire en 2015 » déplore le Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel. M. Lanzer qui était accompagné de la coordinatrice humanitaire au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, a souligné l’importance du maintien de l’engagement de la communauté internationale pour répondre aux besoins vitaux des communautés vulnérables tout en assurant le succès des efforts engagés vers la paix et le développement.

«La communauté internationale doit rester engagée pour que les organisations humanitaires aient les ressources nécessaires pour sauver des vies et pour améliorer l’autonomie des communautés les plus vulnérables», soulignera-t-il avant de conclure  que les besoins humanitaires ne feront qu’augmenter au Mali s’il n’y a pas un plein engagement envers la paix et la stabilité.

Rappelons que le constat qui se dégage aujourd’hui est alarmant. L’urgence concerne la situation alimentaire, la pénurie d’eau, l’hygiène et la santé, l’école sans occulter les questions de développement. Aussi, les communautés pastorales dans le nord et le centre du pays sont dans une situation particulièrement précaire.

Le défi Eau Hygiène et Assainissement dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal

Ce sont plusieurs localités dans les trois régions du nord qui font face à une pénurie d’eau. L’insuffisance d’eau constitue un réel problème de survie pour plusieurs communautés. Dans les régions de Gao et Tombouctou environ 54 600 personnes (7660 ménages) sont touchées par cette pénurie de même que de nombreux troupeaux. Ce qui a notamment entrainé des pertes d’animaux chez les éleveurs. Le faible taux d’accès à l’eau potable, le nombre élevé de points d’eau en panne et l’assèchement de plusieurs mares ont entrainé le regroupement des populations nomades autour des quelques points d’eau existants. Cette pression accrue sur les points d’eau (forages, puits et mini-adduction d’eau potable) a réduit leur capacité, les rendant insuffisants pour répondre aux besoins des populations et de leur bétail.

L’insécurité alimentaire préoccupante

Les études de terrain font état qu’en cette période de soudure, ce sont 3,1 millions de Maliens qui sont touchés par l’insécurité alimentaire, dont 410 000 en besoin d’aide immédiate. Les communautés pastorales ne sont guère épargnées. À l’échelle du pays, plus de 715 000 enfants sont menacés par la malnutrition aigüe. Dans la région de Tombouctou, « la situation est particulièrement préoccupante où le taux de malnutrition dépasse le seuil d’urgence ». Les résultats préliminaires de l’enquête SMART (mai 2015) indiquent au niveau national un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 12,4 % et un taux de malnutrition aiguë sévère (MAS) de 2,8%. La situation est particulièrement préoccupante dans la région de Tombouctou où la MAG atteint 17,5% et la MAS 3,5%, ce qui dépasse les seuils d’urgence de l’OMS. Toutes les régions du pays se trouvent dans une situation sérieuse avec les taux de MAG entre 10 et 15 pour cent (Situation précaire selon l’OMS). Suite aux résultats alarmants de l’enquête, il est notamment recommandé au niveau national d’accentuer les efforts en prévention et d’améliorer l’accès aux soins curatifs et préventifs.

Quant à la situation des réfugiés, celle-ci est marquée par la poursuite du retour des personnes déplacées internes (PDI) dans leurs localités d’origine dans les différentes régions du nord et du centre notamment à Mopti et Tombouctou. La situation de ces réfugiés mérite une accentuation des efforts du PAM et ses partenaires dans leurs sites d’accueil. L’Etat à travers le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et ses partenaires pour sa part, dans le cadre du Plan National de Réponse du Gouvernement dans ce secteur, prévoient distribuer en août 40 400 tonnes à 700 000 bénéficiaires à travers des distributions générales d’aliments.

Le retour de l’Ecole, un  défi crucial interpellateur

Depuis 2012, les enfants sont déscolarisés dans plusieurs localités sous occupation, portant à 450 le nombre total d’écoles fermées dans les régions affectées par le conflit. Cette situation touche plus de 20 500 enfants. Même certaines localités ayant connu l’ouverture de l’école font face à la hausse du taux d’absentéisme aux examens de fin d’année. Dans la région de Kidal, il n’y a pas eu d’école depuis mai 2012.

Le taux d’absentéisme pour les examens du Diplôme d’études fondamentales dans le cercle de Douentza (région de Mopti) est passé de 8 pour cent en 2013 à 19 pour cent en 2015. Dans la région de Tombouctou, on note toutefois une amélioration avec un taux d’absentéisme de 13 pour cent en 2013 comparativement à 10 pour cent en 2015. Les enfants non scolarisés sont potentiellement exposés à des risques d’abus, d’exploitation et de recrutement par des groupes armés et terroristes.

Pour faire face à tous ces défis, le Ministère en charge de l’Education a besoin d’un soutien de taille. Le département doit faire face à un plan d’urgence qui nécessiterait aussi d’enveloppe supplémentaire, les besoins de ressources humaines, la dotation des matériels didactiques, entre autres.

Daniel KOURIBA

Source: Tjikan

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