Les dirigeants maliens doivent prendre des dispositions urgentes suivantes avant la relance en Janvier 2015. Pour cela, ils doivent impérativement concrétiser certains aspects :
- a) Evaluer la feuille de route : Le Mali s’est réjoui de la feuille de route sous un complexe d’infériorité. Il s’agit de revenir sur cette feuille route pour évaluer son efficacité.
- b) Faire un plan d’action ajusté : l’on se rappelle le plan d’action n’était pas bien analysé avant son adoption. Un plan d’action se fait de façon professionnelle en tenant compte des hypothèses d’échec et de succès. L’analyse du contexte doit constituer le socle de ce plan d’action partagé.
- c) Evaluer la stratégie de négociation par des experts internationaux et locaux neutres. Il n’y avait pas un document de stratégie de négociation à part la feuille de route et une démarche ouverte sans orientations claires. La démarche doit être évaluée pour faire ressortir les points forts et les points faibles.
- d) Evaluer la pertinence du choix des délégués du gouvernement à la négociation : Quels sont les vrais critères de choix des délégués ? Il ne suffit pas d’être du Nord du Mali et avoir la capacité de négociation et de gestion des conflits. Il ne suffit pas d’être patriote pour être un bon négociateur. Il ne suffit même pas d’être un ancien rebelle repenti pour maitriser la complexe situation géopolitique du pays. Il ne s’agit pas non plus d’être un expert de la décentralisation pour faire une gestion non violente des conflits. Un bon Premier ministre peut être un très mauvais ministre et un très mauvais chef de village.
- e) Fixer des critères du choix des délégués du gouvernement en se basant sur des principes sociotechniques. Etre diplomate et connaitre la vie des populations surtout rurales et nomades ? Etre crédibles et universitaires seulement ? La représentativité des différentes régions et peuples du Mali doit être prise en compte.
- f) Elaborer une stratégie de coopération internationale basée sur le contexte actuel du Mali. Le conflit du Mali doit être analysé sous un angle systémique et non sous l’angle causal. Il ne suffit pas de dire qu’il y a eu de la mauvaise gouvernance mais le système national et international qui influent sur cette gouvernance. Tenir compte des relations PTF (Partenaires techniques et financiers) dans leur évolution depuis la chute du mur de Berlin. Le Mali n’est plus non aligné. Quelle est la place de la diplomatie parlementaire dans un parlement malien qui cherche sa voie ?
- g) Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de concertation profonde du peuple malien dans une démarche participative. Pour le moment le peuple n’a fait que subir des résultats de médiation, c’est le peuple qui est souverain et c’est à lui de faire des propositions.
- h) Mettre en place une commission spéciale de suivi des pourparlers avec un budget conséquent. Cette commission ou sous-commission doit animer la diplomatie parlementaire.
- i) Analyser la place de l’accord de coopération militaire et son apport sur la négociation. Il ne s’agit pas de signer un accord mais de l’utiliser avec discernement et à temps. Peut-être le préaccord doit être signé avec la France ? Peut-être il faut des sous accords par secteur avant d’aboutir à un accord global ? On peut signer un accord sur le développement, après un autre sur la laïcité, sur le découpage administratif, sur la décentralisation, etc. Les réponses à ces questions ne peuvent venir que dans une démarche et réflexion très poussées ; sport défavorisé des africains. On préfère discuter d’un match de football ou voir un feuilleton brésilien que de réfléchir et comprendre comment vit son voisin touareg. Les maliens vivent beaucoup plus des stéréotypes que du cogito. Peuvent-ils, dans ce contexte mériter la Nation Mali ?
En définitive, il s’agit de mettre à plat le processus de négociations et de se fixer un cap ou des caps. N’ayons pas honte de nos échecs. L’humilité précède la victoire, le succès. L’orgueil précède l’échec.
Plus pressé que la musique, on danse mal. Alors 2018 est encore loin et celui qui a planté un arbre, avant de mourir, n’a pas vécu inutile. Mesdames, messieurs les négociateurs, d’autres peuvent se reposer sous l’ombre des arbres que vous avez planté. Alors prenez donc les dispositions pour mieux planter l’arbre et non penser à l’ombre du Borassus aetiopum (Rônier) jusqu’en 2023.
Vivement l’adoption d’une approche systémique !
SDF
Source: Canard de la Venise