En termes de souveraineté, l’Etat malien est en principe plus puissant que les institutions financières internationales, notamment celles de Breton Wood comme le FMI. Mais sur le plan de la stratégie économique des grandes puissances, les pays en voie de développement ne sont pas libérés du joug des de ces institutions financières. Lesquelles sont les monopoles des grandes multinationales.
On peut donc affirmer, sans risque de se tromper que l’acharnement du Fond monétaire international (FMI) sur notre pays, pour des cas de surfacturations et de l’achat du nouvel avion présidentiel, n’est autre chose que la recolonisation du Mali à travers les institutions financières (comme le FMI et la Banque Mondiale). Ainsi, aucun Etat en développement, en l’occurrence africain, ne peut faire face, tout seul, à ces organisations internationales qui dominent les finances mondiales. C’est pourquoi, le pouvoir malien ne peut que se réjouir aujourd’hui du retour des Partenaires techniques et financiers (PTF), tout en sachant que cela remet notre souveraineté sous conditions et à dures épreuves.
En réalité, aucun Etat, s’il est sérieux, ne doit se glorifier des actions des PTF. Car, ils n’ont dans la pratique jamais permis le développement économique (croissance) comme ils le prétendent mais plutôt la récession économique. C’est pourquoi, ils ont en effet légitimé l’aide au développement comme le principal facteur du développement tandis que les pays qui se sont développés ne l’ont pu que grâce à leur génie créateur et leurs propres ressources humaines et potentialités économiques. On peut donc en déduire que le retour à l’aide au développement n’est qu’un plan provisoire pour notre pays.
Cependant, il est malheureux de constater que le peuple malien allait davantage souffrir si cette aide ne revenait pas sitôt. Car, les ressources financières de l’Etat ne suffisent pas pour son développement. Elles ne peuvent même pas assurer le payement des salaires et de la dette intérieure. Pis, nous savons également que sans elles, point d’investissements dans les grands travaux.
C’est vrai, les dirigeants actuels ont certes fait des erreurs mais nul ne doit défendre l’attitude néocolonialiste de ces institutions vis-à-vis de notre pays. Le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita a certainement raison sur ce plan quand il met en garde quiconque s’appuyant sur ces institutions financières pour critiquer sa gestion des affaires.
Le peuple malien ne doit donc pas applaudir le retour des PTF. Car, leur stratégie est de nous endetter lourdement pour qu’en retour, ils puissent nous diriger à notre place. Mais, le gouvernement actuel sera longuement tributaire de leurs aides. Ce qui va se traduire par le fait de subir leurs diktats. Sans compter qu’ils vont désormais fouiner le nez partout ! Le monde entier n’a-t-il pas découvert tous nos petits secrets militaires, à travers la publication des rapports du Vérificateur général et de la Cour suprême sur l’achat de l’avion présidentiel et l’affaire de surfacturation des contrats des équipements et matériels militaires ?
Alfousseini Togo
Source: Canard de la Venise